Le sel et les étoiles
lettre de l’Amiral Philippe de Gaulle
Editions Favre- 256 p. - 25 €
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Thème
2020 est une année faste pour la Marine nationale. C’est ma troisième chronique d’amiral prenant le quart de l’écriture à propos d’un livre qui n’a pas peur de porter l’uniforme. Sur la couverture, en grande tenue, la « grande bleue » de l’ordre national du Mérite en écharpe, avec un titre bien amariné comme dans les lignes du récit.
L’amiral Coldefy est une figure connue dans la Marine, il y a fait la plupart de ses métiers. Mais il n’y a pas qu’elle dans sa vie même si elle lui a beaucoup donné. Ce livre est un témoignage de ce que la France, république continentale et royaume maritime, peut obtenir de ses marins quand elle sait s’en servir.
Points forts
Fils d’un médecin militaire, l’auteur a eu une éducation prédestinée pendant ses années au Prytanée militaire de La Flèche. Commander à la mer en opérations et beaucoup fréquenter la terre ferme et ses hommes de terrain. Toutes ces expériences, de ses premières affectations d’enseigne de vaisseau aux campagnes en Adriatique lors de la « guerre » du Kosovo, en passant par les coursives des cabinets ministériels, ont marqué ce soldat de la Marine. Il s’est ensuite reconverti, successivement, en conseiller défense d’un grand groupe, en président de l’académie de marine puis de la société des membres de la Légion d’Honneur. Il raconte ce parcours riche en leçons et en anecdotes avec la lucidité du recul, avec la pédagogie du chef qui explique et aime vendre le grand large, avec de la hauteur de vue doublée du plaisir qu’il a eu à servir sur l’immensité des mers, dans la diversité des latitudes. Érik Orsenna, dans sa préface, ne s’y est pas trompé, il faut plusieurs mers et autant de vies océaniques pour faire un vrai marin.
Quelques réserves
L’amiral s’épanche peu, dans les chapitres de son itinéraire, sur cette philosophie de la mer, cette poésie qui tente de raconter l’immensité, la hauteur des vagues à l’âme, la houle mortelle et nourricière. Le pari d’évoquer tour à tour les cordes opérationnelles, associatives, académiques de son métier et son plaidoyer vibrant pour une France maritime vont finalement bien avec le personnage. J’aurais aimé, à titre personnel, en savoir un peu plus sur la chair des hommes et la crête des vagues de son expérience en opérations.
Encore un mot...
La mémoire emprunte de nombreux chemins. Celle-ci est droite, sobre, solide, et mène, comme les autres, souvent à la mer. De la mer à la Marine, à son académie, à la Légion d’honneur et à tant d’autres choses, rien ne vaut un livre pour vous indiquer la route.
Une phrase
"Nous n’étions pas en guerre : nous avions des objectifs, nuance !
C’est toujours la marine des aventuriers de la marine à voile.
Oui mais toi tu fais un métier qui te plaît !
Ces heures d’anxiété pour l’équipage, pour la mission, ne se racontent pas, elles se vivent seul et ne se partagent qu’avec ceux qui ont vécu la même chose.
La ministre savait faire et la vie a repris son cours : diviser pour régner…c’est l’inverse de s’unir pour gagner".
L'auteur
L’amiral Alain Coldefy, grand officier de la Légion d’Honneur, après un parcours complet dans la Marine et l’univers interarmées et ministériel, est aujourd’hui président de la SMLH (Société des Membres de la Légion d’Honneur). A ce titre, il resserre les liens entre tous les légionnaires, en France et à l’étranger.
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