Démocratie contre empires autoritaires. La liberté est un combat
Parution en mars 2023
240 pages
21 €
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Thème
Nicolas Baverez présente une vision globale de la situation du monde et décrit les grands conflits qui déchirent le globe. Pendant trois décennies les nations occidentales ont pu croire qu’il n’y avait pas de menace extérieure et que l’on était entré dans une ère de paix perpétuelle. L’attaque en février 2022 de l’Ukraine par les forces armées russes a mis fin à cette tranquillité. Outre ses conséquences militaires, la guerre a entraîné des effets dans les domaines économiques, commerciaux, financiers, monétaires, humains. Les Russes mènent contre l’Europe une guerre hybride avec pour armes le pétrole, le gaz, les attaques cybernétiques, la désinformation, le soutien aux mouvements populistes ou extrémistes
Si l’attention se fixe surtout sur l’Europe, des tensions et des risques de guerre existent dans d’autres parties du monde. La Chine entend exercer une domination sur l’Asie orientale et réduire à néant l’influence américaine dans cette région. Elle a renforcé sa puissance militaire et a transformé des îlots de la mer de Chine, qu’elle occupe illégalement, en bases navales. Elle ne cache pas son intention d’occuper Taiwan et d’unifier les espaces ayant appartenu à l’Empire du Milieu. La Russie et la Chine sont unies par des liens d’alliance et le gouvernement de Pékin s’est abstenu de blâmer l’occupation de l’Ukraine. Quelques Etats peu nombreux (Iran, Turquie, Corée du Nord) s’alignent sur la Russie et la Chine et appuient les positions de ces dernières.
La politique expansionniste et belliqueuse des États totalitaires s’est accompagnée d’un durcissement sur le plan intérieur. En Russie la démocrature qui conservait certains traits de la démocratie s’est transformée sous la férule de Vladimir Poutine en une véritable dictature. Poutine concentre entre ses mains tous les pouvoirs et entend rester à la tête de la Russie jusqu’à la fin de ses jours. Les opposants sont emprisonnés s’ils ne sont pas assassinés ou contraints à l’exil. La presse est soumise à un étroit contrôle. Les autorités régionales et locales ont vu leurs pouvoirs restreints.
La Chine sous la direction de Deng Xiaoping avait connu une certaine ouverture, surtout dans le domaine économique et des affaires, qui avait permis à l’ancien Empire du Milieu d’effectuer un décollage rapide et de devenir la seconde puissance industrielle de la planète. Un tournant a été pris avec la nomination comme secrétaire général du parti de Xi Jinping. Ce dernier a remis en honneur les principes et les règles du maoïsme ; il a restauré le culte de la personnalité et rétabli l’emprise idéologique du PCC sur l’économie, la finance, la technologie, l’enseignement, les médias et la société tout entière. Les autorités ont désigné des représentants dans les grandes entreprises, notamment celles financées par des capitaux étrangers. Les tenants du nouveau totalitarisme détestent les pays occidentaux, leurs valeurs, leur mode de vie et veulent construire un monde post-démocratique où l’on ne connaîtrait pas le mot de liberté et où règneraient la terreur et le mensonge.
Les Etats occidentaux ont réagi avec vigueur et rapidité à l’agression de la Russie. Ils ont apporté à l’Ukraine une aide militaire, économique, financière, technique substantielle. Le montant de leur aide se montait à l’automne de 2022 à 95 milliards de dollars. Ils ont décidé d’appliquer à la Russie des sanctions frappant tout particulièrement les hydrocarbures. Toutefois les Américains considèrent que l’Asie et le Pacifique restent leur principale zone d’intérêt. De leur côté, les membres de l’UE sont divisés sur la ligne à suivre. Les pays du groupe atlantique (France, Allemagne, Italie) n’ont pas renoncé à l’idée de rechercher une paix négociée avec Moscou tandis que les Etats de l’Est (Pologne, Pays Baltes) et l’Angleterre veulent affaiblir durablement la patrie de Pouchkine. Les occidentaux ont été surpris par la capacité de résistance et la valeur guerrière des Ukrainiens. Alors qu’ils s’attendaient à une guerre éclair, une Blitzkrieg, le conflit s’est inscrit dans un temps long. La résistance s’est appuyée sur quatre piliers : la mobilisation de la population et la fusion de l’armée avec la nation, la maîtrise de l’information, la qualité du commandement et de l’encadrement et bien sûr l’aide étrangère. Malgré tout la situation est instable et la guerre risque d’être longue car aucun des belligérants n’est prêt à faire des concessions. Il n’existe pas d'État ou d’institution susceptible de faire une médiation. On ne peut exclure le recours d’une partie aux armes de destruction massive.
M. Baverez exclut l’hypothèse d’un retour à un monde bipolaire du type de celui que l’on a connu pendant la Guerre froide. En effet les grands États du Tiers Monde s’abstiennent de prendre position dans le conflit de l’Ukraine et ont refusé de condamner l’attitude de la Russie.
Les démocraties sont confrontées à de sérieux défis et courent de réels dangers. Cependant il ne faut pas perdre espoir. Elles peuvent se réinventer et sortir vainqueur de la lutte contre les tyrannies. Mais pour cela elles doivent remplir certaines conditions. Elles ne devraient pas céder à la lassitude ni au découragement. Elles doivent renforcer et moderniser leur système militaire et augmenter le budget consacré à la défense. Il est important qu’elles maintiennent leur unité. L’OTAN est un élément essentiel de la défense du monde libre et elle doit être revitalisée. Mais elle doit être rééquilibrée par la mise en place d’un pôle de défense européen. Dans le domaine économique les Etats du vieux continent devraient mettre fin à une trop grande dépendance vis-à-vis des Etats autoritaires, la Russie pour le gaz, l’Arabie Saoudite pour le pétrole, la RPC pour certains produits spécifiques. Sur le plan extérieur, ils devraient maintenir des liens avec les pays du sud, le Global Sud, pour utiliser une expression à la mode, relancer la coopération, accroître les échanges de biens et de services, poursuivre un dialogue notamment contre les grands problèmes de la planète (réchauffement climatique, migrations, questions sanitaires, démographie, lutte contre les disettes et les épidémies). Enfin pour montrer sa bonne volonté et son ouverture d’esprit, M.Baverez recommande de maintenir le dialogue avec les sociétés civiles de Russie et de Chine lorsque cela est possible.
Points forts
Le livre de Nicolas Baverez est, à tous égards, remarquable. Il est très riche, il contient beaucoup de détails et entre profondément dans les questions qu’il aborde. Il est en même temps dense et concis. Il décrit tous les aspects de la confrontation entre les démocraties et les empires autoritaires et fait des rapprochements avec les événements survenus dans l’Entre-deux guerre et pendant la Guerre froide. Il fait bien sûr une large place à la guerre d’Ukraine. Il explore quelle pourrait être l’issue de ce conflit et fait des recommandations, toujours bien sensées, aux gouvernements démocratiques.
Quelques réserves
Des diplomates et des hommes politiques (M.Védrine) ont regretté que les États européens n’aient pas réservé un meilleur accueil à la Russie après l’effondrement de l’URSS. En 1991, Mitterrand avait proposé de créer une confédération européenne dans laquelle la Russie serait incluse. Mais ce projet a été rejeté. M. Baverez n’examine pas de façon approfondie la question de savoir si les occidentaux ont commis des erreurs au cours des années qui suivirent la destruction du mur. L’idée avancée dans son livre de mettre en place un système mondial composé de trois pôles, les Etats-Unis, l’Europe et les États démocratiques d’Asie peut être jugée un peu utopique. On ne doit pas oublier qu’aucune alliance ou fédération n’existe en Asie. Enfin M. Baverez revient parfois sur des thèmes qu’il a déjà traités ; il faut dire à sa décharge que le sujet de son livre est très complexe et que quelques répétitions sont justifiées
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L'auteur
Né en 1961 à Lyon, M.Nicolas Baverez est avocat et essayiste. Il est ancien élève de l’Ecole Normale et de l’ENA. Il est docteur en histoire et a exercé les fonctions de conseiller référendaire de la Cour des Comptes. Il a écrit de nombreux ouvrages, notamment une biographie de Raymond Aron. Il publie régulièrement des articles dans le Figaro.
Livres de Nicolas Baverez présentés sur Culture-Tops :
- Lettres beninoises
- Danser sur un volcan
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