La France étroite
Infos & réservation
Thème
La modernité, c’est fini : nous sommes entrés en postmodernité. L’état nation ne peut plus porter comme autrefois les aspirations de nos populations. Ceux qui nous gouvernent doivent simplement constater que nous n’existons plus autrement que par la mosaïque de tribus que nous constituons. L’état doit donc respecter ces tribus dans leurs aspirations propres, les laisser vivre et contribuer ainsi à la vitalité extraordinaire qui émanent d’elles et à l’enrichissement humain qui en découle. Il n’a plus rien à gérer, plus rien à conseiller ni à déconseiller. D’ailleurs, comme elle s’appauvrit de jour en jour, la fonction publique a de moins en moins à donner, y compris sur le plan pratique. L’essentiel de l’ouvrage est une réflexion à 95 pour cent théorique voire philosophique sur ces tribus.
Points forts
1) Le thème des tribus qui coexistent en France : voilà un sujet intéressant. J’ai bien aimé
l’unique chapitre, du à Hélène Strohl, qui établit une forme de classement et de description de ces
groupes - malgré un manque d’objectivité quand elle exprime sans le justifier son dégoût
pour certains d’entre eux, les cathos et les bobos en particulier.
2) L’analyse de l’apport d’internet et des réseaux sociaux au développement de ces
communautés.
3) La constatation du développement du sacré et de l’entraide.
Quelques réserves
1) Membre éminent de la tribu des universitaires, monsieur Mafessoli emploie un langage tribal
qui limite son lectorat aux seuls initiés : économicisme, reviviscence, écosophie, exotérique,
hétérolie, proxémie, adombrement, frairie, posture judicative : voici quelques exemples de
mots choisis au hasard des page. Je pense aux réactions de mon correcteur d’orthographe, qui en reconnait certains quand même...
2) Le lecteur n’est pas porté par une idée, une histoire, un projet : reconnaître ce phénomène
de tribu, qui existe d’ailleurs depuis l’aube de l’humanité, gloser de manière toute
intellectuelle et suffisante autour de cela et accuser, sans arguments aucun, nos gouvernants
de ne pas vouloir les accepter, cela tourne en rond. Il y a une tribu qui est la mauvaise : la
fonction publique, ceux qui nous gouvernent et les journalistes, tous dans le même sac. Ils
ont tort, point. Ce sont des bobos : circulez, il n’y a rien à voir. Pas une idée pratique n’est
apportée pour mieux gouverner la mosaïque en question sauf avoir un regard bienveillant –
Ce qui ne serait pas le cas, point final !
3) Des contradictions. Au moins une d’envergure. Au début du livre : twitter et tous les réseaux
sociaux ne sont que les véhicules d’un bavardage pour ne rien dire (gazouillements). Vers le
milieu : c’est sur les réseaux sociaux que tout se dit, que tout se passe.
4) Sur 225 pages, dix lignes seulement pour la tribu des extrémistes islamistes. Tout irait bien si
les bobos n’avaient pas autant tiré à vue sur tout ce qui est sacré : avec leur fanatisme de la
laïcité, c’est bien normal que nos gouvernements aient des ennuis. Là non plus, pas de
proposition concrète, sinon laisser s’épanouir cette tribu-là comme les autres.
Encore un mot...
Le sujet m'intéressait, et, malgré tout, ce fut une épreuve d'aller au bout du livre.
Une phrase
« Car c’est cela, la substitution essentielle. Au drame bourgeois, celui du théâtre de boulevard et de la
dialectique, drame postulant que tout a une solution, une résolution, est en train de succéder un
tragique qui, lui, est aporique, sans solution. En d’autres termes : de l’histoire du destin. »
L'auteur
Professeur des universités, à la Sorbonne jusqu’en 2012, Michel Mafessolicontinue à diriger le Centre
d’Etude sur l’actuel et le quotidien. Auteur très controversé dans ses méthodes, il a publié de très
nombreux essais et articles, essentiellement sur le thème de la postmodernité.
Après des études d’Histoire, Hélène Strohl est entrée à l’ENA. Inspectrice Générale des Affaires
Sociales, elle est l’auteur de "L’Etat Social ne fonctionne plus"(2008), mais aussi de plusieurs romans.
Ajouter un commentaire