La Russie et la France, de Pierre le Grand à Lénine
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Thème
L’histoire des relations franco-russes, longtemps à sens unique, chronique d’une attirance de la Russie pour la France, d’un rejet de la France, méfiante envers un pays qu’elle considère barbare et ce, jusqu’au règne de Napoléon III, peut nous éclairer sur les relations actuelles entre ces deux pays et les ententes qui seront possibles ou non à l’avenir entre ces deux Etats.
Points forts
- L’auteure est un puits de science historique sur ce thème. Le livre est par conséquent une mine d’informations.
- Au-delà des relations franco-russes, cet ouvrage donne à voir à quel point l’Europe a été jusqu’au XVIII siècle le théâtre d’enjeux de couronnes qui donnaient lieu à des conflits perpétuels auxquels se surajoutaient les enjeux religieux, pour se transformer, à la suite de l’empire napoléonien, en conflits entre États Nations qui se sont exprimés par une violence inouïe durant la première guerre mondiale. On sait souvent déjà tout cela, mais étonnement, le prisme de ces relations entre deux nations si différentes, dont l’une aux yeux de l’autre n’a jamais vraiment été européenne, met en lumière toute la fragilité et la valeur incommensurable de la paix que nous connaissons aujourd’hui en Europe. Ce n’est apparemment pas du tout la finalité de l’ouvrage mais c’est la portée qui nous semble pourtant la plus flagrante car en effet comme on va le voir dans le point suivant...
Quelques réserves
- On peut regretter que la partie à la fin du livre sur l’analyse de ce que devraient être les relations futures entre les deux pays ne soit pas un peu plus poussée et approfondie. On comprend que la Russie pourrait être notre porte d’entrée sur l’Asie, nouveau centre du monde, que la France, et l’Europe avec elle d’ailleurs, semble être en train de plus ou moins manquer l’occasion de remettre au beau fixe des relations à peu près au point mort, mais cela s’arrête là, pas de vision plus poussée ou de conseils à d’éventuels décideurs, ni de réel engagement ou prise de parti tranchée de la part d’Hélène Carrère d’Encausse. On aurait pu s’attendre à un peu plus, ça n’est pas très grave mais c’est un peu étonnant.
Encore un mot...
La France a longtemps dédaigné une alliance avec la Russie et elle pourrait bien regretter pour longtemps ce complexe de supériorité dont elle a encore aujourd’hui toutes les difficultés du monde à se départir, tant la Russie, plus tellement très encline de son côté à courir après une relation forte avec la France, pourrait être un partenaire essentiel manquant cruellement à l’appel dans le nouvel ordre mondial qui se met en place ces dernières années.
Une phrase
« L’Europe est face à un défi. Que la Russie choisisse sa variante asiatique, et l’Europe n’aura pas sa place dans le nouveau paysage géopolitique, elle sera séparée de l’Asie, alors que la Russie est un pont entre Europe et Asie. Le président français a constaté la nécessité d’arrimer la Russie à l’Europe pour préserver les chances européennes de s’inscrire dans ce monde en mutation. (...) Que cette « ouverture à l’Est » ait eu pour première manifestation l’invitation adressée à Vladimir Poutine de se mettre dans les pas de Pierre le Grand en venant à Versailles est lourd de sens. Pierre Legrand avait voulu en son siècle ouvrir à son pays une « fenêtre sur l’Europe ».
L'auteur
Hélène Carrère d’Encausse, de l'Académie française est la première femme secrétaire perpétuel de cette institution (élue membre en 1991 puis secrétaire perpétuel en 1999). Elle est connue pour être une des plus grandes historiennes spécialistes de la Russie. La majorité de ses oeuvres sont publiées aux éditions Fayard.
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