Lacan subversif. Quelques pensées intempestives
Préface David Vanhoolandt
Postface Jonathan Mangez
juin 2024, 340 pages
34 €
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Thème
L’auteur se livre à une réflexion foisonnante, inspirée par Lacan et Heidegger, sur la vision, notamment partagée par les jeunes des quartiers défavorisés, du système néolibéral, qu’il qualifie de « techno-capitaliste » ou de « consumériste-hédoniste ».
Cette représentation a été proposée par Lacan dans son Ordre des discours, qui distingue les discours du Maître, de l’Universitaire, de l’Hystérique, de l’Analyste et du Capitaliste. Ce dernier est aujourd’hui assimilé à l’entrepreneur (ou au manager) qui a pour rôle de créer, de fabriquer et de vendre des objets par des discours (ou signifiants) destinés à « faire taire » les désirs des consommateurs. Le savoir des Maîtres (professeurs, philosophes…) et des Analystes (sociologues, psychologues, psychanalystes…) ne peut plus combler les frustrations des Sujets.
Points forts
L’ouvrage peut être lu comme une invitation à changer la société, mais aussi, plus cyniquement, comme un encouragement à renouveler le discours managérial.
Quelques réserves
Cette représentation de la société post-moderne n’est pas nouvelle - elle inspire notamment les pensées néo-marxistes et écologistes – mais elle se révèle étonnamment actuelle en raison de la virtualisation des objets directement créés par les Sujets grâce à diverses techniques de réalité augmentée, sensées représenter les rêves et « simuler l’inconscient ».
Encore un mot...
Mohamed Benmerieme s’interroge sur les causes et les formes du malaise de la société contemporaine.
Une phrase
“ Lacan attribue le malaise (ou « mal-être ») au « Vide ontologique » (ou structural) caractérisant l’Être de l’homme post-moderne. Ce « Vide » ou ce « manque » recouvrirait les frustrations engendrées par la société actuelle qui serait progressivement réduite à l’état d’« appareil à produire et à consommer ». Les produits (ou objets « a » selon Lacan) satisfont de moins en moins les désirs des consommateurs (ou Sujets). Ces derniers sont en permanence en manque d’objets. Ce « dispositif fondateur » a été pressenti il y a un siècle par Heidegger, qui estimait que face au progrès, « la perplexité, l’ennui et le vide envahissent l’homme et bouleverse son quotidien ». Les sciences dures, notamment les nouvelles technologies, sont les « moteurs » du dispositif, tandis que les sciences humaines, notamment la philosophie et la psychanalyse, en sont les « déculpabilisateurs ».”
L'auteur
Mohamed Benmerieme est philosophe et assistant social à Bruxelles.Il est auteur de nombreux articles qui abordent divers malaises actuels dans la civilisation (le racisme, la biopolitique…) et dont certains ont été réunis dans Ecrits d’un assistant social, ouvrage paru en 2022 aux Éditions Extimité (Présentation de l’éditeur).
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