Le génie de la bêtise
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Thème
Esthète du jeu de raquette, Denis Grozdanovitch pratique, depuis une quinzaine d’années dans le monde des livres, l’art de la flânerie. Une flânerie qui l’a mené, de désinvolture en éternel féminin en passant par le hasard et la mécanique spirituelle, jusqu’à la bêtise, objet donc de réflexion de son nouvel essai.
Il n’est pas tombé dans le piège de l’essai prétentieusement intellectuel ; non, en éternel « amateur » (un statut qu’il revendiquait déjà quand il était champion), il s’amuse à gambader dans le pays très peuplé de la bêtise.
En ouverture, il nous présente un certain Valentin, un « simple d’esprit » comme on disait hier dans les campagnes. Mais voilà, lointain cousin de la grand-mère de l’auteur, ce Valentin « avait toujours quelque chose à me faire découvrir que lui seul, avec un instinct infaillible, était capable de dénicher : oiseaux rares, grotte souterraine enfouie sous les ronces, ruisseau à truites, cabane de berger abandonnée… »
Et puis, s’appuyant sur ses lectures de Molière, Goldoni, Marivaux, Beckett ou encore Sartre, Grozdanovitch démontre que les sots, les imbéciles et les idiots peuvent répliquer aux « intelligents », souvent aussi bêtes qu’eux. Alors, « Grozda » en arrive à la conclusion qu’en chacun de nous, un génie dort. Il suffit de le réveiller pour que lui, le génie de la bêtise, devienne alors un enchanteur…
Points forts
- L’humour et la légèreté omniprésentes. C’est la marque de fabrique de Denis Grozdanovitch.
- Une érudition déroulée avec autant d’élégance que de modestie, allant de Molière à Pierre Dac en passant par le théorème d’incomplétude de Kurt Gödel, publié en 1931.
- Une leçon de philosophie (pas seulement « pour les nuls ») qu’on aurait tous tant aimé suivre dans les années lycée… puisque dans « Le génie de la bêtise », Denis Grozdanovitch fait de la réflexion, un amusement grave.
- Une fois encore, « Grozda » fait œuvre de sagesse et d’humour.
Quelques réserves
Un seul point faible à ce « Génie de la bêtise » : l’envers de tous les points forts avec ce qui, par moments, peut ressembler à de la surenchère.
Encore un mot...
Un bréviaire où cohabitent sagesse et drôlerie. En ancien champion de tennis, Grozdanovitch smashe et balance de nombreux retours gagnants.
Un essai étincelant qui prouve que la philosophie peut mêler réflexion, amusement et drôlerie.
Une phrase
« Ce fut vers l’âge de douze ans, je crois, que je m’avisai, de façon plus ou moins diffuse, que non seulement la bêtise attribuée aux gens simples, aux idiots et aux animaux, recelait bien souvent une clarté spirituelle qui faisait défaut à l’intelligence révélée chez les « grands intellectuels », mais encore que l’une semblait ne s’opposer à l’autre que dans une sorte de dialogue scénique, une scène de ménage théâtrale, en somme, dont le face-à-face débouchait la plupart du temps sur le comique le plus truculent ».
L'auteur
Né le 9 mai 1946 à Paris, Denis Grozdanovitch est un écrivain français. Grand joueur d’échecs, il a évolué à un haut niveau dans les sports de raquette : champion de France juniors 1963 en tennis, champion de France de 1975 à 1979 en squash et champion national de courte paume.
Diplômé de l’IDHEC (Institut des hautes études cinématographiques) de Paris, il est venu tardivement à l’écriture. En effet, il publie chez l’éditeur José Corti son premier livre « Petit traité de désinvolture » en 2002… à 56 ans. Suivra en 2005 « Rêveurs et nageurs ». Puis ce sera, entre autres, « Brefs aperçus sur l’éternel féminin » (2006), « De l'art de prendre la balle au bond : Précis de mécanique gestuelle et spirituelle » (2007), « L'Art difficile de ne presque rien faire » (2009), « La Puissance discrète du hasard » (2013).
Avec son nouveau texte, « Le génie de la bêtise », Denis Grozdanovitch manie, une fois encore, humour et érudition.
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