Le paradis du consommateur est devenu l’enfer du travailleur
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Thème
La pandémie a placé chaque consommateur dans une tenaille schizophrénique entre, d’une part, sa volonté de consommer toujours plus et plus vite et, d’autre part, le risque majeur de perdre son emploi à cause de l’automatisation ou de l’externalisation de sa fonction.
C’est ainsi que, entre bien d’autres maux, la crise de la Covid 19 a montré l’ addiction de notre société et «notre appétit insatiable, notre soif inextinguible..» pour une consommation effrénée, en temps réel, accessible 24 h sur 24 , 7 jours sur 7.
Mais avec le confinement à répétition nous avons redécouvert la notion de manque, la lenteur, la patience, la frugalité, le silence et le calme dans les villes. Fort de ce constat l’ auteur analyse cette « révolution » de notre modèle économique comme celle d’un passage d’une « économie de masse » à une économie dictée par la demande.
Dans cette nouvelle ère , le consommateur devenu roi impose aux entreprises de se réorganiser, de devenir plus agiles et ce très largement au détriment « des travailleurs ». Sous nos yeux nait et prospère une société de surabondance, ( déjà conceptualisée par François- Xavier Oliveau in la crise de l’abondance, L’ Observatoire 2021) caractérisée par le gaspillage des ressources, la hausse des inégalités et une course folle vers le « toujours plus » .
Points forts
Le dogme productiviste - extraire, produire, consommer, jeter- fait courir des risques inédits pour la planète. L’auteur examine dans ce brillant nouvel essai les voies et moyens susceptibles de modifier ces comportements impulsifs jusqu’à espérer modifier la logique du système capitaliste pour le rendre plus inclusif et plus équitable.
Quelle place pour l’Etat dans ce nouveau défi ? Quel système de protection sociale à repenser ?
Denis Pennel propose des actions concrètes pour remettre l’économie et la finance au service de la société, respecter la planète et placer l’humain au cœur du modèle.
Quelques réserves
Les développements sur la fin de la « culture de masse » et les risques du communautarisme et d’éclatement de la vie politique ( qui y sont liés ) auraient mérité sans doute d’être mis en perspective de l' après crise. Ce qui laisse espérer une parution complémentaire et attendue !
Encore un mot...
Les réponses de Denis Pennel s’inscrivent sur l’ axe de la refonte de notre contrat social : Recréer du lien, renouer le dialogue social, combattre la marchandisation du travail pour parvenir ((enfin !) à un capitalisme plus humain . Les propositions et la vision de Denis Pennel sonnent justes : Il n’y a plus de temps à perdre !
Une phrase
« .. l’apparition de nouveaux risques (diversification des formes de travail, carrières hachées, vieillissement de la population, familles monoparentales,etc.) et l’allongement de leur durée au cours de la vie obligent à repenser notre contrat social. La logique du modèle hérité de 1945 était de faire peser sur le travail l’essentiel de la protection sociale en raison du ratio : nombre d’ actifs/ inactifs ( 4 actifs contre 1 inactif) ... Aujourd'hui nous sommes déjà à 1,8 avec le risque de tomber en 2050 à 1,2,…. » p. 277
L'auteur
Denis Pennel, expert, influenceur et auteur de livres ( dont : “Travail, la soif de liberté” -2017 nommé par le Prix Turgot) est reconnu du monde du travail et de l' économie sociale. Il est professeur à Sciences Po et membre de plusieurs Thinks Tanks.
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