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Thème
Louis XI est un roi hors normes dont le règne assez court dure 22 ans.
En 1461, il hérite de son père, Charles VII, d’un royaume profondément marqué par la guerre de Cent Ans. Même si la paix est signée et que les Anglais sont boutés hors de France, un immense état bourguignon qui s’étend de Bruges aux portes de Lyon représente une forte menace pour la France. A la mort de Louis XI en 1483, les grands seigneurs sont réduits à l’obéissance, le dangereux duché de Bourgogne n’existe plus. Le domaine royal a absorbé la Bourgogne, l’Artois, la Picardie, la Franche-Comté, ainsi que le Maine, l’Anjou et la Provence.
Pourtant, en dépit de ce remarquable bilan, ce chef d’Etat de grande envergure est mal aimé. On l’a présenté longtemps comme un roi cruel, inculte, sournois et dissimulateur. Michelet l’évoque sous les traits d’un génie démoniaque. Blanchard s’élève contre ces stéréotypes. D’après lui, Louis XI n’est pas pire que les souverains de son époque, et sait se montrer clément. Il est un fin lettré qui s’intéresse à l’histoire de son temps. Surtout, il se révèle un roi profondément nouveau, préférant la négociation à la force, la diplomatie à la guerre, sachant utiliser les circonstances pour garder l’initiative, intervenant dans tous les domaines et cultivant le gout du secret aussi bien dans les affaires de l’Etat que dans sa vie privée.
Points forts
1. Cet ouvrage est thématique et non chronologique. Une approche originale qui évite de présenter le déroulé complet d’une vie et d’un règne, comme l’Américain Paul Murray Kendall l’a fait avec brio en 1974. Dans cet essai, l’auteur offre une analyse du roi Louis XI à travers de nombreux aspects de l’exercice du pouvoir. Dans les chapitres intitulés : « Un roi et son privé », « Princes et principautés », « Autour du roi : conseillers, transfuges, assemblées », "Louis XI soldat ", « la diplomatie de Louis XI », « Louis XI et l’argent », « Louis XI, le verbe et l’écrit », "Louis XI et la justice", « Louis XI, l’Eglise et Dieu », l’analyse permet d’approcher au plus près la personnalité du souverain, son habileté, son sens tactique et son goût pour le pouvoir qu’il n’a pu exercer qu’à l’âge de trente-huit ans, à la mort de son père détesté.
2. Une étude précise et approfondie de l’action du souverain que l’auteur veut montrer sous un nouveau jour en s’appuyant sur un ensemble de textes peu exploités, comme les procès politiques (on mesure à ce titre l’importance de la justice politique durant le règne) et les sources littéraires.
3. Un travail qui recoupe celui de Lydwine Scordia, auteur du "Louis XI : Mythes et réalités" (cf la chronique très élogieuse de Culture-Tops sur cet ouvrage) et qui s’en différencie. Alors que l’historienne s’attache à présenter l’historiographie du personnage, ainsi que son portrait à travers de multiples sources, Blanchard se concentre davantage sur la façon dont Louis XI exerce son métier de roi. Une façon personnelle, parfois déroutante et toujours pointilleuse.
Quelques réserves
L’approche thématique nécessite au préalable une bonne connaissance du sujet : le règne de Louis XI dans le détail, le contexte politique du moment, les personnages politiques évoqués, la composition du domaine royal etc…. Il s’agit d’un travail universitaire précis et approfondi qui n’est pas toujours à la portée du lecteur même si celui-ci s’intéresse à cette période de l’Histoire de France. Il manque des cartes et l’arbre généalogique des Valois qui auraient pu éclairer le propos.
Encore un mot...
Le portrait d’un souverain mal connu qui pâtit d’une image négative solidement ancrée .Une injustice que Joël Blanchard cherche à réparer. Louis XI est un roi qui entend être obéi, qui transforme le royaume comme aucun de ses prédécesseurs ne l’a fait. Doté de remarquables qualités de diplomate, il agrandit la France qui se rapproche en 1483 de ses frontières actuelles.
L'auteur
Joël Blanchard, né en 1946, est professeur à l’université du Maine, au Mans. Il est l’un des spécialistes les plus reconnus en littérature et en histoire de la fin du Moyen Age (XVe siècle). Il entretient un long compagnonnage avec Philippe de Commynes dont il publie une édition critique de ses Mémoires, en 2007, très annotée, une autre dans la langue de l’époque ( Livre de poche « Lettres gothiques » 2001) et une traduction en français contemporain ( Pocket 2004). En 2006, il se fait biographe de l’homme (Philippe de Commynes, Fayard). Ce qui lui donne une connaissance remarquable des sources pour aborder Louis XI dont Commynes fut le chroniqueur, le conseiller et le diplomate.
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