Ils détestaient de Gaulle
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Thème
Dans la floraison d’ouvrages parus à l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort du général de Gaulle, l’opus de M. Broche adopte une approche originale, celle des ennemis du général, et Dieu sait s’il en avait !
De fait, on oublie facilement, aujourd’hui, alors que ses thuriféraires, de l’extrême droite à l’extrême gauche, poussent comme champignons en automne, combien celui-ci a été vilipendé, brocardé, haï. C’est donc une façon efficace et intéressante de revenir sur la vie et l’œuvre de de Gaulle, en en traçant une sorte de portrait en creux.
Points forts
M. Broche est manifestement un grand spécialiste du général de Gaulle. Il nous livre un récit de la geste gaullienne truffé d’anecdotes et de personnages qui ne sont pas tous connus et célèbres. A côté d’un Roosevelt ou d’un Salan dont la détestation de de Gaulle est bien connue et documentée, une foule de personnages secondaires, opposants de toujours ou déçus du gaullisme, forment la cohorte des ennemis mortels du “grand Charles“.
De Londres à Alger, des américains provichystes à l’OAS, des Français de Londres à ceux de New York, M. Broche fait revivre à ses lecteurs la vie du général et surtout les difficultés auxquelles il n’a cessé de se heurter tout au long de sa carrière publique. C’est à la fois sa personnalité –qui laissait peu de prise au sentiment– que son action politique et ses décisions, voire les procès d’intention qu’on lui intentait qui suscitaient cette foule d’opposants sans nuances.
C’est vivant, facile à lire et riche d’informations.
Quelques réserves
Le plan du livre est étrange. Tout à sa méthode originale de “portrait par l’animosité“, l’auteur semble avoir constamment hésité entre la nécessité de remplir les chapitres qu’il a prédéfinis (détruire de Gaulle, remplacer de Gaulle…) et la chronologie de l’action publique du Général. S’il n’est pas spécialiste de la période, le lecteur pourrait être désorienté.
D’ailleurs l’auteur revient à un plan quasi chronologique dans les derniers chapitres.
Mais surtout, certains opposants majeurs n’apparaissent que furtivement dans le livre ; ainsi le parcours de Soustelle, fidèle d’entre les fidèles avant de devenir un adversaire résolu, méritait peut-être un développement supplémentaire.
Encore un mot...
Un livre bienvenu pour rappeler combien le parcours du général de Gaulle a été loin de l’irénisme dont on a tendance à l’affubler aujourd’hui.
Une phrase
« A toutes les époques, les antigaullistes n’ont cessé de s’en prendre d’abord à l’homme : à son aspect physique, à la rudesse de ses manières, à son autoritarisme, « le peuple était disponible pour ce que représentait le gaullisme et parfois indisposé par celui qui le représentait », remarque Olivier Guichard. » p. 292
L'auteur
Fils d’un compagnon de la Libération, officier tué à la bataille de Bir Hakeim, M. Broche, très engagé dans les institutions qui perpétuent la geste gaullienne, a écrit de nombreux ouvrages sur le général de Gaulle ainsi que des livres sur les assassinats célèbres (Lemaigre-Dubreuil, Dollfuss, Jaurès…) dont il semble s’être fait une certaine spécialité. Son ouvrage avec JF Muracciole Histoire de la collaboration a été chroniqué sur Culture Tops.
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