La chute de Nixon
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Thème
Dans la galerie des présidents des Etats Unis, Nixon est aujourd’hui considéré comme l’un des pires, juste après Buchanan (1857-1861), rendu responsable de la guerre de sécession. Pourtant à bien considérer son bilan, il est l’un des présidents américains qui a le plus marqué son temps, ne serait-ce que par quelques décisions capitales, comme la reconnaissance de la Chine communiste en 1972 ou la rupture du lien fixe entre l’or et le dollar, à l’été 1971.
C’est cette énigme que Georges Ayache s’efforce de décrypter, en analysant sa carrière fulgurante et sa personnalité complexe et complexée. Son ouvrage, intitulé La Chute de Nixon, est en réalité une biographie de ce personnage aussi brillant que décrié dont la démission en 1974 demeure un traumatisme majeur de la vie politique américaine.
Points forts
Fin connaisseur de l’Amérique de l’après-guerre, Ayache livre pléthore de détails sur la montée en puissance du futur président. Issu d’un milieu très modeste de Californie, Nixon se fait élire contre toute attente membre du Congrès, puis sénateur de Californie, avant d’être choisi par Eisenhower comme colistier pour les élections présidentielles de 1952, ce qui lui vaut de demeurer vice-présidents des Etats Unis jusqu’en 1961. Battu par JF Kennedy en 1960, dans des conditions d’une régularité douteuse, il est élu président en 1968 et réélu en 1972 avant de démissionner pour cause de “Watergate“ en 1974. C’est l’occasion pour Ayache de décrire avec justesse cette Amérique anti-communiste des années 1950/1960, celle du Maccartisme, de la guerre du Vietnam…
Le portrait psychologique de Nixon est également très réussi : introverti, complexé par son milieu d’origine, peu à l’aise dans un Washington dans lequel les libéraux WASP de la côte Est, post-rooseveltiens, tiennent encore le haut du pavé, il est très tôt la cible de la presse, largement entre les mains de ces derniers ; il est “Tricky Dicky“, Richard le tricheur, sans rémission, mais surtout sans justification probante.
Là où l’ouvrage de Georges Ayache est passionnant, c’est dans l’analogie implicite que le lecteur ne peut manquer de discerner avec l’époque actuelle : objets d’une même détestation des media libéraux, porte-drapeaux d’une Amérique méprisée par l’Amérique “progressiste“, Nixon renvoie à Trump et l’Amérique brisée d’aujourd’hui à celle qui se déchirait sur la guerre du Vietnam.
Quelques réserves
Le style d’Ayache est fluide, agréable à lire et son propos d’une grande clarté ; pourtant le lecteur se prend à rêver que la description de la chute elle-même, de l’affaire du Watergate, emprunte plus à la tragédie shakespearienne qu’à une enquête de police, que le portrait psychologique de Nixon qui paraît avoir sombré dans l’incohérence et la démence reflète davantage le bruit et la fureur. Mais c’est un péché bien véniel.
Encore un mot...
Considéré comme une mise en abîme de l’expérience Trump, La Chute de Nixon ouvre un champ de réflexion passionnant sur la vie politique américaine, le rôle qu’y jouent les média et la permanence de factions aussi irréductibles l’une à l’autre que l’eau et le feu.
Une phrase
«Dès le départ, Nixon sait à quoi s’en tenir. Ces manifestations aussi hystériques que caricaturales ne préfiguraient rien de bon. Des démonstrations d’hostilité agitaient les rues de la capitale fédérale alors même que le nouveau président n’avait pas encore pris sa première décision. Il ne serait pas dit qu’il lui serait consenti ne fût-ce qu’une heure de répit.» P.200
L'auteur
Personnage aux multiples facettes, Georges Ayache fut tour à tour, et parfois simultanément, journaliste, fonctionnaire, diplomate… Il est avocat et écrivain et a publié de nombreux ouvrages dont plusieurs sur les Etats-Unis. Citons notamment, toujours chez Perrin, un parallèle entre JFK et Nixon : Kennedy, Nixon : les meilleurs ennemis, Les Présidents des Etats-Unis et un ouvrage consacré à Joe Kennedy.
Sur Culture-Tops, vous trouverez d’autres ouvrages de Georges Ayache chroniqués par Jean-Pierre Tirouflet :
sur le retour du Général de Gaulle ou sur John Fitzgerald Kennedy.
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