Délivrez nous du bien
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Thème
S’attaquer par les temps qui courent aux dieux de la repentance n’est pas sans risque et c’est donc sans autre gilet pare-balle que leurs talents conjugués que Natacha Polony et Jean-Michel Quatrepoint mettent en joue les mouvements minoritaires qui, selon eux, menaceraient la démocratie tant en France qu’en Europe et aux Etats-Unis où ils ont vu le jour. Une relecture de l’Histoire de la société dans lesquelles nous vivons et où la démocratie revue et corrigée par les clans donnerait un seul droit : celui de se taire. Délivrez-nous du bien s’entend à réveiller le lecteur du sommeil profond dans lequel le plonge l’interminable chapelet des nouveaux interdits balisant la route du citoyen tel qu’il devrait être.
Points forts
Avec le bel allant de deux mousquetaires, voilà un pamphlet taillant d’estoc et de taille dans les idées toutes faites et le prêt-à-penser. Sous les projecteurs de Natacha Polony et Jean-Michel Quatrepoint, la nouvelle idéologie des minoritaires en prend pour son grade. On ne s’ennuie pas une seconde dans ce décapage au karcher de nouvelles religions n’ayant en commun que leur esprit dictatorial. La coupe des abus de tout poil étant plus que pleine, les deux auteurs se sont chargés de la vider d’un trait.
Quelques réserves
Comme toute démonstration, le lecteur peut de temps à autre crier grâce tant les exemples abondent, balayant l’enfance, le viol, le véganisme, la gifle, lecharity business ou la victimisation.
Encore un mot...
Dans les 190 pages de ce duo de choc, pas simple de savoir qui en réchappera : les femen déchaînées ? La LGBT ? Les lobbies de tout poil ? Le CSA ? Najat Vallaud-Belkacem ? La valse à mille temps de Délivrez- nous du bien vous le dira.
Une phrase
Ou plutôt trois:
- Le droit de ne pas être offensé s’est transformé, sous l’action des minorités agissantes, en injonction à se taire. Sont particulièrement dans le collimateur, tous ceux qui pourraient critiquer l’Islam. Tous ceux qui ne font pas repentance sur l’esclavage. Tous ceux qui n’épousent pas les délires des néo- féministes …le prisme dominant-dominé a remplacé les ouvriers par les minorités sexuelles ou raciales. L’ennemi est donc l’homme blanc, colonialiste, machiste. Et l’on pourrait ajouter hétérosexuel !
- Le mouvement Me Too n’a pas seulement éradiqué ce qui constitue le cœur de la justice, le débat contradictoire sur le récit des situations de harcèlement ou de simple drague, désormais scandaleuse, mais surtout sur le fond, sur les modalités de cet étrange déferlement. Il est rapidement apparu que si la parole s’était libérée, cela ne valait que pour la parole conforme. Celle qui allait dans le sens du vent… Visiblement, toute nuance, toute pensée dialectique sont bannies de l’espace public sur ce sujet devenu plus sensible que la nitroglycérine.
- Et une petite dernière, juste pour le fun : Déléguer la réflexion sur les rapports hommes-femmes essentiellement à des lesbiennes, c’est un peu comme confier la critique gastronomique à des anorexiques ou à des végans : cela détermine légèrement le propos.
L'auteur
- Natacha Polony est Agrégée de lettres modernes, diplômée de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris. Elle commence une carrière d’enseignante puis se tourne ensuite vers le journalisme : sept ans chez Marianne dont elle sera nommée directrice de la rédaction en 2018, deux ans au Figaro avant d’entamer une carrière sur Europe 1, Canal Plus, Paris Première, France Inter, Sud Radio. En 2017, elle fonde Polony.tv, Web tv d’information indépendante.
Couronnée par le prix de littérature Edgar Faure en 2014, puis en 2016 par le prix Richelieu, Natacha Polony est l’auteure d’une dizaine d’ouvrages dont Nos enfants gâchés : petit traité sur la fracture générationnelle (J.C.Lattès, 2005), Ce pays qu’on abat. Chroniques (2009-2014)(Plon,2014) Nous sommes la France (Plon, 2015), Changer la vie (Editions de l’Observatoire, 2017).
- Jean-Michel Quatrepoint est journaliste économique. Après onze ans passés au quotidien Le Monde, il a dirigé les rédactions de La Tribune, L’Agefi et Le Nouvel Economiste. Pendant quinze ans, il a été le patron de La Lettre A. et est l’auteur de nombreux ouvrages dont La crise globale (Fayard, 2008) La dernière bulle (Fayard, 2009) Alstom, un scandale d’état (Fayard, 2015).
Commentaires
pourquoi bon et pas excellent voire plus ?
Bonjour LAVERGNE,
C'est le ressenti du chroniqueur. Même si cet essai n'obtient pas la note maximale, la critique reste élogieuse.
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