Le dernier carré. Combattants de l’honneur et soldats perdus de l’Antiquité à nos jours
Parution le 7 octobre 2021
383 pages
21 €
Infos & réservation
Thème
Le dernier carré propose vingt cinq récits, depuis la bataille des Thermopyles en -480 jusqu’au Stalingrad kurde de 2014. Outre l’évocation d’épisodes archi-connus comme Massada, Waterloo, Camerone et autres Dien-Bien-Phu sur lesquels ils n’insistent pas, les auteurs s’attachent à faire découvrir au lecteur des événements méconnus mettant en scène des « combattants de l’honneur négligés par l’histoire » et l’héroïsme de perdants magnifiques (ou de quelques victorieux non moins magnifiques) engagés dans des batailles oubliées où se conjuguent panache et loyauté.
Points forts
Ces soldats perdus qui sont parfois des civils, voire des peuples entiers, luttent essentiellement pour trois causes : leur patrie, leur religion, leurs idées, trois notions qui s’entremêlent souvent pour prendre le nom de liberté ou seulement de dignité.
Il y a les « malgré tout » qui se battent après la fin, les « abandonnés » qui se battent quand même et les « agressés », farouches otages des guerres civiles, qui se battent contre les leurs. Tous ne sont pas des anges mais aucun ne se couche.
Quelques exemples :
- On connaît la geste des cadets de Saumur sauvant l’honneur des armes de la France en 1940 mais beaucoup moins l’ardente résistance du 43e corps d’armée défendant la ligne Maginot en pleine débâcle et jusqu’après l’armistice.
- Les derniers vétérans de la Grande Armée continuent à se battre contre les Prussiens sous Louis XVIII et, plutôt que de rester des demi-soldes, nombre de « baroudeurs impénitents » se mettent au service de révolutions et de conspirations diverses.
- En 1920, l’armée blanche de Vranguel, acculée en Ukraine après une lutte homérique pour défendre l’empire défunt des Romanov doit être finalement « disloquée » par les Alliés.
- Les « chouans baltes » lituaniens tiennent héroïquement leurs positions anti soviétiques jusqu’en 1950 malgré l’absence de soutien de l’Occident qui ignore jusqu’à leur existence.
- Les Hmongs « seigneurs aux pieds nus » du capitaine Sassi arrivés trop tard au secours de Dien-Bien-Phu poursuivent leur lutte anti-communiste au Viêt-Nam malgré les trahisons des Français puis des Américains.
- Les communards et leurs pétroleuses, « indisciplinés, indisciplinables » de 1871 tantôt victimes, tantôt bourreaux, luttent avec éclat, barricade après barricade, contre les Versaillais d’Adolphe Thiers.
- Les Cristeros du Mexique, tout un petit peuple qui défend sa foi par les armes sans grand soutien de ses évêques, restent bien méconnus malgré leurs nombreuses années de résistance.
- Les Pieds-Noirs, “rafalés” rue d’Isly à Alger, mitraillés à Oran, indésirables en Métropole, demeurent les incompris de l’Algérie Française, comme les Harkis en resteront à jamais les victimes trahies.
Quelques réserves
- Certains épisodes nécessiteraient une carte pour faciliter la compréhension, en particulier lorsqu’il s’agit de descriptions très techniques (stratégie militaire, nombre d’unités engagées dans les combats) ou de lieux ignorés.
- D’autres, véritablement œuvres d’historiens, comprennent beaucoup de notions (les renversements d’alliance, les intérêts croisés…) qui dépassent un peu le lecteur lambda que je suis.
Encore un mot...
Dernier carré ? Parfois de simples victimes d’une politique qui les dépasse comme en témoigne le jeune Maximilien d’Autriche, éphémère empereur du Mexique, ses illusions naïves et sa mort exemplaire ou Saigö Takamori, le dernier samouraï, d’abord fervent de la cause impériale mais qui ne se reconnaît plus dans l’esprit d’ouverture de la dynastie Meiji, drapé qu’il est « dans les idéaux surannés des guerriers d’autrefois ».
Une phrase
Le dernier récit, en page 378 ; après les 135 jours du siège de Kobané, les Kurdes sortent vainqueurs de Daech en 2015 et sauvent leur territoire. Au visiteur qui s’étonne de découvrir une statue récemment érigée au milieu des quartiers en reconstruction ils répondent :
« Comment ? Vous n’avez pas reconnu Léonidas, le roi de Sparte qui, il y a deux mille cinq cents ans, s’est sacrifié aux Thermopyles avec ses 300 meilleurs soldats pour sauver sa patrie, la Grèce, des envahisseurs perses ? Nous, ici, nous pensons avoir fait la même chose contre les islamistes. »
La boucle est bouclée…
L'auteur
Sous la direction de deux journalistes du Figaro Magazine spécialisés en histoire, Jean Christophe Buisson et Jean Sévillia, une vingtaine de rédacteurs de talent se sont réparti les récits complétés invariablement d’une bibliographie sélective.
De rapides biographies présentent ces auteurs à la fin.
Ajouter un commentaire