La désindustrialisation de la France, 1995-2015
Mai 2022
394 pages
27.90€
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Thème
Nicolas Dufourcq, directeur général de BPIfrance, a interrogé 47 chefs d’entreprises (comme Plactic Omnium, Tournus, Essilor..) et anciens ministres (comme Renaud Dutreil, Jean-Pierre Chevènement…) afin d’expliquer quand, pourquoi et comment l’économie française s’est désindustrialisée plus rapidement que les autres pays de l’Union européenne. La valeur ajoutée industrielle ne représente plus que 11% du PIB et 2,7 millions d’emplois en France, contre 25% du PIB et 7,5 millions d’emplois en Allemagne. Le repli industriel français a été amorcé au cours des années 1970, puis s‘est accéléré entre 1995 et 2015, pour ensuite se stabiliser.
Points forts
Nicolas Dufourcq identifie les causes du « désastre industriel » qui sont multiples et complexes. Certaines sont bien connues : le choc de la concurrence après l’ouverture des marchés, l’imposition de la semaine des 35 heures, l’alourdissement des impôts (notamment de production) et des charges sociales, l’inflation réglementaire, la complexité du droit du travail, la rigidité des partenaires sociaux… Mais certaines raisons sont moins invoquées : les échecs successifs des plans de relance de l’industrie, la désintégration de certaines filières et la formation de friches industrielles sous l’effet des délocalisations imposées aux sous traitants par les grands groupes issus des « 30 glorieuses », le désintérêt des jeunes générations pour les métiers techniques au profit des emplois publics puis des services internet, la fascination des Français pour le « mythe post-industriel » et le monde sans usine (fabless) ...
Quelques réserves
Nicolas Dufourcq présente les actions menées par sa banque auprès des PME-PMI mais il développe insuffisamment les propositions concrètes en faveur de la réindustrialisation de la France. Il estime que la relocalisation des usines implantées à l’étranger sera limitée, et que le renouveau de la French fab sera possible grâce à des synergies avec la French tech et les start’up industrielles, afin de stimuler la recherche appliquée, la montée en gamme et la robotisation des processus.
Il soutient également, sans trop d’originalité, que la relance industrielle repose sur des allègements fiscaux en faveur des PME, sur une simplification des règlements (notamment du droit du travail), des normes et des contrôles, ainsi que sur des relations sociales plus apaisées et une revalorisation de l’enseignement technique.
Encore un mot...
La plupart des interlocuteurs de Nicolas Dufourcq reconnaissent les progrès accomplis depuis 2015 mais considèrent que le redressement sera encore long et difficile.
Je recommande de lire cet ouvrage “en priorité” car il analyse un des grands drames de l'économie française dont nous allons subir durablement les effets.
Une phrase
Le prologue du livre résume son objet : « La désindustrialisation est une moment majeur de l’histoire de la France, et pourtant, elle est couverte d’un halo de mystère ».
L'auteur
Nicolas Dufourcq a commencé sa carrière comme haut fonctionnaire nommé à l’inspection des finances. Depuis 2013, il est directeur général de la Banque Publique d’Investissement (BPIfrance), banque qui, sur son site, est ainsi présentée : “ Elle offre une palette de solutions de financement et d’accompagnement adaptées à chaque étape de la vie des entreprises partout sur le territoire à travers ses 50 implantations régionales. Bpifrance soutient chaque année 80 000 entreprises françaises, de la TPE à l’ETI, accélère leur développement en France comme à l’international et renforce leurs capacités d’innovation”.
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