Justice parallèle, justice partiale
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Thème
Les « réseaux sociaux » peuvent-ils porter atteinte à l’indépendance de la justice ? Comment protéger les salles d’audience de « l’air du temps » ? Peut-on faire confiance aux algorithmes pour mener une enquête criminelle ? Lorsqu’une vérité judiciaire, établie par un tribunal après un débat contradictoire, se trouve remise en cause par une pseudo-vérité bricolée sur le Web, l’institution n’est-elle pas menacée ? Comment peut-elle se défendre face à cette justice parallèle « on line » s’apparentant à une « loi du Lynch version 2.0 » ?
Points forts
Un livre incontestablement bien documenté, analysant avec précision plusieurs dossiers criminels ayant défrayé la chronique ces dernières années (Cécile Bourgeon, Jacqueline Sauvage, Francis Heaulme). Le versant judiciaire s’y trouve confronté aux pressions et rumeurs de la toile qui, parfois, non contente de remettre en cause un verdict, va jusqu’à s’offrir le luxe de proposer les noms de potentiels coupables …
L’auteur s’intéresse également au logiciel Anacrim (acronyme d’analyse criminelle), utilisé par la gendarmerie depuis 1995, supposé synthétiser les milliers de pages composant certains dossiers criminels non élucidés, afin d’en faire émerger de nouvelles hypothèses, utilisé récemment (avec un succès relatif) dans les affaires Dils-Heaulme et Grégory.
Quelques réserves
Frédéric Valandré a ses marottes : l’affaire d’Outreau et l’affaire Grégory. Était-il vraiment nécessaire de revenir sur la première (tout en a été dit) et d’évoquer la seconde, toujours en cours, sans prendre le risque de tomber dans le travers dénoncé ?
De même, à trop vouloir prouver, à trop citer les inepties, injures, attaques ad hominem circulant sur le web, une réflexion vient à l’esprit : la meilleure façon d’y résister ne consisterait-elle pas à les ignorer ?
Encore un mot...
Un livre destiné aux afficionados des faits divers.
Une phrase
(Sur l’affaire Jacqueline Sauvage, condamnée à deux reprises à dix ans de réclusion criminelle pour le meurtre de son mari, devenue, via Muriel Robin, l’emblème de la lutte contre les violences conjugales).
« Rappelons que les cours d’assises du Loiret et du Loir-et-Cher étaient présidées par des femmes, le ministère public par une avocate générale dans le Loiret, et que le jury, mixte et paritaire à Orléans, contenait cinq femmes pour quatre hommes à Blois. (…) La campagne en faveur de Jacqueline Sauvage portera ses fruits : le président Hollande accordera à la condamnée une remise gracieuse de sa peine d’emprisonnement de deux ans le 31 janvier 2016, puis une grâce totale le 28 décembre suivant. Notons tout de même qu’entre ces deux décisions, la libération conditionnelle avait été refusée à l’intéressée par le tribunal d’application des peines de Melun le 12 août, refus confirmé par la cour d’appel de Paris le 24 novembre. (…) Il est permis de se demander si le président de la République a pris cette décision pour réparer une erreur judiciaire ou pour complaire à une partie de l’opinion qui s’était exprimée via une pétition en ligne ».
L'auteur
Frédéric Valandré, docteur en Histoire contemporaine, se définit lui-même comme un autodidacte du droit pénal. Il épluche les chroniques judiciaires, compile les « tweet live » émis depuis les salles d’audience, se procure les procédures, farfouille dans les forums les plus obscurs pour saisir le pouls des internautes. A l’arrivée, cinq livres à son actif, dont Coulisses judiciaires, préfacé par le juge Lambert.
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