Jeunesse
235 pages - 18 €
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C'est parce que Pierre Nora, né en 1931, est devenu le patriarche de sa tribu familiale et l'un des derniers témoins de l'une des époques culturelles les plus effervescentes - de 1945 aux années 2000- que sa famille et ses amis l'ont souvent pressé d'écrire ses Mémoires. Il s'y est mis, enfin, pendant le 1er confinement.
Mais, dit-il, « écrire ses Mémoires suppose un récit continu et organisé. Or ma vie personnelle résiste à ce genre de composition. C'est peut-être là ce qui fait la singularité que l'on voudrait me voir exprimer. Mes souvenirs se refusent à s'organiser en un ensemble cohérent. Peut-être parce que cette vie n'a pas été le choix d'un parcours, le déploiement d'un projet, mais d'une succession de blocs, faits d'expériences hétérogènes. »
Il ne s'agit donc pas ici de Mémoires mais d'un mélange de « lieux de mémoire » et d'une « ego-histoire ». Ce qu'on appelait autrefois un roman d'apprentissage. Jeunesse nous révèle que Pierre Nora considère ne s'être jamais tout à fait détaché du poids de sa jeunesse, « une jeunesse qui m'a fait ce que je suis ».
Benjamin d'une famille juive parisienne, bourgeoise et républicaine, Pierre Nora découvre sa judéité en 1940. Il raconte ses années de guerre, de 9 à 13 ans, à Grenoble puis dans le Vercors où il est réfugié avec sa mère, sa sœur et ses frères entrés dans la Résistance et à qui il porte des messages malgré la peur et les dangers. Son père, chirurgien resté à Paris, échappe à la grande rafle grâce à un collabo dont, avant-guerre, il avait soigné la compagne. Bien que son petit noyau familial soit sorti indemne de ces années sombres, Pierre Nora garde une « inconfiance » qui l'a toujours tenaillé ainsi que le sentiment du tragique de l'Histoire.
En 45, retour à Paris, la famille réunie, les études, les amours, le goût de la liberté et quelques difficultés pour se plier aux normes universitaires après ses années de guerre.
Collé à Normale-Sup - une humiliation fondatrice -, il est reçu à l'agrégation d'Histoire.
Happé par la vie intellectuelle de l'Après-guerre, il gravite dans une galaxie d'amis historiens, écrivains, poètes, éditeurs, journalistes et hommes politiques du moment ou en devenir.
Si Pierre Nora a choisi, pour l'instant, de raconter ses souvenirs personnels et familiaux et non ses souvenirs d'éditeur et d'historien, c'est, écrit-il en guise de conclusion, parce que « J'ai paré au plus pressé, au moins connu, et à ce qui, de ma jeunesse, me tient le plus à coeur ».
Points forts
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Le style vivant et élégant, l'écriture précise et sobre.
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La sensibilité et la sincérité des portraits de sa famille et de ses amis.
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Ses amours avec la belle Marthe, adulée de tous ceux qui la rencontraient (une princesse malgache qui avait, entre autres poètes, inspiré René Char dans Le Poème pulvérisé : Marthe,...fontaine où se mire ma monarchie solitaire,...).
Quelques réserves
Je n'en vois aucun.
Encore un mot...
Le charme, la mélancolie et la spontanéité de ces souvenirs racontés « à bâtons rompus » nous embarquent d'emblée. Impossible qu'il n'y ait pas une suite !
Une phrase
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« Il [le père de P.Nora ] concluait souvent d'une phrase qui me semble aujourd'hui exprimer la vérité des choses : '' Somme toute, tu n'as jamais rien fait comme les autres''. » p.130
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« Le fait d'avoir été le benjamin de la famille et d'avoir surtout passé mon temps à écouter et à regarder les autres s'agiter a sans doute commandé ma constante manière d'être dans la vie : l'écart, le décalage, la priorité à l'oreille et à l'oeil, l'observation plutôt que l'action, la distance critique. [... ] Cette place en retrait, aux aguets, a pu donner de moi l'impression d'être un « homme de l'ombre », un personnage en mode mineur, peu disposé à occuper les premiers plans. Du monde, de l'action, de l'histoire, des médias, je me suis fait le « regardeur ». [... ] Le « regardeur » est par définition un esprit critique, porté à débusquer les postures sociales et à raconter des histoires, celles que condense ce petit livre. » p. 229 et 232.
L'auteur
Historien, membre de l'Académie française, éditeur, et directeur de la revue Le Débat (1980-2020), Pierre Nora est notamment l'auteur, aux éditions Gallimard, d'Historien public (2011), de Présent, nation, mémoire (2011), et de Recherches de la France (2013). Il a également dirigé Les Lieux de mémoire (1984-1993). Il est l'un des principaux représentants de « La Nouvelle Histoire », un courant historiographique apparu au début des années 1970 qui s'attache en priorité à l'histoire des mentalités, des idées et des sensibilités.
Commentaires
Très admirative de Pierre Nora comme historien superbe préface dans le livre de Custine.
Quelle déception dans la lecture d une mémoire : Jeunesse.
Ni fait ni a faire!! Où est l homme cultive et riche d'idées. C'est très ennuyeux et décevant. Pierre Nora existe mais dans ""Jeunesse "" je ne le connais pas.
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