Le bal des illusions. Ce que la France croit, ce que le monde voit
Parution le 27 mars 2024
240 pages
22 €
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Thème
Dans un monde en plein bouleversement, la France présente des signes de faiblesse, même de déclin : reculs militaires, situation politique instable, perte d’influence en Europe… Les deux auteurs ont interprété la suggestion de Péguy : « Regarder la France comme si on n’en était pas » en parcourant les cinq continents à la recherche d’observateurs compétents pour analyser notre pays, en donner une vision prise avec du recul et approfondie, faite de conseils amicaux et de critiques lucides.
Ainsi, du fond de la cuvette de Dien-Bien--Phu, une jeune vietnamienne qui aspire à venir en France demande à nos auteurs : « Vous, Français, vous regardez toujours vers le passé pour vous rassurer. Nous, Vietnamiens, nous nous adaptons en permanence. L’histoire du Vietnam est un arbre… Nous savons qu’il faut l’élaguer et l’entretenir pour survivre. »
Ces regards multiples forment une mosaïque, parfois complétée de témoignages français passés ou actuels, hommes politiques, diplomates, sociologues, écrivains (Roland Dorgelès, Christophe Guily, Jean-Noël Jeanneney, Michel Houellebecq, Michel Wieviorka…)
Le résultat est une riche récolte : les leçons à tirer sont importantes, ce devrait être une lecture urgente entre autres pour tous nos ministres.
Points forts
Les nombreux entretiens avec de fins observateurs étrangers sont regroupés sous trois thèmes :
- Les illusions, dans les domaines du militaire, de la francophonie et de l’Union européenne.
- Les déceptions, illustrées par l’avis de Mario Draghi sur la réforme des retraites ou celui d’un analyste français expert pour un think-tank de Washington ou enfin le jugement d’une avocate d’affaires aidant aux investissements en Chine.
- Et enfin les horizons qui regroupent les suggestions, certaines particulièrement bien ciblées
(« Réhabiliter la France ordinaire, solder l’horreur décliniste »).
Quelques réserves
Peut-être doit-on commencer par équilibrer ce bilan assez négatif par la pointe d’hypocrisie pointée par E. Le Boucher dans Les Echos : « La France va plutôt bien, mais il faut dire le contraire ».
Mais surtout : il manque à cette étude globale une version locale qui tienne compte des comportements et des caractères. Car il y a une dépendance à travers l’Histoire entre les comportements individuels et les phénomènes politiques globaux, comme le souligne par exemple E. de Waresquiel à propos de la culture (locale) de l’affrontement qui prend ses sources dans la Révolution.
Si nombre d’observateurs souhaitent le rejet du pessimisme, le rétablissement de la confiance, de la solidarité et d’échanges efficaces, cette demande est liée au niveau de l’Etat comme au niveau individuel, selon une interaction rarement explicitée en France (voir sur ce sujet le remarquable essai de Marin Gannon : Paradoxes of culture and Globalization).
Encore un mot...
Une autre faiblesse : les retards dans l’innovation sont fondés sur les manques dans l’éducation, la recherche, le conservatisme de l’enseignement. Un exemple : illusions et déceptions se sont mêlées, avec le refus de voir la vérité en face quant aux résultats en mathématiques du concours PISA de 2012, catastrophiques pour la France ! Mais les media les ont attribués au caractère inadapté de l’épreuve quant au contenu de notre enseignement !
Peut-être malgré tout faut -il retrouver l’optimisme avec Jules Michelet : « La France agit et raisonne, décrète et combat : elle remue le monde ».
L'auteur
Richard Werly est un journaliste franco-suisse, correspondant pour la France du quotidien suisse Blick où il anime la newsletter blick.fr. Il participe régulièrement aux débats dirigés par Philippe Meyer sur le site esprit public.fr.
François d'Alançon, grand reporter, spécialiste des questions internationales, est ancien chef du service Etranger de La Croix.
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