François Mitterrand, journées particulières
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Plus de 500 ouvrages ont été consacrés à Francois Mitterrand, alors, vous direz-vous, pourquoi un livre de plus ?
L’idée en est simple : à travers le récit de 176 journées particulières, Laure Adler retrace le parcours extraordinaire de l’ancien Président, depuis son arrivée à Paris en 1934, jeune provincial catholique entrant à Sciences-po, jusqu'à sa disparition annoncée, 61 ans plus tard, s'étant hissé, à force de ténacité, à la tête de la gauche française, puis à celle de l'Etat.
Chaque jour raconte une courte histoire : celle de ses affections littéraires, celle de ses premiers coups en politique, de ses premières amours, de ses rencontres. de proche en proche, c'est toute la vie de cet ambitieux, prince de l'ambiguïté et maitre de la stratégie politique, qui défile sous nos yeux.
Les petits arrangements avec l'histoire côtoient les grands moments de ses septennats, les alliances tactiques côtoient les amitiés indestructibles, les conquêtes de passage coexistent avec les amours fidèles, et ces récits, juxtaposés, composent une mosaïque romanesque d'une acuité et d'un réalisme saisissants.
Points forts
Le principe de raconter l'histoire de Mitterrand à travers des journées précises rend le récit très vivant. Chaque chapitre est court, écrit au présent, souvent consacré à une action, un lieu, une ambiance. Malgré le temps écoulé depuis les faits, on est dans l'instant, on voit l'actualité se dérouler comme dans un journal.
· L’Histoire est évidemment au rendez-vous: on côtoie De Gaulle, son ennemi originel qu’il a fini par admirer, Mendes-France, Giscard, ou Georges Marchais dont il se méfiait; mais le récit reste léger; il est bourré d'anecdotes inédites et rapporte souvent le point de vue de l’entourage proche de Mitterrand, de ses conseillers, de ses amis. Il nous invite dans l’intimité des décisions d’un homme secret.
· La complexité, voire l’ambiguïté du personnage est mise à plat, le point de vue est distancié et relate autant ses erreurs que ses traits de génie.
· La première partie, consacrée au Mitterrand des années 50 et 60, est très bien documentée et retrace remarquablement le parcours sinueux de son engagement politique.
· La plume fine, parfois malicieuse, souvent tendre et toujours juste de Laure Adler est un délice pour le lecteur. L’ensemble se dévore comme un feuilleton addictif.
Quelques réserves
« Choisir c’est renoncer », disait Gide, alors on pourra regretter que certains sujets de sa période présidentielle, comme les cohabitations, ou bien les grands travaux, n’aient été que survolés, mais le livre est épais, et puis tant d’ouvrages y sont déjà consacrés...
Encore un mot...
A la manière d’un peintre impressionniste dont chaque touche serait la description réaliste d’une journée, Laure Adler dresse là, remarquablement, le portrait intime de François Mitterrand, et sa transformation de jeune premier de la politique de l’après-guerre en premier président de gauche de la Ve République.
Une phrase
Sa volonté de faire plier le monde selon ses désirs constitue pour lui une évidence. C’est ainsi. Il ne réfléchit pas aux conséquences. N’a-t-il pas écrit fort sérieusement à sa cousine Marie-Claire, il y a quinze jours : "Comment Dieu a-t-il pu créer le monde sans que j’en sois à l’origine?"
L'auteur
Journaliste, femme de lettre, éditrice, productrice de radio et de télévision, Laure Adler a écrit de nombreux essais et biographies, notamment sur les femmes politiques. Elle a été conseillère à la culture auprès de François Mitterrand, et a publié en 1995 "L’Année des adieux", une enquête sur la dernière année au pouvoir du président socialiste à l’Élysée.
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