Les Arabes, leur destin et le nôtre. Histoire d’une libération
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Thème
Pour Jean-Pierre Filiu, qui revient sur les principaux événements de l’histoire du Moyen-Orient, dans une séquence de deux siècles s’ouvrant avec la campagne d’Egypte de Bonaparte, notre destin est lié à celui des peuples arabes. Alors que la Grande-Bretagne a choisi la distance de la gestion indirecte, la France, forte de ses valeurs universelles, s’est investie dans la colonisation de l’Algérie, ses protectorats sur la Tunisie et le Maroc, comme dans ses mandats sur la Syrie et le Liban.
Le lien entre notre histoire et celle des Arabes est tel que, sans verser dans la repentance, nous devrions comprendre l’aspiration des peuples arabes à la liberté. Étouffée par l’Empire Ottoman, retardée par les puissances coloniales, celle-ci est encore bâillonnée par des régimes dictatoriaux. L’émancipation individuelle et collective de la Nahda, « la Renaissance », tracée au 19ème siècle par les pionniers des « Lumières arabes », a animé le « printemps arabe", aujourd’hui asphyxié par « l’automne islamiste », qui fait le jeu de despotes préfèrant affronter des jihadistes plutôt que des mouvements citoyens. Les régimes dictatoriaux, qui rejettent les demandes de reconnaissance de leurs droits fondamentaux, formulées par les arabes dans le cadre de frontières coloniales artificielles, mais établies depuis de décennies, alimentent les « califes de la terreur ». Ces chefs de guerre, se jouant des frontières, recrutent des milliers de supplétifs, notamment européens, pour imposer leurs projets totalitaires à des populations rétives, contraintes à l’exil.
Pour conclure sur une note d’espoir, Jean-Pierre Filiu remarque que « les dictatures arabes peinent à trouver un second souffle, et leurs parrains étrangers s’épuisent à les financer à pure perte ».
Points forts
Un style agréable et un plan clair facilitent la lecture de cet essai, très documenté, qui met en perspective la problématique de « la menace islamiste ».
Quelques réserves
Si ce n’est dans les toutes dernières pages, une lecture attentive s’impose pour dépasser l’approche historique afin de s’inscrire dans la démarche politique de l’auteur.
Encore un mot...
Un remarquable éclairage historique des convulsions du monde arabe. J'avoue que, personnellement, la lecture de cet ouvrage m'a amené à en rabattre sur ma prétention à être relativement au fait des problématiques de ce monde.
Une phrase
Page 242 : « En 2015, il faut toute la barbarie de Daech pour espérer faire taire les aspirations arabes à la libération, alors même que l’expérience tunisienne prouve qu’il n’y avait aucune fatalité à cet hallucinant déferlement de violence »
L'auteur
Historien et arabisant, Jean-Pierre Filiu enseigne l’histoire du Moyen Orient contemporain à Sciences Po Paris. Professeur des Universités, auteur de nombreux ouvrages et articles, l’universitaire est homme de terrain : missions humanitaires au Liban et en Afghanistan, dans les années quatre-vingt, conseiller des Affaires Étrangères, en Jordanie, en Syrie et en Tunisie…
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