Le maréchal NEY
Parution le 16 mars 2023
400 pages
24 €
Infos & réservation
Thème
Héros de l’Empire, “Brave des braves“, martyr de la Restauration monarchique, le maréchal Ney a déjà fait l’objet de nombre de biographies auxquelles se réfère d’ailleurs M. Favier. Notre auteur remet l’ouvrage sur le métier, en relatant la vie du maréchal, de sa naissance à Sarrelouis, en Lorraine, en 1769, à sa mort avenue de l’Observatoire à Paris en 1815, sous les balles d’un peloton d'exécution.
On sait que Ney s’est couvert de gloire sur les champs de bataille du 1er Empire, d'Elchingen à la Retraite de Russie, en passant par Friedland et la Moskowa. Fait maréchal de France en 1805, puis duc d’Elchingen et prince de la Moskowa par Napoléon, il rallia les Bourbon en 1814, promit à Louis XVIII de lui ramener Bonaparte « dans une cage de fer » après son débarquement à Golfe Juan, se rallia finalement à l’empereur. Il fut condamné à mort et exécuté lors de seconde Restauration, en 1815.
Points forts
C’est une excellente biographie, claire, lisible et informée; un vrai bonheur de lecture, malgré la description détaillée des campagnes de Ney et de sa vie militaire ! L’auteur brosse un tableau psychologique assez fouillé du maréchal, à travers les témoignages des contemporains et les archives diverses auxquelles il fait référence. Le tableau n’est pas toujours à l’avantage de Ney qui allie un courage physique sans égal à une médiocrité intellectuelle et morale que l’Histoire a gommée.
Parfaite illustration du fameux principe de Peter, il est plus à l’aise dans le combat d’avant-garde que dans le maniement d’une armée. Même s’il est conscient de ses limites au point de refuser sa promotion au grade de général de Brigade, il entretient avec ses alter-ego des rapports difficiles, ombrageux, refuse d’être subordonné à tout autre autorité que celle de Napoléon et mène, sur le terrain, une stratégie brouillonne qui oscille entre excès d’audace et prudence injustifiée. Il semble qu’une part de la déroute française dans la péninsule ibérique lui soit imputable, comme d’ailleurs la défaite de Waterloo, en partie. En contrepoint, il a écrit parmi les plus belles pages de gloire de l’armée française, pendant la Retraite de Russie et même à Waterloo, morne plaine…
C’est sa mort, fusillé au terme d’un procès, probablement justifié dans le fond, mais inique dans la forme, qui a assis sa réputation pour l’Histoire, réputation d’ailleurs usurpée; car ce n’est pas par amour de Napoléon que Ney l’accueille en Franche Comté, en 1814: il semble qu’il n’ait plus aucun attachement à l’empereur, pas plus que Napoléon ne montre d’estime à son égard; c’est juste qu’il n’a plus le contrôle de ses troupes et qu’il les suit, en multipliant les proclamations grandiloquentes.
Ainsi que le souligne Franck Favier, si Marmont est le Judas de Napoléon, Ney en est le Saint Pierre, celui qui empile les reniements.
Enfin notre auteur fait justice du mythe d’un simulacre d’exécution qui aurait permis au maréchal de mener une seconde vie aux Etats Unis, sous le nom de Peter Stuart Ney.
Quelques réserves
Peut-être dans la disposition des notes?
Et pour ceux qui sont allergiques à l’Histoire militaire ...
Encore un mot...
Loin de la “déconstruction“ d’un personnage positif et révéré des français, l’ouvrage de M. Favier s’attache à chercher la vérité de l’homme sous le vernis du mythe. Ce faisant, il montre aussi la réalité de la vie militaire sous l’Empire et pèse le poids des erreurs humaines dans le cours de l’Histoire.
Une phrase
« Ainsi s’acheva la campagne de Russie pour le maréchal Ney. Arrivé d’Espagne éreinté par les critiques souvent justifiées de ses collègues, l’épopée russe, malgré la débâcle française, allait forger sa gloire. Les faits en témoignent: Valoutina, Smolensk, Moskowa, Orcha, Berezina, Kovno… » Page 186.
L'auteur
Franck Favier est historien, agrégé, spécialiste de la période napoléonienne et de la Suède.Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont deux autres biographies consacrées à des maréchaux de Napoléon: Marmont, duc de Raguse dont la trahison aurait précipité l’abdication de l’Empereur, et Berthier, prince de Neufchâtel, le chef d'État major de la Grande Armée.
Ajouter un commentaire