Le dernier jugement des Templiers
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Thème
Il est simple : C’est l’arrestation des Templiers de France, sur l’ordre du roi Philippe le Bel, le 13 octobre 1307 et l’histoire de leur procès jusqu’au bûcher de leur dernier grand maître, Jacques de Molay, le 11 mars 1314.
Cette procédure fut longue, complexe, source d’affrontements en raison d’une opposition farouche entre deux fortes personnalités : le Roi de France, petit-fils de Saint Louis, et le Pape Clément V. Il en résulta deux procès ; celui géré par les hommes du Roi dont la haine vis-à-vis du Temple était attisée par le conseiller Philippe de Nogaret, et celui institué par le pape Clément V qui souhaitait statuer sereinement sur deux éléments séparément : l’institution de l’Ordre des Templiers par une instance pontificale et la personne des Chevaliers par une instance diocésaine.
Pour obtenir des aveux sur les fautes et dérapages supposés des Templiers chacun usa de ses armes. Pour le Roi -qui revendiquait le droit, du fait de son onction sacrée, de juger des religieux – ce furent la torture, les bûchers, les intimidations, les emprisonnements arbitraires, les confiscations de biens.
Le Pape, qui lui contestait ce droit, initia un concile à Vienne, en France , mis en oeuvre une juridiction religieuse et des menaces d’excommunication. Il en resta au stade des menaces car Il connaissant trop bien les rapports conflictuels de Philippe Le Bel avec l’un de ses prédécesseurs, Boniface VIII, qui en était probablement mort.
Mais l’asymétrie du conflit était trop nette et le Pape céda, utilisa lui aussi la torture et condamna avant d’avoir colligé toutes les conclusions. Le grand maître choisit cependant sa sanction en demandant de commuer sa condamnation à la prison à vie en peine de mort, exemplaire, dans les flammes.
Ces six ans et demi de procès et de controverses sont détaillés par le menu dans cet ouvrage en s’appuyant sur la bulle papale « Vox in excelso »promulguée à Vienne le 22 Mars 1312
Points forts
- Ce livre, basé sur les recherches de médiévistes à destinée pédagogique et universitaire, serait totalement indigeste, si ces données avaient été livrées d’un seul tenant. Le mérite de l’auteur a été de leur donner une forme attractive en imaginant- et c’est le moins pour une bulle papale- une lecture en chapelet ! La bulle, exprimée en français, est divisée en segments accompagnés de larges explications et commentaires, l’ensemble faisant, comme dans la passion du Christ, une station. La passion des Templiers semble avoir été beaucoup plus longue que celle du Christ puisqu’il y a 23 stations ! « Qui bene amat, bene castigat » !
- La lecture attentive de l’introduction est passionnante et fondamentale. On ne peut aborder un tel ouvrage sans un prérequis sur la création de l’Ordre, ses premières décennies, les initiateurs et soutiens de sa règle révolutionnaire avec ses apparentes contradictions comme la quête de la sainteté pour des Chevaliers autorisés à tuer, l’abandon de la terre Sainte et l’installation dans toute l’Europe à des fins commerciales, sur une base économique de donation,les motivations différentes du Pape et du Roi dans leur acharnement contre l’Ordre.Etc..Etc…
Quelques réserves
C’est l’habituel problème de ces ouvrages hybrides, issus de thèses ; le fond inflationniste sur les connaissances étouffe l’écriture et le style.
Encore un mot...
Cet ouvrage allie distraction et instruction en privilégiant cependant cette dernière qui demande concentration, compréhension et mémorisation. N’oublions pas que nous lisons une universitaire .En dehors des médiévistes amateurs ou professionnels, à la recherche du « pointillisme » historique, le lecteur « moyen » peut-il aimer cet ouvrage ? Je pense que oui.
Une phrase
Page 185 : « Les Chefs d’accusation »
« Les sept chefs d’accusations du Roi de France (reniement du Christ ; crachat sur la croix ; baisers obscènes ; encouragement à l’homosexualité ; cordelette ; idole ; non consécration de l’hostie par les chapelains) sont inclus dans les listes pontificales, qui y ajoutent ceux de vouloir enrichir l’ordre à tout prix, de faire peu d’aumônes, d’interdire le recours à des prêtres qui ne soient pas templiers, d’avoir introduit des erreurs dans les statuts, de ne pas croire aux sacrements, et de considérer enfin que les dignitaires templiers non chapelains, et donc laïcs , puissent absoudre les péchés »
L'auteur
Simonetta Cerrini est italienne. Elle a 54 ans et est spécialiste des Templiers sur lesquels elle a écrit 3 autres livres : la Révolution des Templiers (2009), L’Apocalisse dei Templari (2012), La Passione dei Templari(2016)
Elle a fait des études d'histoire médiévale à Milan, puis à l'université Paris -Sorbonne, où elle a soutenu en 1998une thèse de doctorat intitulée « Une expérience neuve au sein de la spiritualité médiévale. L'ordre du Temple (1120-1312) : étude et édition des règles latines et françaises »
Elle fait partie d’une « communauté scientifique internationale attentive à la reconstitution précise des faits historiques »
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