La vie quotidienne des soldats romains A l’apogée de l’Empire
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Thème
Si les péplums nous ont donné une image en technicolor des soldats figurants de Ben Hur, le livre de Yann Le Bozec, universitaire expert de Rome et de son armée, nous plonge dans la rigueur de l’Histoire et de son solide sujet. Il comble, dans une œuvre déjà complète, un chaînon paradoxal absent, celui de la place centrale du soldat dans la riche histoire de Rome, de ses conquêtes et de sa civilisation.
Points forts
Loin du pathos du roman national gaulois ou du mythe des révoltés antiques comme Gladiator, l’auteur s’appuie sur les dernières sources et les dernières découvertes pour éclairer une machine de guerre qui reste encore un mystère. Au camp comme en campagne lorsqu’elle est de saison en été, ce qui frappe le lecteur, c’est la rigueur de l’organisation et du collectif, la solidité d’un système militaire cohérent, la sélection des hommes et leur entraînement, le poids de la logistique et de l’administration. L’emploi du temps du soldat romain est aussi occupé à se former en temps de paix qu’endurci et discipliné au combat.
Du serment de la jeune recrue privilégiée jusqu’aux derniers moments de peu de vétérans survivants, c’est une vie de seize à trente ans de service, de maîtrise, de hiérarchie, de violence, de mentalité collective, qui attend un soldat de carrière à l’ombre des dieux protecteurs omniprésents.
Bien équipé, efficace, moderne, le soldat romain est tatoué à l’image du monde romain qu’il installe et protège : une ressource rare et strictement comptée de 25 à 30 légions pour un total de 300 à 350 000 hommes pour garder l’Empire, formée pour la guerre, un pacificateur sans indulgence, un gardien d’antiques valeurs, un professionnel parmi les nombreux métiers du camp, un citoyen attaché à son unité, balloté entre corvées, punitions et récompenses.
Quelques réserves
Le livre ne verse pas dans l’épopée, ce n’est pas le sujet et recèle une austérité de bon aloi.
Encore un mot...
L’ouvrage fourmille d’informations, de détails intéressants et d’illustrations qui éclairent le quotidien des soldats de tous rangs sociaux et de tous grades : gouverneurs, centurions, légionnaires, auxiliaires, marins et familles qui, pour partie, suivent les troupes. L’alimentation, l’habillement, l’armement, la solde, les services à assurer, les spécialités, les cérémonies, le calendrier, la vertu, la gloire, l’argent, les discours, l’esprit de corps, la santé, la politique, l’éducation, la religion, les rites, le sport et les loisirs, le droit, les travaux publics, tout contribue à la mission d’une institution à la fois totale et ouverte, traditionnelle et dynamique, dédiée à l’art de la guerre, au succès du siège ou de la bataille et aux fruits fréquents de la victoire. Parfois, cependant, la guerre civile, la blessure ou la surprise dans les contrées hostiles mènent le soldat au choix entre la captivité, à l’ultime sacrifice au combat ou au suicide.
Une phrase
“Les légions ne se manifestaient politiquement que dans les guerres civiles, une forme de conflit particulière par sa cruauté.
L’armée n’a pas "barbarisé" l’Empire même quand elle a recruté des numeri ou quand elle a honoré des dieux exotiques.
Quand un soldat donne la mort à un ennemi, il ne commet pas un crime
Les soldats s’exercent sans trêve.
Une discipline qui a deux sens : obéissance et connaissance.
Les militaires voyageaient beaucoup et avançaient lentement.
Le butin d’une ville prise d’assaut va aux soldats ; celui d’une ville qui a capitulé va aux chefs.
Là où ils font un désert, ils disent qu’ils établissent la paix”.
L'auteur
Né à Carthage en 1943, Yann Le Bohec est professeur émérite à la Sorbonne. Il est l’auteur de nombreux livres consacrés à Rome et à son armée, comme : Histoire romaine (1991), Naissance, vie et mort de l’Empire romain (2012), Spartacus, La Guerre romaine (2014) et l’Histoire des guerres romaines (2017), la plupart étant publiés chez Tallandier, collection “l’Art de la guerre”; il est également l’auteur d’un “Que sais-je ?” consacré à César.
Commentaires
A 2 reprises les haricots sont cités dans l'alimentation des légionnaires romains. Il me semblait que les haricots n'étaient arrivés en Europe que au 16eme siècle où alors s'agit il d'un aliment portant le même nom ?
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