La Haine dans les Yeux
publié le 13 novembre
Infos & réservation
Thème
La Police n’est plus ce qu’elle était. La faute à qui ? Aux élus locaux qui l’utilisent la nuit et la conspuent le jour, aux politiques qui ne la considèrent qu’à travers le prisme des statistiques et la dénigrent quand la délinquance est à la hausse, aux journalistes qui exploitent toute les petites failles et les confondent avec les vraies bavures, aux bobos qui la montrent du doigt en l’associant à la milice et à toutes les dictatures, à l’Administration qui l’accable de procédures en l’éloignant du terrain, aux magistrats qui réduisent à néant les traques nocturnes et autres arrestations musclées à coup de non-lieux et de relaxes…La faute à tous sans doute, mais à elle aussi et à sa hiérarchie souvent pusillanime et carriériste, inspirée pour certains de ses chefs par la course aux chiffres, aux honneurs et aux médailles, à la promotion et l’avancement.
Jusqu’aux voyous qui ne sont plus ce qu’ils étaient non plus et qui ont perdu leur sens bien relatif de l’honneur, cet « honneur du milieu » vanté dans les films de Verneuil ou de Molinaro, perdu jusqu’à cette forme de morale dévoyée qui rendaient quelquefois leurs parcours romanesques, en tous cas leur complicité utile.
Et encore, tout cela n’est rien comparé à l’apparition de cette horde sauvage, violente et militarisée, ce conglomérat de crypto-gauchistes, zadistes et anarchistes de tous poils qui jettent leur « haine » au visage de ces hommes et de ces femmes, le plus souvent assignés à la résistance statique, une horde qui assène le policier d’injures, appelle à sa lapidation et l’invite à pactiser ou à se suicider.
C’est ce tableau très amer que propose le livre, nourri de faits réels, de compromissions et de démissions successives dans le contexte ambiant, celui de la crise sociale qui n’en finit pas, plus ou moins associée à celle dite des « gilets jaunes ».
Points forts
L’accent de vérité, le procès lucide fait à la Police elle-même et qui doit se réformer et s’adapter mais surtout à la société toute entière qui, plutôt que de la dénigrer au premier écueil, doit la soutenir ; cette société qui se complait à traquer l’erreur quand elle devrait plutôt louer le courage et l’abnégation de ces hommes et de ces femmes qui donnent beaucoup et reçoivent trop peu.
L’interpellation légitime de tous les responsables politiques, élus locaux et journalistes confondus devant ce chaos qui menace contre lequel le policier armé constitue encore un rempart et pas l’ennemi public à pendre en place de grève.
Les faits choisis, du suicide d’un flic courageux à l’aube de la retraite aux excréments reçus en pleine figure un jour de manif ordinaire, sans oublier la mort en direct, l’attaque de la patrouille la nuit du côté de Saint-Denis par des bandes équipées de mortiers.
Quelques réserves
Celui de l’homme de terrain qui décrit avec courage son quotidien, hésitant entre le récit et l’essai, sans vanité d’auteur, pour s’en tenir au constat.
Encore un mot...
Un vrai cri, lucide, inspiré des faits, qui place le citoyen en face de ses responsabilités et l‘invite à considérer la Police pour ce qu’elle est, une institution imparfaite de 150.000 hommes et femmes assignés à la préservation de l’ordre public qui ne sont pas exempts de reproches mais vivent un quotidien difficile, oscillant entre la tracasserie administrative, l’injure et la menace de mort, entassés des heures durant dans des commissariats vieillots et sales, une voiture poussive ou une planque un peu glauque, le jour comme la nuit, loin de leurs maisons et de leurs familles, autant de conditions qui doivent encourager à la réflexion, à la compassion et à l’estime plutôt qu’au dénigrement.
D’autant que l’auteur dit des hommes et des femmes de police qu’ils accepteront sans doute encore longtemps ces humiliations, par vocation ou par idéal, tant que la société leur apportera son soutien, aucune menace n’étant plus délétère que celle du dédain de la société française, ce police-bashing érigé en sport national en contradiction avec le réel et les sondages, cette contradiction dont la plus flagrante expression est encore celle du soutien et des hommages d’un jour, lendemain de l’attentat tragique du Bataclan, en contrepoint de la dénonciation systématique des violences policières en pleine crise des gilets jaunes, la manipulation orchestrée traquant la première atteinte au flash-ball, ici d’un bras, ici d’un œil… qui ne constitue pourtant qu’une bien modeste riposte à des actes de guerre.
Avec ce rappel opportun du fait que les manifestants qui brisent les vitrines, pillent les boutiques et les commerçants, attaquent masqués les policiers en faction sont dans l’illégalité quand la riposte de l’institution « Police » est quant à elle légitime.
Une phrase
"Lors de la crise des gilets jaunes, la police a tenu bon, mais au gré de ces centaines, de ces milliers de rassemblements, il aurait été surprenant qu’aucun geste inapproprié n’ait été commis par l’un ou l’autre de ses membres. La posture de déni n’est plus de mise, d’autant qu’elle alimente les complotistes et au-delà cette frange d’indécis qui se laissent convaincre. Sans céder au chantage, on peut être capable de débattre, de replacer ces violence illégitimes dans leur contexte, de rappeler qu’il s’agit de comportements très minoritaires alors que l’ensemble du travail accompli mérite le respect".
L'auteur
Commissaire de Police, David Le Bars est secrétaire général du Syndicat des Commissaires de Police et membre du conseil d’administration de l’École Nationale de la Police. Il a reçu la médaille de bronze des actes de courage et de dévouement, la médaille d’honneur de la police nationale, encore la médaille d’argent de la sécurité intérieure. Présent sur les plateaux de télévision, défenseur zélé de ses pairs et de ses hommes sans se départir de son esprit critique, il travaille aussi sur les plateaux de tournage, comme consultant ou conseiller technique dans des séries policières.
Il publie ainsi son premier ouvrage avec la collaboration de Frédéric Ploquin, journaliste d’investigation et auteur d’innombrables ouvrages sur le Police, du roman à l’essai.
Commentaires
Bonjour Monsieur LE BARS, je suis en ce moment plongé dans votre livre "la haine dans les yeux", ce livre ma fait penser a ce que j'ai vécu durant ma carrière commencée en 1974, déjà à l'époque il y avait des violences de la part de jeunes "désœuvrés" mais pas à ce point, nous étions respectés, j'étais en uniforme et je rentrais très souvent à mon domicile en tenue, j'ai été parfois importuné, mais dans le contexte actuel, il serait suicidaire qu'un policier quittant son service en tenue surtout la nuit rentrerait chez lui sans encombre... Je vous félicite d'avoir écrit ce livre, c'est la réelle perception de la vie de policier actuellement; et nos politiques ne font pas assez pour cette profession qui est un rempart pour notre république. Malgré tout, les critiques vont bon train a l'encontre de cette institution.
Ajouter un commentaire