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Thème
Sous-titré le poison allemand, Le Hareng de Bismarck est une charge contre l’Allemagne, sa réussite économique et son poids dans l’Union Européenne. Manifestement les références constantes au modèle développé outre-Rhin, tant par la gauche que par la droite, l’exaspèrent, tout comme le sort réservé à ces malheureux grecs par le gouvernement allemand ; il a décidé de prendre la plume pour nous le faire savoir.
Points forts
Ce qui nous nous plaît, chez Mélenchon, c’est la faconde avec laquelle il développe un argumentaire d’une mauvaise foi éhontée, fondée sur des chiffres soigneusement sélectionnés. Ce culot de commissaire est proprement jubilatoire : dans ce pays sans enfants qui va bientôt ressembler aux paysages de La Route, le roman de Cormac McCarthy, des esclaves capturés dans les pays voisins de l’Est et du Sud pour faire tourner la machine économique allemande –d’ailleurs en voie d’écroulement- ont un sort que les héros de Dickens ou des Misérables n’envieraient point. Quant au militarisme allemand, il serait en pleine résurrection, la guerre n’est pas loin !
Quelques réserves
Le ton de “l’œuvre“, malgré une écriture assez alerte, rappelle tout de même celui des années d’avant-guerre, période où les polémistes ne prenaient pas de gants : c’est souvent à la limite de l’acceptable. L’insulte fuse et le mépris de ce méridional pour des gens du Nord dont manifestement il ne comprend pas la logique de fonctionnement, est souvent accablant.
Quant au fond, si certaines notations sont exactes, notamment sur la démographie, Mélenchon méconnaît et les ressorts du dynamisme allemand et le caractère profondément démocratique de ce pays aujourd’hui.
Que notre auteur soit un partisan résolu du “droit à la paresse“, cher à Lafargue, soit ! Mais on sent en creux, dans son discours, une apologie nostalgique de la défunte Allemagne de l’Est qui laisse pantois.
Encore un mot...
Un livre polémique qui grossit le trait, et dont on se demande même si l’auteur croît la moitié des “vérités“ qu’il assène. C’est parfois drôle, souvent lourd.
Une phrase
« Rompre avec le poison allemand est donc une exigence nationale, populaire, sociale et philosophique pour le camp du progrès humain et la lutte contre le productivisme. »
L'auteur
Faut-il présenter Jean Luc Mélenchon, l’ex-dirigeant du Front de gauche, ex-trotskiste, ex-socialiste, qui est le poil à gratter à gauche de la gauche ? Licencié de philosophie, professeur, apparatchik du parti socialiste et de la mairie de Massy, candidat à toutes les élections, et notamment à l’élection présidentielle de 2012 où il a récolté plus de 10% des suffrages, député européen depuis l’an dernier, Mélenchon est un redoutable tribun populiste, surtout depuis qu’il a rompu les amarres avec le parti socialiste, ce qui a manifestement desserré les freins de sa logorrhée. Il publie régulièrement des ouvrages.
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Mélenchon, nostalgique de la défunte Allemagne de l'Est ?
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