Le règne du langage

Une grande claque au politiquement correct et au prêt-à-penser
De
Tom Wolfe
Editions Robert Laffont
Notre recommandation
4/5

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Thème

Pour ses débuts d’essayiste, Tom Wolfe s’offre à la fois le scalp de Darwin, le grand prêtre de l’évolution, et celui de Noam Chomsky, le très révéré pape de la linguistique contemporaine. Dans Le règne du langage, il met à mal la thèse de l’évolution, présentant Darwin comme un plagiaire hypocondriaque, et dépeint Chomsky comme un ayatollah arrogant et bien incapable d’identifier l’origine du langage. Or le langage, son outil de travail principal, est, pour Tom Wolfe, ce qui sépare définitivement l’homme des animaux.

Points forts

- C’est solidement argumenté.  Notre auteur s’est lancé dans une analyse approfondie de la question qu’il traite, ainsi qu’en témoignent aussi bien la multitude de références universitaires et littéraires qu’il cite que la connaissance qu’il montre de sujets variés comme les cosmogonies de plusieurs tribus indiennes qui ne sont pas sans offrir des ressemblances troublantes avec la théorie de l’évolution présentée par Darwin.

- C’est vivant. Tom Wolfe restitue, avec son talent de romancier, des fragments d’histoire qu’il met drôlement en scène : Wallace, petit explorateur entomologiste, qui formule le premier la théorie de l’évolution dont la paternité lui est volée par Darwin, excellent gentleman anglais ; Everett, l’anthropologue qui risque sa vie en Amazonie et en rapporte la preuve de l’inanité des thèses de Chomsky, confortablement installé dans son bureau climatisé du MIT…

- C’est drôle. Il est vrai que les deux têtes de turc du livre, Darwin et Chomsky, célébrités glorieuses et encensées, comme le politiquement correct qu’ils ont contribué à faire naître, sont une cible de choix pour l’humour, parfois un peu canaille, de Tom Wolfe qui fait mouche à tous coups.

- C’est engagé. En décrivant la lutte des petits qui travaillent dur (Wallace, Everett) contre les grands qui profitent du système (Darwin, Chomsky), Tom Wolfe témoigne d’un souci de justice et d’un sens de la critique sociale que l’on retrouve abondamment dans son œuvre romanesque.

Quelques réserves

Après avoir démoli la théorie de l’évolution, entériné l’incapacité des chercheurs à déterminer l’origine du langage, Tom Wolfe ne propose aucune idéologie de remplacement, ni sur les origines de l’homme, ni sur celles du langage ; le lecteur reste donc sur sa faim, nanti de la seule conclusion que c’est le langage qui sépare l’être humain de la bête.

Le lien entre la critique de Darwin et celle de Chomsky est ténu.

Encore un mot...

Une grande claque au politiquement correct et au prêt-à-penser !

Une phrase

« Dire que les animaux ont évolué jusqu’à devenir des êtres humains revient à soutenir que le marbre de Carrare a évolué jusqu’à être le David de Michel Ange. La parole : c’est ce à quoi l’homme rend hommage à chaque instant où il imagine. »

L'auteur

L’un des fondateurs du “nouveau journalisme“ dans les années 1960, Tom Wolfe, généralement vêtu d’un costume blanc,  est un romancier mondialement célèbre, auteur notamment du Bucher des Vanités. Qu’il se soit lancé à 87 ans dans cette entreprise… Chapeau l’artiste !

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