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Thème
Après « une brève histoire de l’avenir » (2006), ce petit livre (200 pages dont 17 de bibliographie) veut faire l’histoire du concept de modernité pour, in fine, tenter d’anticiper comment, en 2030, la génération future anticipera le monde de 2060.
L’auteur nous rappelle en cours de route que le mot de «Modernité» date de 1822 et est associé au romantisme et à la gauche.
Points forts
- Une histoire de l’humanité en 120 pages, découpée en trois étapes jusqu’au début du vingtième siècle :
- Jusqu’au 3ème siècle de notre ère l’individu émerge du groupe, c’est la modernité de l’être que le philosophe néoplatonicien Plotin exprimerait tout en annonçant l’étape suivante.
- Jusqu’en 1400, c’est la modernité de la foi qui n’est plus faite de progrès humain et d’innovation technique mais de préparation terrestre à la vie après la mort.
- Du 15ème à la fin du 19ème siècle, la raison s’impose progressivement en économie (marché), en politique (démocratie) et en sciences pour aboutir au triomphe de ce que J. Attali appelle la démocratie de marché, dont on comprend qu’il s’agit, en réalité, d’une victoire sans partage de la bourgeoisie sur les prolétariats et les colonies, tous écrabouillés.
- Le vingtième siècle fait l’objet d’un traitement spécifique en 40 pages, avec une première période, jusqu’en 1960, où les maîtres du soupçon (Nietzsche, l’artisan du nihilisme, et Freud; mais sans Marx), les guerres et autres totalitarismes mettent un coup d’arrêt à l’espoir de progrès permanent.
- A notre époque contemporaine, la raison semble reprendre le dessus mais sans cap, et l’apologie du neuf pour le neuf tourne dans le vide. Alain Finkielkraut ne renierait pas l’analyse que J. Attali fait de ce qu’est devenu l’art contemporain.
- C’est sur cette fresque historique qui perd progressivement le nord que l’on arrive à la question : Comment pensera-t-on l’avenir du monde en 2030 ?
Sept possibilités sont recensées qui consistent toutes, sauf une, à prolonger les tendances existantes et à aller dans le mur de l’hypermodernité, à plus ou moins brève échéance. L’hypermodernité est définie, sans référence au postmodernisme (Lyotard, Lipovetsky) , comme une généralisation de la concurrence à tous les domaines, y compris à ceux qui en sont aujourd’hui protégés, et est assimilée à une forme de suicide collectif.
Reste une seule possibilité : la modernité de l’altruisme, PlaNet Finance oblige, évoquée en 5 pages comme la seule issue positive à l’espèce humaine, sans que l’on comprenne le pourquoi ni le comment de cette affirmation.
Quelques réserves
- Jacques Attali s’attaque sans complexe à un sujet d’histoire des mentalités et de prospective (hyper)difficile en balayant les siècles et en assénant ses vérités. Le moins qu'on puisse est qu'il ne fait pas preuve d'une grande humilité (qualité pourtant indispensable à l’altruisme...).
- Une bibliographie monumentale ne suffit pas pour avoir une vision planétaire et devenir divin, ni même devin.
- Suggestion personnelle: pour ceux qui veulent approfondir les passionnantes notions de post et d’hypermodernité, je conseille l’article suivant : http://www.revueargument.ca/article/2005-10-01/332-de-la-postmodernite-a-lhypermodernite.html
Encore un mot...
Une fresque historique de second choix.
L'auteur
Jacques Attali, né en 1943, a publié plus de soixante ouvrages, sur des thèmes variés touchant à la politique, à l’économie, à la sociologie, à l’histoire. Comme il le dit lui-même de lui-même, il a toujours été en avance sur les autres, ce qui lui a permis d’enchaîner les succès scolaires (Major de Polytechnique, presque major de l’ENA, Doctorat d’Economie) et d’avoir une brillante carrière professionnelle (Conseiller spécial de François Mitterrand, Président démissionnaire de la BERD et dorénavant apôtre de la microfinance avec sa structure PlaNet Finance). Tout est à sa portée y compris la musique puisqu’il est chef d’orchestre.
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