Napoléon et De Gaullle, Deux héros français
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Pourquoi les grands hommes occupent-ils dans notre histoire française une place sans équivalent ailleurs ? Parce que depuis toujours la France, nation hétérogène, divisée, turbulente comme aucune autre, cherche un homme qui fera son unité. C’était, bon an mal an, la fonction des rois de l’Ancien Régime.
La France ne peut se passer d’un Etat fort, de grands hommes, de sauveurs, de héros, d’hommes providentiels. Ils figurent son introuvable unité et lui permettent de continuer à survivre en ces moments, pas si rares, où elle frôle l’abîme.
Depuis Vercingétorix, les grandes figures françaises n'ont pas manqué. Mais, pour la postérité, l’Empereur et l’Homme du 18 juin font la course en tête devant Louis XIV. Ils n'ont pas rivaux.
Pourquoi sont-ils toujours plébiscité ? Parce qu'à travers eux, c'est de la France qu'il s'agit. La France vit dans leur personne.
Napoléon et de Gaulle ont, en effet, ceci de particulier qu'ils ont incarné la France de leur vivant et qu'ils l'incarnent toujours aux yeux du monde entier.
Certes, ils ont été les protagonistes d’une histoire bien différente et leur incarnation de la grandeur de la France est aussi différente, mais elle est bien réelle pour chacun des deux.
Qu'ont en commun les deux favoris des Français ? Quels traits les opposent ?
Patrice Gueniffey répond en croisant cinq thèmes qu’ils ont en partage :
Retours croisés : analogies des retours, même si le contexte n’est pas le même à 150 ans d’écart. - Retours sur le sol français sous les acclamations des Français : Bonaparte après la Campagne d’Egypte en octobre 1799 et de Gaulle après la Seconde Guerre Mondiale en août 1944. - - Retours réussis en politique, ce qui est unique dans l’histoire de France : en 1815 l’Empereur reprend le pouvoir -pour 100 Jours seulement- après avoir abdiqué en 1814. Et le général de Gaulle revient à l’Elysée en 1958 après sa démission en 1946.
Place des grands hommes : - Oui, les grands hommes « font l’histoire » de leur pays. Quoiqu'en pensent les partisans du récit national collectif pour qui c’est peuple qui « fait l’histoire ». - Oui, un grand homme porte en lui une part de démesure. Donc, forcément, il porte en lui du bien comme du mal. - Oui, un grand homme est celui qui veut, qui peut, qui sait, s’imposer à la patrie. Sans oublier les heurts, les polémiques, les haines.
Les meilleurs d’entre nous ? - Bien sûr, d’autres qu’eux méritent admiration, respect, reconnaissance de la patrie ( Jeanne d’Arc, Pasteur, Jaurès, Marie Curie, par exemple). Pourquoi ne sont-ils pas souvent cités au panthéon des Français ? Avec humour, Patrice Gueniffey répond : « Louis XIV, Napoléon et de Gaulle, héros préférés des Français ? Peut-être parce que ce sont les noms qui restent quand on a tout oublié. »
- Napoléon et de Gaulle sont encore les personnages les plus controversés de notre histoire. Admirables mais pas aimables, ils n’incitent pas la sympathie. De Gaulle est encore plus détesté que l’Empereur. Son caractère hautain manquait de cordialité.
4. La plume et l'épée :
- Pétris de culture classique, ils connaissaient le pouvoir des livres. Conscients de leur rôle historique, ils ont écrit ou dicté leurs Mémoires. Témoignages pour leur postérité, leur légende. Tous deux furent des généraux de l’armée française. Mais leurs carrières militaires ne sauraient être comparées. 5. Le cimetière des héros :
Ni Napoléon, ni de Gaulle n’ont été inhumés au Panthéon, cimetière des héros français. C’est mieux eu égard à leur destin d’exception : « Les grands hommes ne cohabitent pas volontiers ».
L’Empereur repose aux Invalides, édifice dédié aux gloires militaires, dans un tombeau monumental. De Gaulle, à Colombey, sous une dalle de marbre blanc surmontée d’une croix.
Points forts
- Le style fluide, vivant, piquant, propre à un historien emmené par sa plume, ses connaissances et ses raisonnements.
Les thèmes choisis qui évitent une biographie classique et chronologique de chacun des deux héros.
la présentation des historiens précédents et de leurs travaux
L’évocation des grands hommes que l’histoire a oubliés
Le regard analytique et synthétique sur l’histoire de France
La vision, malheureusement vraie, de la fin de l’idée de la grandeur de la France
Les notes précises et intéressantes
La bibliographie
Quelques réserves
Un détail : pas d’index
Encore un mot...
- Une étude de la grandeur.
- Un ouvrage qui ausculte avec brio le contexte politique et moral de deux époques si différentes et, pourtant, pas si lointaines à l’échelle du temps historique.
Une phrase
Ou plutôt deux:
- « Mais l’héritage n’est pas seulement matériel et, dans le domaine de l’immatériel, Napoléon sera toujours le vainqueur. Sur ce plan - et c’est la raison pour laquelle il ne cesse et ne cessera de fasciner-il a laissé dans le monde moins une oeuvre qu’une idée : la foi dans l’énergie créatrice, l’idée que, pour reprendre une formule de Tocqueville, « dans ses vastes limites, l’homme est libre ».
- « La grandeur, par bien des côtés, se confond avec une éthique exigeante de l’honneur. Besoin vital pour la France, cette mosaïque de morceaux désunis, elle ne l’est pas moins pour les individus ».
L'auteur
Patrice Gueniffey, directeur d'études à l'EHESS, est l'un de nos meilleurs historiens de la Révolution et de L'Empire. Il est l'auteur, entre autres ouvrages, des Histoires de la Révolution et de l'Empire et de Bonaparte : 1769-1802.
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