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Thème
En 1983, la lettre qui contient le nom du gagnant du concours du projet tête Défense est décachetée. Il s’agit de l’architecte danois Johan Otto von Spreckelsen. Mondialement inconnu. Ce qui n’empêche pas François Mitterand de préférer son projet: une arche blanche d’allure cubique dont les arêtes vives dessinent la grâce, la beauté et l’idéal d’une forme parfaite.
Six années séparent ce moment des fêtes de commémoration de la Révolution où la Grande Arche de Spreckelsen doit être inaugurée. Mais ce sera sans lui car il meurt entre temps. La construction de l’Arche va alors cristalliser des conflits de pouvoir inimaginables. Laurence Cossé raconte cette aventure qui est une vraie odyssée. Dans un style neutre qui rappelle celui du journalisme par les très nombreux points de vue et les citations qu’elle emprunte, elle fait un portrait sans concession du monde des affaires, de la politique et plus subtilement d’un architecte artiste qui aura rêvé plus que réalisé son chef d’œuvre.
Points forts
- L’idée de vouloir raconter une "histoire" à partir d’un évènement, fictionnellement parlant, improbable, ne manque pas d’audace! Laurence Cossé tente de trouver un équivalent épique des travaux d’Hercule pour les Grands Travaux de la République… entre les commanditaires et la maitrise d’œuvre! Elle tente et elle fait mouche…parfois.
- Entre le poète et l’ingénieur, entre le lyrisme et la rigueur c’est toute la dialectique de la création qui est en œuvre dans ce récit d’une construction hors norme.
- On apprend beaucoup sur la conduite d’un grand projet et il faut saluer l’effort de pédagogie de la part de Laurence Cossé même s’il ne parvient pas à s’affranchir d’un certain didactisme.
Quelques réserves
Précisément, le didactisme propre à cette vaste enquête qui court sur toute la réalisation des travaux apporte comme une ombre à l’entreprise romanesque de l’auteur.
Encore un mot...
"La Grande Arche" est-il un roman, un récit, une enquête documentée ? Ecrire sur un tel sujet est en soi une sorte de défi auquel répond le défi de la construction de l’Arche, monument symbolique, politique et quelque peu « magnétique ». Il me semble que la question qui se pose est celle du style et donc de la forme. Laurence Cossé s’est attaquée à un mythe: L’Arche de la Défense. Mais c’était sans compter que seuls les plus grands parviennent (Zola, Hugo, Vernes) par le génie propre de la métaphore, par une poétique de la langue appropriée, à faire vivre de façon organique les sujets qui les dépassent. En deça on reste dans le journalisme documentaire. Florence Cossé réussit malgré tout à glisser de beaux aperçus esthétiques.
Une phrase
"Si l’Arche est ce qu’elle est, cette Porte de Paris si puissante et si singulière, c’est que Spreckelsen était inexpérimenté, déraisonnable, non conforme et d’une folle présomption. Les concours ouverts créaient des appels d’air, des appels de neuf, de risque. Ils donnaient sa chance à Icare."
L'auteur
Laurence Cossé, née en 1950, est l’auteur de treize romans - "Le Coin du Voile", "La Femme du Premier Ministre", "Au Bon Roman" etc...-, de nouvelles, de pièces pour le théâtre et la radio. Elle a été journaliste, critique littéraire et producteur à la radio et dans ce cadre a réalisé des interviews de Tarkovsky, Borges, Suzanne Lilar. Elle a reçu en 2015 le Grand Prix de littérature de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre.
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