Les « anonymes » de la Résistance en France, 1940-1942. Motivations et engagements de la première heure
Infos & réservation
Thème
Une salutaire remise en cause de la doxa (issue du film Le Chagrin et la Pitié et du livre de Robert Paxton La France de Vichy) prétendant depuis bientôt cinquante ans que la France et les Français se seraient vautrés dans la défaite et la collaboration. En recensant les engagements de la première heure, Limore Yagil démontre que l’esprit de résistance était largement partagé dès 1940.
Points forts
Un livre qui sait mettre en évidence la diversité des formes que pouvaient prendre la résistance, la diversité des milieux où elles pouvaient se développer comme la diversité des motivations qui pouvaient y conduire.
La résistance ne s’est pas seulement incarnée à Londres dès le 18 juin 1940 ou dans les milieux communistes après le 22 juin 1941. Nombreux sont les Français à avoir pris des risques, transgressé la légalité, pratiqué la désobéissance civile sans avoir été pour autant membre d’un réseau ou proche idéologiquement d’un parti.
Limore Yagil décrit la résistance au quotidien, la résistance « spontanée » (aider un aviateur allié tombé du ciel, un prisonnier évadé, héberger des Juifs), la naissance des premiers réseaux, et ce, quelle que soit la place ou la fonction occupée par les personnes concernées, y compris dans le cas où elles étaient des fonctionnaires travaillant pour le gouvernement de Vichy (militaires, gendarmes, policiers, agents administratifs).
Quelques réserves
Le livre a les défauts de ses qualités … Qui trop embrasse, parfois, mal étreint, et les portraits de certains de ces « anonymes » auraient mérité de plus longs développements.
Encore un mot...
Une somme vivifiante, un travail de bénédictin, qui, loin d’être un livre de plus sur « la » Résistance, en élargit l’horizon.
Une phrase
« L’histoire des préfets reste à écrire. (…) Il ne s’agit pas de classer l’ensemble des préfets comme des résistants, mais de prendre en compte leur importante contribution au sauvetage des Juifs d’une part, et au développement des réseaux et organisations de la Résistance dans leur région, d’autre part. Dans leur grande majorité, les préfets savaient garder tant vis-à-vis des autorités vichyssoises que des autorités allemandes, une attitude de dignité et de fermeté patriotique, qui s’imposait. On leur a souvent fait le grief d’être restés à leurs postes, oubliant volontiers que le général de Gaulle lui-même leur a donné de Londres la consigne formelle de continuer à assumer leur tâche, par crainte que leur départ ne favorise leur remplacement par des collaborateurs sans scrupules ».
L'auteur
Limore Yagil, historienne franco-israélienne spécialiste de la France sous l’Occupation a déjà,publié une dizaine d’ouvrages, dont le remarquable Chrétiens et Juifs sous Vichy (Cerf, 2005), la biographie de Jean Bichelonne (SPM, 2015) et Désobéir, des policiers et des gendarmes sous l’Occupation (Nouveau Monde, 2018)
Ajouter un commentaire