Ethique et économie, comment sauver le libéralisme ?
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Thème
La nécessité de concevoir sous l’égide d’une assemblée de “grands sages mondiaux” une Charte éthique du libéralisme économique permettant d’aboutir à un corpus de propositions concrètes pour permettre aux parties prenantes de retrouver un sens « humain» au capitalisme libéral.
Points forts
Organisé sous la direction de Bernard Esambert, sous l’égide de l’Académie des Sciences morales et politiques qui abrite la Fondation “Ethique et économie”, avec le soutien du Président Bertrand Collomb, ce cycle de conférences tenu à l’Institut de France (entre décembre 2015 et juin 2017) a été prolongé par les rapports de 5 groupes de travail sur les différents aspects du sujet et publié en 2019. L’ addition de ces travaux permet de proposer une réflexion très approfondie sur «l’ éthique du système d’économie libéral » appelé aussi…capitalisme.
Sensibiliser, responsabiliser et faire agir les grands décideurs de la planète sur ce thème dont moult événements nous rappellent quasi quotidiennement l’actualité douloureuse, est devenu pour l’homme qui a publié Une vie d’influence (Flammarion), Bernard Esambert, une priorité majeure.
La richesse de son parcours, qui lui a fait connaître intimement les pratiques des hautes sphères politiques comme celles de la finance, de la science et des intelligences sous toutes leurs formes, lui a sans doute permis de percevoir mieux que quiconque l’urgence de répondre à la contestation qui s’amplifie et à la perte de pertinence et de sens de ce libéralisme qui, par delà ses effets bénéfiques nourrit les affrontements et détruit «les biens communs», ces ressources fournies gratuitement par la nature.
La mondialisation a transformé notre Planète en un champ de bataille sans morale ni spiritualité : « …S’il y a bien une mondialisation idéale, celle où le progrès de chacun contribue au progrès de tous.. » et, si le libéralisme des temps modernes a fait progresser la satisfaction des besoins vitaux, il a aussi creusé des écarts majeurs entre la société de consommation qui déborde de biens matériels et d’images pour les uns, sans procurer le minimum décent pour les autres. Ce constat lourd de conséquences rejoint en tous points les réflexions d’Adam Smith qui soulignait déjà que : « .. le libéralisme n’est légitime que s’il est inscrit dans un contexte institutionnel qui respecte la possibilité pour tous d’ accéder aux «bonnes choses de la vie»
Fort de ce constat et de ses convictions de « grand sage » et d’humaniste, Bernard Esambert s’est livré à une critique sévère des dysfonctionnements de l’économie de ce début du XXIè siècle. Dans sa note d’avril 2018 (publiée dans cet ouvrage) il souhaite la création d’un code moral qui «rende acceptable son fonctionnement à la majorité des femmes et des hommes, en recréant un peu de vertu et de grâce dans le système, en répondant aux aspirations et à l’immense désir de justice et de dignité.. »
La mondialisation s’est développée plus rapidement que ses nécessaires régulations par trop dispersées et en l’absence d’un code éthique mondial. Aussi propose-t- il en invitant les vingt deux prestigieux contributeurs à ce cycle ( de jean Tirole, Pascal Lamy, Michel Camdessus, des économistes et les représentants des religions monothéistes), comme l’ensemble des personnalités, morales, politiques ou intellectuelles à mettre « .. de l’ordre dans notre image du monde et de ne plus lire l’économie comme une religion sans tables de la loi .. »
Les quinze principaux domaines proposés à ces travaux passent en revue l’ensemble des grandeurs et misères du « système » : de la justice, première priorité, à la dignité, la fraternité, la solidarité, le travail des enfants, les égalités, le pouvoir et l’éthique dans l’entreprise, mais aussi la cupidité, la philanthropie, la corruption, les biens, la pauvreté et l‘environnement- écologie comprise …
Mais La pandémie mondiale a retardé les avancées vers la constitution de cette « assemblée mondiale » que Bernard Esambert appelle de ses vœux .Elle devrait être composée des représentants des courants éthiques se reconnaissant dans ces principes du « vivre ensemble » et au-delà ,elle permettrait l’émergence d’un libéralisme tempéré qui y gagnerait de nouvelles lettres de noblesse. La publication d’une charte éthique par un groupe de “Sages” permettrait sans doute de «.. fabriquer une nouvelle Histoire du Capitalisme libéral ..» qui devra beaucoup, pour sa renaissance ,à la détermination de Bernard Esambert.
Quelques réserves
Le retard dans la mise en action de « l’ Assemblée des Sages », conséquence du contexte pandémique et de la disparition du Président Bertrand Collomb, n’ a pas encore permis la publication de « la Charte Ethique » dont les préceptes et principes sont déjà largement débattus.
Encore un mot...
Cette turbulente année 2020, avec son cortège de brumes sanitaires s’achève avec cette lueur d’espérance portée par la très remarquable publication des actes de la Fondation « Ethique et Economie».
Une réflexion d’une richesse, intellectuelle, éthique, morale d’une rare qualité, accessible à tous publics.
Une phrase
« Il ne sert à rien de danser la danse du scalp devant le libéralisme et de le vouer aux gémonies, il faut simplement le doter d’un code moral qui le rende acceptable à la majorité.. » page17
« Un code moral peut se concevoir indépendamment de toutes bases religieuses ; néanmoins, un code éthique ne pourrait-il pas être bâti sur des convergences et des domaines communs entre les différentes religions ? » page18
L'auteur
Proche collaborateur du Président Pompidou, dirigeant d’une prestigieuse Compagnie financière, ancien Président de Polytechnique et de l’Institut Pasteur, Président de nombreuses organisations caritatives, auteur d’ouvrages qui ont fait date (notamment La guerre économique mondiale, Olivier Orban) Bernard Esambert est reconnu par ses pairs comme l’une des grandes références morales et intellectuelles contemporaines.
Le clin d'œil d'un libraire
LIBRAIRIE AUGUSTE BLAIZOT. QUAND LE LIVRE DEVIENT UNE ŒUVRE D’ART
Faire du lèche vitrine rue du Faubourg Saint Honoré à Paris n’est plus un luxe mais cela reste un privilège surtout lorsqu’on a la chance d’entrer au 164 chez Claude Blaizot dans la librairie éponyme de père en arrière petit- fils depuis 1870, ou au 178, chez notre ami Jean Izarn qui a repris la fameuse librairie Chrétien ou encore dans la librairie Picard au 128. Blaizot est, on peut le dire, un monument historique, le temple du livre rare, sinon unique, le royaume du livre précieux dans tous les sens du terme. « Chez Blaizot, nous sommes tout autre chose que des commerçants. Nous sommes des artisans-libraires ». Sous leur enseigne sont réunis depuis des générations tous les métiers du livre d’art : éditeur, typographe, illustrateur, relieur, collectionneur bien sûr et avant tout découvreur.
Les éditions les plus rares sont à découvrir chez Blaizot, uniques sont certains exemplaires anciens, très limités sont les tirages. Mais le prix n’attend pas le nombre des années. Surprenant : un Houellebecq relié tiré sur Velin d’Arches à 120 exemplaires vaut ici 3 000 euros, un Le Clézio plus de 2 000 ! « Notre coup de cœur : Petits et grands verres, écrit et illustré par Laboureur, édité en 1927 (Au Sans Pareil éd. Tirage, 270 ex. !) ». Le prix ? Celui d’un Château Petrus 1947…
Que l’on se console : une simple visite vaut le « coup » d’œil : décor art déco 1920 dans son jus, vitrail du maître verrier Grüber, poème de Pierre Lecuire, « l’architecte du livre », selon Claude Blaizot (« il voit des âmes au plafond… »). Partage d’émotions garanti avec le maître des lieux : «Là où on peut donner le plus de soi, c’est dans l’édition, et le tourment le plus dur du libraire, c’est justement de se séparer d’un ouvrage qu’on a près de soi ».
Librairie Auguste Blaizot, livres précieux : 164, Faubourg St Honoré 75008 PARIS Tel. 01 43 59 36 58
Texte et interview par Rodolphe de Saint-Hilaire pour la rédaction de Culture Tops.
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