Le lièvre aux yeux d'ambre

La saga de la famille Ephrussi : un récit dynastique qui nous en apprend beaucoup sur une Europe disparue.
De
Edmund de Waal
Champs Flammarion
473 pages
10 Euros
Notre recommandation
3/5

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Thème

 La saga de l'éminente famille juive Ephrussi : une des plus puissantes, par la banque, l'industrie, le commerce, qui imite aussi sa concurrente Rothschild, par les collections d'art, le mécénat, des résidences délirantes...Tout commence avec l'ancêtre Charles Joachim  vers 1870 – le roi du blé – en Ukraine, puis, fuyant les pogroms, continue à Vienne, centre du monde avant la tragédie de 14-18, puis à Paris, à Londres, au Japon, au Mexique, au gré des avatars d'une Europe devenue folle. Chez les Ephrussi il y a les sages et les extravagants, des hauts très hauts et des bas pathétiques, les traditions claniques et les innovations sociales. Les femmes  y jouent, au-delà de la vanité masculine, un rôle souvent décisif. Ah !...La famille !…

Points forts

L'entrée dans la lecture est « vive » par la riche description de la vie viennoise au début du 20ème siècle. Un monde englouti mais qui fut souvent joyeux. Les lubies de Charles à Paris, sa relation avec les artistes, Manet, Degas, Sisley… Gisela qui préféra Mexico, Rudolph et son fils Jiro à Tokyo, l'Angleterre sous le Blitz.  C'est très bien raconté. Les larmes de l'Anschluss en mars 1938 : une des 5 familles les plus puissantes de Vienne « effacée » en 15 jours. Cela sans pathos, avec distance et quelque peu d'ironie souriante.

La dernière partie, à Tokyo, après 1947, est très belle. Une généalogie intelligente.

Quelques réserves

Une certaine préciosité, et par endroits, des diversions alambiquées sur l'art ou encore la poterie. C'est juste, mais parfois long et répétitif.

Le titre soit disant mystérieux fait plutôt obstacle à la compréhension du vrai propos  (de plus il n'est pas très « vendeur ») ;

Quelques retours en arrière surprenants, heureusement aidés par l'arbre généalogique.

Encore un mot...

Bref, on aime ou on aime pas, on entre ou pas dans ce récit dynastique, familial, historique, artistique fourmillant de détails et de souvenirs ;  mais on apprend beaucoup sur les Européens, les Impressionnistes, le marché de l'art avant 1914, l'antisémitisme basique, les revers de fortune et l'art de s'adapter aux évènements les plus funestes.

Une phrase

" Mais où pourrait aller Viktor? Il n'a plus de café, plus de bureau ; il n'a même plus la possibilité de s'asseoir sur les bancs du jardin (public) qui portent la mention « juden verboten ». Tous les lieux qu'il fréquentait lui sont fermés : le Sacher, le Café Griensteidl, le Prater, sa librairie préférée et son barbier. Il ne peut même pas traverser le parc ou monter dans un tramway,(...) ni entrer dans un cinéma ou aller à l'Opéra...Où pourrait-il aller" ? (page 345)

" A Tokyo en 47, bon nombre de denrées américaines sont introduites dans les circuits de marché noir par des « panpan girls » une horde de harpies immondes qui couchent avec des soldats pour de la nourriture " (page 391).

L'auteur

Edmund de Waal est, par sa mère Elisabeth, fille ainée de Viktor (Odessa 1860/ Tunbridge Wells 1945), descendant direct de la branche viennoise. Désormais britannique, né à Nottingham en 1964, céramiste de renom, il écrit aussi avec succès. Il a souhaité, à travers cet écrit très intime, aller à la recherche de souvenirs familiaux épars, expliquer aussi  le rôle symbolique des 264 mystérieux netsukés achetés par Charles, à Paris, peu avant la Grande Guerre.

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