Le courage de vivre
Flammarion
Parution le 2 mars 22
475 pages
23 euros
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Thème
Née en 1939 à l’hôpital américain dans un milieu très fortuné, l’auteure Albina du Boisrouvray, héritière d’une grande famille franco-bolivienne, attendra trente-six ans avant d’être capable d’écrire Le courage de vivre. La perte de son fils unique et adoré, François-Xavier Bagnoud, âgé de vingt-cinq ans lors du Paris-Dakar de 1986, la plonge dans un silence absolu. « Figée, paralysée, le cœur battant à tout rompre, je ne pleurais ni ne bougeais écrira-t-elle 36 ans plus tard. Entièrement fossilisée dans un étau de souffrance indescriptible, qui se resserrait implacable, seconde après seconde. De la gorge aux pieds. Je ne me souviens de rien ensuite, si ce n’est d’avoir erré dans une sorte de brume irréelle. » (page 323)
La journaliste, la rebelle qu’elle était par nature et la productrice de cinéma qui avait eu de grands succès ne reniera en rien celle qu’elle avait toujours souhaitait être : une femme dotée d’une force et d’une volonté que rien ni personne ne pourrait arrêter. Si ses maris se succèderont et ses amants aussi, elle sera fidèle aux désirs d’équité que cette activiste s’était jurée d’incarner durant toute sa vie. Révolutionnaire, écologiste avant la lettre, créatrice du magazine Libre, soutenant Médecins sans frontières, Albina du Boisrouvray crée l’ONG. FXB (François-Xavier Bagnoud), avec le dessein de lutter contre le SIDA dès les années 1987-1988 en Suisse, aux Etats-Unis, en Thaïlande, en Birmanie et en Afrique. Un enjeu considérable qui se matérialisera par la vente des biens de ses parents lui permettant d’y consacrer 50 millions de dollars. « Notre espèce, dira-t-elle, qui croit tout savoir manque peut-être d’humilité. Aussi se souvenir que de la perte vient le renouveau. Que l’amour échangé est un carburant pour rouler sur la route de la vie. Rester fidèle à ses principes, à ses convictions. Ne pas laisser le malheur nous pousser à nous replier sur nous-mêmes. Découvrir combien le bonheur des autres, lorsqu’on en est à l’origine, est l’étincelle qui allume le nôtre. » (page 468)
Points forts
L’autobiographie est un sport à haut risque et, dans le contexte social de l’auteure, l’histoire de sa vie eût pu être celle d’une femme gâtée, n’aimant aucune contrainte et s’intéressant plus à son apparence qu’aux autres. Le courage de vivre n’est pas une autobiographie mais un plaidoyer pour que tous, nous mesurions la chance qui est la nôtre, le bonheur d’être plutôt que de paraître. De donner plutôt que de prendre. Le chemin parcouru par Albina du Boisrouvray est un combat pour n’être plus celle qui subit mais celle qui se tourne vers les autres : ceux qui manquent de tout, d’amour comme de bonheur partagé, de réussite comme de soutien.
Quelques réserves
Pas une.
Encore un mot...
Un livre puissant qui se lit aisément, drôle dans ses débuts, plein d’humour dans les portraits que l’auteure donne des siens. Les pages s’y tournent à grande vitesse, nous faisant aller d’un pays à un autre. Aux palaces succèdent les déserts, les ports, la famine, la misère, l’Afrique, le Rwanda, l’Inde, le Valais, le Maroc, Washington, Buenos Aires, New York.
Une phrase
« Je n’aime pas la violence. Pas du tout et la désapprouve fortement. A commencer par la mienne, que j’ai domptée à force de volonté. Mais je comprends ce que ressentent les jeunes stigmatisés, oubliés, par exemple dans les banlieues. Privés de considérations et d’opportunités… Je comprends les enfants des rues qui, livrés à eux-mêmes, ne peuvent compter que sur leur violence pour survivre. Je comprends combien le monde est coupable de négligence meurtrière, égoïste, créant année après année, une génération mondiale larguée. Balayée. Et je sens aussi ses dangers, avec l’urgente nécessité d’y remédier. » (p. 97)
« J’éprouvais le besoin impérieux de mettre l’amour maternel en moi au service des enfants inconnus qui en manquaient. (p. 356)
L’ extrait ci-dessous est tiré de la superbe préface de l’académicien Daniel Rondeau :
« Nous avons tous dans notre vie un moment où nous pouvons choisir ce que nous voulons devenir. Albina a saisi ce moment. Elle a eu ce courage de vivre, elle a maintenant le courage de raconter. Lisez-la avec confiance. Albina a perdu son fils, mais sous chacun de ses mots, un cœur bat pour ceux qui n’ont plus de mère. » (p. 11)
L'auteur
L’essentiel de sa biographie est mentionné dans les paragraphes ci-dessus. Ajoutons simplement qu’Albina du Boisrouvray est aussi une productrice de cinéma : Fort Saganne, Confidences pour confidences, Paulina 1880, Josepha pour ne citer que quelques-uns de ses films.
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