Covid 19 & Réchauffement climatique
144 pages - 16 €
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Thème
Petit essai conçu et partiellement écrit pendant le confinement de mars et avril 2020, en réaction aux circonstances de cette période atypique. Après un bref retour sur l'expérience du cantonnement à domicile, vécu en proche banlieue parisienne (probablement en famille, semble-t-il) l'auteur confirme son engagement personnel et professionnel en faveur d'une politique publique, incitative et coercitive au besoin, afin que le «monde d'après » la pandémie ne retourne pas au statu quo ante ; il s'engage à fond en faveur de ce qu'il nomme « une inversion mentale » qui mettrait un terme définitif au « comportement invasif du prédateur humain » (sic p. 127-128) !
Points forts
Christian de Perthuis a certainement lu Boileau : « Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement » ! Sa prose est lisse, sans jargon ni contorsion inutile ; vulgarisatrices, son expression et sa pensée sont faciles à suivre par tous. Il sait aussi faire bref, qualité rare, alors que trop d'essais confondent longueur et sérieux ! C'est un homme honnête car il pose des questions que d'autres omettent : à propos de l'horloge climatique « freiner la circulation du Covid réduit massivement les rejets de CO²...mais, pour agir sur le stock, elle devrait être maintenue plusieurs décennies ! » ce qui n'a pas de sens (p. 29) ! Sur la dette publique et les retombées économiques du Covid: « l'Etat doit-il tout compenser ? » non, car ce n'est pas concevable (p. 39) ; sur l'impact de l'action politique: « la neutralité carbone n'est qu'une partie de l'action » ce qui est un truisme (p. 104) etc.
Quelques réserves
Contrepartie des points précédents, l'auteur reprend comme un refrain trop de lieux communs et sans barguigner :
A propos du Covid : « c'est le virus qui fixe le calendrier, pas nous » (p. 69) sentence du Dr. Fauci américain qui, comme ses collègues parisiens, se croit porteur d'une mission messianique !
A propos de la Chine et de sa gestion de l'épidémie: « durement frappée, la Chine réduit l'intensité de l'attaque virale » (p. 72) alors que cet immense pays, refermé sur lui-même, est passé maître dans l'art de la dissimulation !
A propos de l'agriculture, il décrit une vision édifiante du futur écologique : « bio-contrôle plutôt que épandage, rotation plutôt qu'engrais, couvert végétal plutôt que labours » (p. 106) ; c'est une méthode qui promet d'effondrer le rendement agricole à l'hectare, d'augmenter le prix des produits de la terre et d'étouffer l'agro-alimentaire français à brève échéance etc.
Encore un mot...
Porté par un engagement (que nous respectons sans le partager) l'auteur limite à ses leitmotive les solutions qu'il propose pour sortir d'une crise qui n'est pas seulement délétère (pour ceux qui subissent le virus) mais surtout assassine pour la vie de tous. Trop de politiques européens ne l'ont pas suffisamment pris en compte : les pays les plus riches, les moins endettés et les mieux organisés (l'Allemagne, la Hollande, la Suède, la Suisse etc.) résistent mieux au choc épidémique et à ses conséquences que la France, l'Espagne ou l'Italie ; quant aux Etats-unis, malgré leur puissance immense, ils sont dotés d'une bureaucratie fédérale complexe, tatillonne et coûteuse ; sans surprise, ils sont aussi le champion mondial de l'endettement public et débordés par l'épidémie, comme nous ! La priorité, pour surmonter une telle crise, serait que chacun prenne sa part à l'effort : Du sang et des larmes (aurait dit Churchill) !
Une phrase
Les deux extraits ci-dessous résument l'approche du livre :
« L'hyper-mobilité semble être consubstantielle à l'économie mondialisée...la freiner consiste à geler ces multiples déplacements » (p.26) : tout un programme !
« Les gouvernements achètent du temps...De la main droite, ils déclenchent la récession. De la main gauche, ils tentent de l'amortir en empilant des coussins pour que la chute ne soit pas trop brutale ! » (p.38) : une vérité !
L'auteur
Ancien consultant au Bipe et à Rexecode, Christian de Perthuis est un économiste-écologue. Sa carrière fut consacrée aux politiques publiques qui visent à limiter l'usage des carburants fossiles comme le charbon et les produits pétroliers. Animateur de la « Mission climat » à la Caisse des dépôt et consignations (2003-2009), il est professeur-associé à l'université Paris-Dauphine depuis 2010 (économie du climat) ; ses travaux concernent surtout la taxation du gaz carbonique qui espère réduire les rejets de CO² à l'atmosphère et limiter l'une des possibles causes du réchauffement terrestre. Il a publié en 2019 Le tic-tac de l'horloge climatique chez De Boeck.
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