Le psychodrame français
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Thème
Le Psychodrame Français, carnets de notes politiques d’un auteur « passionné [du] jeu et [du] spectacle de la politique », est une chronique du règne des deux derniers monarques républicains, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Fin connaisseur de la scène politique française et de ses acteurs, l’auteur nous offre de revivre 10 ans de vie politique française et d’aller à la rencontre de ceux qui la font.
Alternant restitution personnelle du quotidien des deux derniers mandats présidentiels et mise en perspective de l’actualité, Le Psychodrame Français invite le citoyen-lecteur à revisiter son histoire récente, et à entamer une réflexion sur ce qui fait la singularité du rapport des Français a la Politique, au Pouvoir, et à la figure de l’autorité suprême qu’incarne le Président de la République.
Points forts
Le Psychodrame Français est tout d’abord une rencontre inédite avec le personnel politique français. Au-delà des personnages publics, voici les hommes et les femmes, trop peu nombreuses, qui sont « nos » politiques. Qui sont-ils ? Quels sont leurs ressorts profonds ? Qu’est-ce qui les pousse dans cette course au pouvoir ? Quel est leur rapport intime au succès et à la réussite ? Ou à la défaite et à l’échec ? Que nous disent-ils sur nous et notre rapport à la chose publique ?
Ainsi la question posée dès la Préface, et restée sans réponse, de ce qui a pu mener un homme aussi intelligent que François Hollande à être le principal fossoyeur de son quinquennat, donnant à distance raison à Châteaubriant pour qui « l’ambition dont on n’a pas les talents est un crime. »
Lire Le Psychodrame Français c’est réaliser à quel point la mémoire est traître et la gloire souvent éphémère. Dix ans ce n’est rien. Et pourtant, qui se souvient de l’ouverture et des ministres de gauche de Nicolas Sarkozy ? Quelle place occupe aujourd’hui dans les mémoires l’expérience ministérielle à l'Immigration, l'Intégration, l'Identité nationale ou au Développement solidaire, à l'Industrie, l'Énergie et l'Économie numérique d’un Eric Besson, « traître » socialiste rallié au Sarkozysme. Quelle trace pour celle de Frédéric Mitterrand à la Culture ou de Bernard Kouchner aux Affaires Etrangères ?
Enfin, cet ouvrage est l’occasion d’aborder sous un jour nouveau les oppositions (les contradictions ?) fondatrices et nourricières de la politique française : démocratie et monarchie, laïcité et tradition chrétienne, égalitarisme forcené et méritocratie, régicide et homme providentiel, pays des Lumières et tentation du renoncement, foi républicaine et goût du sacré, jacobinisme et régionalisme...
Quelques réserves
Chronique quasi quotidienne des deux derniers mandats présidentiels, Le Psychodrame Français peut parfois donner le sentiment de s’étirer un peu, même s’il restitue parfaitement la temporalité politique. Ainsi, certaines thématiques et analyses se retrouvent à différents moments de l’ouvrage (place de la figure de l’homme providentiel, égalité et méritocratie…). Il y gagne dans sa capacité à refléter fidèlement la circularité des sujets politiques, en y perdant sans doute en concision et en impact.
Encore un mot...
- Un premier, pour nous inviter à découvrir sous un jour nouveau ces hommes politiques qu’une facilité paresseuse nous pousse à dénigrer à plaisir. L’entretien de l’auteur avec Nicolas Sarkozy révèle ainsi un homme fin, cultivé, bien loin de l’Hyper-Président souvent caricaturé. On y découvre un « amoureux de littérature » épris de la liberté de lire « pour partager des joies ou pour guérir des peines, pas pour dire aux autres ce qu’[il] a lu », qui tient en horreur « ceux qui veulent imposer aux autres ce qu’il est de bon ton de lire et ce qui ne l’est pas ». Ce manifeste pour une liberté du lire fait immanquablement écho aux Droits du Lecteur défendus par Daniel Pennac dans Comme un roman, éd. Gallimard, 1992.
- Un deuxième pour nous inviter à plonger dans l’arène du débat public. Avec conviction et humilité vis-à-vis d’une ‘matière’ échappant souvent au rationnel au profit des passions et de l’émotion. L’évolution du regard porté sur la candidature d’Emmanuel Macron illustre parfaitement la relativité du pronostic politique. En juillet 2016, il est acté que « l’électron libre s’est comme volatilisé dans la tourmente. Plus visible sur aucun radar, c’est comme il n’avait jamais existé ». Cinq moins et une vingtaine de pages plus tard, il est présenté comme « le mieux parti de ces enfants de l’impuissance présidentielle » …
Une phrase
« Cet ascenseur social n’a fonctionné que parce qu’on a placé au plus haut la culture générale qui est non seulement une clé mais une valeur sans laquelle l’histoire de France reste incompréhensible. […] Aujourd’hui où est chacun est égaré, perdu, étranger à lui-même et aux autres, c’est la culture générale qui fait gravement défaut. »
L'auteur
Comment présenter un Immortel ? Exercice d’autant plus périlleux lorsqu’un autre Immortel, Amin Maalouf, s’y est récemment adonné avec brio dans Un fauteuil sur la Seine, éd. Grasset, 2016. Ouvrage brillamment chroniqué pour Culture-Tops par Serge Bressan. Que dire qui ne l’ai déjà été sur cet homme de lettres issu d’une famille baignée de peinture ? Sur cet auteur d’une bibliographie dense et variée entamée en 1974 avec La fuite en Pologne, éd. Grasset. Sur ce serviteur des lettres au Magazine Littéraire au Figaro ou au Quotidien de Paris. Sur ce citoyen engagé dans de nombreux combats politiques et juridiques. Sur cet Officier de Légion d’Honneur qui, Quai Conti, prononça le discours sur la Vertu et n’hésita pas à répondre avec vigueur au discours de réception de Valéry Giscard d’Estaing...
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