Et encore… je ne vous dis pas tout !
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Thème
A bientôt soixante-treize ans, le comédien Bernard Menez se retourne sur son parcours professionnel et publie un recueil de souvenirs.
Points forts
1) Il y a un malentendu « Bernard Menez », comme souvent avec les comédiens prisonniers de leur image ou de leur emploi. Un malentendu que ce livre bien écrit et bien construit (bravo à Carole Wrona qui a tenu la plume) dissipe complètement. Parce que Bernard Menez a joué presque toujours des rêveurs naïfs et des bredins maladroits, on a eu vite fait de le confondre avec ses personnages. Or on découvre au fil de ces pages qu’il fut un élève brillant (maths sup, maths spé), puis un bon professeur de mathématiques, qu’il est à ses heures pilote d’avion et qu’il s’est même lancé un temps dans la politique. Se passant très bien d’un agent, il négocie lui-même ses contrats. L’anecdote qu’il raconte à ce propos sur le tournage de « La Grande Bouffe », à ses débuts, est très révélatrice. Les grands comédiens sont toujours plus complexes qu’il n’y paraît.
2) Même si son nom reste attaché à de nombreuses grosses comédies françaises et à pas mal de nanars (il le reconnaît lui-même et les assume totalement), c’est oublier un peu vite qu’il a commencé dans le métier avec trois grands cinéastes : Jacques Rozier, François Truffaut et Pascal Thomas, auxquels il rend un hommage reconnaissant.
3) Jolie déclaration d’amour au théâtre de boulevard, si souvent décrié par les têtes pensantes. Bernard Menez a joué une quinzaine d’années au Théâtre Michel les pièces de son directeur, Marc Camoletti, l’auteur de « Boeing Boeing ». Et le moins que l’on puisse dire est qu’il ne crache pas dans la soupe. « Le théâtre de boulevard ne peut être rangé dans la catégorie des sous-genres », affirme-t-il.
Il rappelle aussi son bref passage à la Comédie-Française. Invité comme pensionnaire par l’administrateur général de l’époque, le grand metteur en scène Jacques Lassalle, il n’est resté que six mois dans la maison de Molière. Victime d’une cabale et d’un accueil glacial, il a donné sa démission sitôt son contrat signé !
4) Paradoxe encore. Doté d’un beau tempérament d’acteur, Menez avoue pourtant ne pas avoir été programmé pour ce métier: jeune homme, il avait peur du lendemain et détestait l’imprévu; très timide et profondément cartésien, il était doté en plus d’une mémoire lamentable ! « J’ai fait dans ma vie tout le contraire de ce que mon tempérament m’aurait engagé à faire », résume-t-il.
5) Merveilleux cinéaste, François Truffaut fut au début de sa carrière un journaliste à la plume brillante. Il faut lire attentivement en page 132 la double lettre qu’il a adressée à Bernard Menez et à sa future épouse pour s’excuser de ne pouvoir être présent à leur mariage. Le réalisateur des « 400 coups » était aussi un grand épistolier au style vivant et fruité.
Quelques réserves
Dommage que le choix du titre et de la couverture de cet ouvrage soit aussi contestable. La qualité du livre et de son auteur méritait beaucoup mieux...
Encore un mot...
Il faut toujours se méfier un peu des comédiens. Le personnage qu’ils projettent à la scène ne coïncide pas nécessairement avec l’homme qu’ils sont à la ville.
En racontant sa carrière foisonnante de saltimbanque, avec une belle sincérité et un esprit d’analyse aigu, Bernard Menez se dévoile et se révèle un homme intéressant et très attachant.
Une phrase
« Ce livre est une façon de rendre aussi hommage à mes égarements et à mes incertitudes qui, à leur tour et par moments, ont construit une carrière que je n’ai jamais voulue ni planifiée ni programmée. Je l’ai vécue intensément, par coups de cœur et belles rencontres. »
L'auteur
Acteur de cinéma, Bernard Menez sait se mettre au service des auteurs (« Le Chaud Lapin », « La Nuit américaine », « Maine Océan ») tout en tournant de nombreux films de divertissement (« L’Avare » avec Louis de Funès, « Les Saisons du plaisir » de Mocky ou « Pas de problème » de Lautner avec Miou Miou). Au théâtre, il aime le boulevard (« Pyjama pour six », « On dinera au lit », « Croque-monsieur » aux côtés de Fanny Ardant) comme le répertoire (« Tartuffe », « Le Legs » de Marivaux).
Artiste accompli, il est aussi chanteur d’opérette et de variétés. Personne n’a oublié son fameux tube « Jolie poupée ».
Commentaires
Bernard MENEZ, en plus d'être un comédien totalement atypique, est un homme bougrement attachant. Il nous l'a encore prouvé, à l'occasion de sa prestation tous-azimuts évoquant son riche parcours artistique, dans l'amphithéâtre du Ministère des Finances ( et oui !) à Bercy.
Merci Monsieur MENEZ pour votre belle humanité.
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