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Thème
Michel Onfray fait une lecture thématique du Don Quichotte de Cervantès sous un angle plus philosophique que littéraire, avec une idée fixe : Don Quichotte, en croyant à la chevalerie, est victime d’une incapacité à voir le réel, et souffre de « dénégation ». Effectivement les exemples ne manquent pas : les moulins pris pour des ennemis, son épouse Dulcinée qu’il n’a jamais vue, la grotte de Montesinos où le monde merveilleux de la chevalerie se perpétue, Maître Pierre et son théâtre de marionnettes qu’il prend pour des Maures à exterminer,… On ne peut que constater avec notre auteur que le principe de non-contradiction y est bafoué.
Michel Onfray en déduit qu’un nombre certain d’hommes souffrent du même mal : les chrétiens, Benoît XVI (dans ses principes de la théologie catholique), les communistes, les anarchistes, les fascistes, les sociaux-démocrates, Freud et Lacan : tous dans le même sac !
Il en conclut même que « Notre civilisation disparaît, elle coule comme le Titanic, car elle a fait son temps ».
Il y a du Don Quichotte chez Michel Onfray qui pourtant voudrait ressembler à Sancho Pança, le réaliste épicurien.
On pourrait craindre qu’il soit philosophiquement aveuglé et dans l’incapacité de lire Don Quichotte comme un chef d’œuvre littéraire. Mais non, il avoue page 151 : « Don Quichotte triomphe en roman existentiel,…, sous forme d’une comédie grinçante et drolatique. Don Quichotte a imaginé la vie qu’il a vécue… à mi-chemin du rire et des pleurs… ». Alors pourquoi ne pas avoir tenté de démonter les ressorts de cette géniale comédie ?
Points forts
On ne parlera jamais assez de Don Quichotte même si c’est avec une idée fixe.
Quelques réserves
Michel Onfray ne perce pas les mystères de Don Quichotte : le succès mondial de ce roman complètement fou datant de 400 ans, traitant de l’amitié, de l’amour, du rapport entre réalité et vérité, de la capacité de l’homme à se « dépasser », à se rêver et tout cela dans un style plus qu’original et avec un humour et une distance qui n’ont pas pris une ride.
On ne voit pas en quoi notre auteur apporterait avec son livre la première pierre d’une contre-histoire de la littérature.
Ajoutons que son style est clair et pédagogique mais que ce livre souffre d’une écriture un peu bâclée.
Encore un mot...
Conseillons donc de relire Cervantès, en priorité, et de réserver la lecture du livre d’Onfray à ses inconditionnels. Ils sont nombreux...
L'auteur
Né en 1959 d’un père ouvrier agricole et d’une mère femme de ménage, Michel Onfray est « pris en charge » de 10 ans à 14 ans dans un orphelinat catholique.
À 28 ans, il frôle la mort lors d'un infarctus. Quelques années plus tard, il contracte un AVC qui l'empêche momentanément d'écrire et provoque un nouvel accident cardiaque.
En 2013, sa compagne Marie-Claude Ruel décède des suites d'un cancer.
Michel Onfray a enseigné la philosophie au lycée technique privé catholique Sainte-Ursule, à Caen, de 1983 à 2002. Critiquant l’enseignement de la philosophie qu’il juge limité à la transmission d'une histoire officielle et conforme à l'ordre social, il démissionne en 2002 de l’enseignement catholique. Il crée alors l’université populaire de Caen qu'il veut libertaire et gratuite. Il en écrit le manifeste en 2004 : La Communauté philosophique.
Faisant le choix délibéré de la province, il l'implante dans sa région d'origine, où il organise chaque année le séminaire de philosophie hédoniste, qui constitue le corps de son projet de contre-histoire de la philosophie.
Ses cours d'histoire de la philosophie sont diffusés chaque été sur France Culture.
Michel Onfray propose un enseignement renouvelé passant par la lecture des auteurs plutôt que par ce qu’on en a dit. Il se revendique d'une lignée d'intellectuels proches du courant libertaire parmi lesquels les philosophes cyniques.
Il se réclame de l'héritage intellectuel de Nietzsche, La Mettrie et Aristippe de Cyrène, qui ont en commun d'inviter à une ascèse hédoniste (un plaisir est mauvais s'il est suivi d'un déplaisir plus important, ou d'un trouble).
Michel Onfray emprunte à la pensée nietzschéenne sa vision de l'Occident, de la morale, et sa critique violente du christianisme; il se réclame également du courant libertaire post-anarchiste.
Après s’être attaqué à une contre-histoire de la philosophie, avec dernièrement une violente attaque de Freud et de la psychanalyse, il démarre maintenant une contre-histoire de la littérature.
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