Longtemps, je me suis couché tard
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Thème
À 90 ans, le comédien Henri Garcin prend la plume et relie entre eux quelques souvenirs, des réflexions, des analyses et des textes anciens.
Points forts
- 1 Le fait est assez rare pour être souligné, la couverture de ce livre est particulièrement réussie : un bon portrait d’Henri Garcin, photographié par Nicolas Treatt et mis en page par un graphiste de Supernova Agency. Du coup, ce petit livre est un bel objet. Le titre aussi est bien choisi, pertinent. En détournant « Longtemps, je me suis couché de bonne heure », l’incipit de « Du côté de chez Swann » qui devient sous sa plume « Longtemps, je me suis couché tard », Henri Garcin rappelle d’emblée une particularité des gens de théâtre : leurs horaires décalés. Effectivement, pendant trente ans, ses « trente glorieuses » comme il dit, il a passé sur scène toutes ses soirées.
- 2 Doté d’une jolie plume, très personnelle, Henri Garcin vagabonde sur la page blanche et évoque sans jamais se départir de son célèbre flegme quelques souvenirs d’enfance ou professionnels, des rencontres, se laisse aller à des confidences, des réflexions, des petites histoires... Le ton est amusé, parfois désabusé, notamment lorsqu’il évoque le pouvoir de la télévision et la célébrité qu’elle apporte ou l’importance du montage dans le travail des acteurs de cinéma. Il écrit comme certains peintres, par petites touches, au gré de ses inspirations, sans plan ni objectif apparents.
- 3 Il aime les citations ; son texte en est truffé. Elles sont excellentes, comme celle qu’il prête à Paul Léautaud : « La mort ? Pourvu que j’arrive jusque-là ! »
- 4 Sans jamais s’appesantir - ce n’est pas son genre - il sait tresser en quelques phrases de beaux hommages, notamment à Georges Moustaki, Barbara, François Truffaut, Blaise Cendrars, Romain Gary… des rencontres qui ont compté pour lui. Là sa plume se fait tendre.
Quelques réserves
-1. Dès les premières lignes, le lecteur est prévenu : « Mes Mémoires auraient demandé un très gros ouvrage. Quelques échos de ma vie d’acteur me parurent plus légers », écrit-il en guise d’introduction. Que ceux parmi les lecteurs qui s’intéressent aux comédiens, à leur carrière, à leur travail, aux auteurs qu’ils ont interprétés et aux partenaires avec qui ils ont joué, aillent lire ailleurs ! Certes, seul l’auteur décide du genre de l’ouvrage qu’il écrit et on ne peut lui en faire le reproche, mais comment ne pas rester sur sa faim ici ? Avoir fait une si belle carrière au théâtre, au cinéma et à la télévision et en garder si peu de souvenirs intéressants est assez rageant pour le lecteur...
- 2. Henri Garcin semble friand d’anecdotes, mais ces petites histoires parfois vaines ne méritent pas toutes d’être racontées. On pense notamment aux mérites comparés de Garbo et de Dietrich à la page 129…
- 3. Après la page « Entracte » (139), la seconde partie manque d’intérêt.
Encore un mot...
Un petit livre très personnel, bien écrit, au ton amusé et ironique, mais léger, léger, anecdotique même. La belle carrière de comédien d’Henri Garcin méritait sans doute des souvenirs plus consistants.
Une phrase
« En fait, je ne me suis jamais donné le cinéma pour but. Le théâtre, si. Et toujours j’ai gardé au coin de mon cœur ce mot cher à Louis Jouvet : Au cinéma on a joué. Au théâtre, on joue. »
L'auteur
D’origine néerlandaise, Henri Garcin est né à Anvers et a vécu en Belgique jusqu’en 1950, date de son arrivée à Paris. Formé au cours Simon, il débute au cabaret avant de devenir un des grands noms du théâtre. Il est l’interprète de dramaturges très différents : G.B. Shaw, Feydeau, Pirandello, Strindberg, Albee, Ayckbourn, Oscar Wilde, Obaldia, Guitry, Poiret, Saunders ou Jean-Claude Carrière. Il est aussi à ses heures auteur et metteur en scène.
Au cinéma, il joue dans une soixantaine de films dont « La Vie de château » de Jean-Paul Rappeneau, « Fleur d’oseille » de Georges Lautner, « Verdict » d’André Cayatte et « La Femme d’à côté » de François Truffaut. Très présent à la télévision, il participe notamment à la série « Maguy » avec Rosy Varte de 1985 à 1993.
Commentaires
Je reste pensif voire admiratif de cet acteur bien à sa place, surtout après avoir vu et revu le chef-d’œuvre de François Truffaut , la Femme d’a coté ou Garcin campe le rôle d’un mari malheureux, à cause de la dérive de sa femme qui n’a jamais oublié son premier amour, mais, stoïque et digne, il essaie de tenir avec courage et élégance sa demeure qui va à son péril. Majestueux !!!
Henri Garcin est un comédien culte.
romain novarina
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