L’île intérieure
Parution le 7 mai 2024
175 pages
18 euros
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Thème
Un couple s’enfuit vers Capri. Sur cette terre insulaire, ils ressemblent à des pantins suspendus au fil d’une histoire déjà écrite, mais ils semblent attendus.
En fait, c’est l’auteure, qui se fait narratrice, et son compagnon qui vont chercher au fond d’eux-mêmes leur “île intérieure”. Le passé ressurgit. Le voyage se fait poème et le lecteur est entraîné entre rêve et réalité.
L’île intérieure, suivie de sa version de Capri – ballade des esprits( Ballad of the Spirits), fut l’objet pour Marie Modiano de son nouvel album avec Peter von Poehl, auteur-compositeur-interprète suédois, né en 1972 d’une mère suédoise et d’un père allemand. Dix chants en ont été non seulement les décors mais un poème au sein duquel l’atmosphère devient merveilleuse mais impalpable comme si le peintre -qui en était l’auteure- allait enfin se révéler. Le présent, le futur, les lendemains se situaient magiquement dans leur passé que Marie et l’homme qu'elle aimait ne retrouvaient plus en disant : “ Où es-tu dans cette immensité ?” (Chant IX, page 96)
Points forts
Le talent est là chez l’auteure comme si elle sortait d’elle sans la moindre réserve mais avec un bonheur d’être que nous sentons page après page.
S’agit-il d’un roman ou d’un long poème ? Les deux sans aucun doute, et d’ailleurs les chapitres s’intitulent “chants”...
Une certitude de l’homme, de ce qu’il représente comme de ce qui lui manque, est « mieux valait demeurer devant le doute et continuer à marcher. » (L’île intérieure, Chant 1, page 15)
Et puis, autre détail, le titre est si joli… au moins autant que l’image de couverture bien choisie.
Quelques réserves
Naturellement, il faut accepter de pénétrer, à la suite de ce couple, dans un monde onirique. On peut aimer ou être rebuté…
Encore un mot...
On accole souvent les deux mots “grâce musicale” pour décrire son œuvre, c’est bien mérité.
Une phrase
« Je n’aime pas la personne que je suis quand j’écris, mais c’est comme si une force inconnue me poussait à continuer. Tu me regardais et dans tes yeux, je lisais une certaine désolation. Tu me plaignais de m’infliger cela inutilement. Je marchais dans les rues grises, la plupart du temps avec les enfants, et des phrases défilaient dans mon esprit, des mots placés les uns après les autres que je m’efforçais de répéter plusieurs fois, afin d’être capable de les noter plus tard. » Page 104, Chant X
« Nos îles intérieures nous condamnent à la solitude, nous sommes nombreux à vouloir nous en échapper. Mais l’eau trace des limites qu’on ne peut franchir, même avec la meilleure volonté du monde. Nous flottons sur l’existence sans parvenir à ne former qu’un. L’air nous sépare, comme la mer, de temps en temps des tempêtes éclatent. Le phare guide les bateaux, malgré cela le danger nous tétanise. » Page 169, chant XVI
« Pourtant, on est, comme on naît…Accepter d’être une île lointaine et y voir des avantages, comme celui d’être tranquille, protégée de tout et de tous. Libre d’aller et venir à sa guise. De se perdre. » Page 170
L'auteur
Marie Modiano, fille de Patrick Modiano, née en 1978, est à la fois auteure, compositrice-interprète et poète. En musique, elle a publié plusieurs albums. En livres, la poésie est venue la première avec, en 2012, Espérance mathématique, pour la collection L'arbalète de Gallimard, suivie par 28 paradis, 28 enfers composés la même année par Patrick Modiano et Dominique Zehrfuss. Six ans après, en 2018, elle publie Pauvre chanson et autres poèmes (Pauvre chanson est aussi le titre d’un de ses disques), toujours pour la collection L’arbalète. Le premier de ses romans (2013) est Upsilon Scorpii, le deuxième en 2017 Lointain, Blanche et, en 2022, Mur de nuages.
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