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Thème
Entre fin 1999 et mars 2014, Beigbeder s’entretient avec une vingtaine d’écrivains, en promotion pour leur dernier livre, dont beaucoup d’américains.
Conversations à bâtons rompus dans des décors luxueux, souvent autour d’une très bonne table, très chère.
Tous « très importants, très influents » pour la critique (mais pas toujours pour le lecteur lambda que je suis...), ils ont, pour la plupart, un point commun : un certain contentement de soi, parfois maquillé en auto-dérision. Presque tous noceurs et nombrilistes, ils prônent la paresse, décrivent la violence, l’alcool, la drogue, le sexe, la décadence et leurs autofictions témoignent couramment d’un vide existentiel, servi (desservi ?) par une écriture minimaliste, ou « fragmentaire ».
Points forts
- Quelques jolis portraits, essentiellement d’écrivains du XXe siècle : Albert Cossery , l’un des seuls, à mon avis, qui vous donnent envie de découvrir l’œuvre; James Salter, vétéran de la guerre de Corée, célèbre pour l’élégance de son style; Gabriel Matzneff, l’anarchiste paradoxal et inclassable…
- Certains échanges fort drôles parce que distanciés et complices (Philippe Sollers, Alain Finkielkraut).
Quelques réserves
- Beigbeder réussit ce tour de force de nous servir pour la rentrée littéraire un livre « branché » déjà terriblement daté: beaucoup d’écrivains sont morts depuis l’interview, (Bernard Franck, Guillaume Dustan, Antonio Tabucchi, Albert Cossery, Françoise Sagan, James Salter), la vie sexuelle de Catherine Millet n’intéresse plus grand monde, douze ans après la sortie de son livre, et les entretiens avec Houellebecq datent d’avant Soumission…
- On a l’impression de pénétrer dans un petit milieu de compères touche-à-tout, scénaristes de films et de séries télévisées, journalistes, éventuellement écrivains, voire philosophes, qui n’hésitent pas à se soutenir en cas de besoin.
- Les portraits posthumes, (Françoise Sagan, Charles Bukowski, et surtout le grand Fitzgerald, dont se réclament beaucoup de ces petits auteurs) n’apportent pas grand-chose à la connaissance de la littérature.
- Comme le disait (déjà !) Nimier à propos des collaborateurs des Temps Modernes , nous nous trouvons devant « un nouveau conformisme faussement révolutionnaire », non pas politique comme alors, mais qui se veut « dérangeant ».
Encore un mot...
Bavardage et copinage.
Beigbeder qui a pourtant fait la preuve d’un vrai talent d’écrivain (en particulier avec Un roman Français) est retombé avec cette pochade dans ses petits travers de dandy branché. Il le reconnaît d’ailleurs dans le Madame Figaro du 17 septembre :
« Je suis le reflet d’une génération vide ».
Une phrase
p. 9 l’avertissement de Beigbeder :
« Ne lisez pas tous ces dialogues à la suite, ils deviendraient aussi indigestes qu’un dîner avec vingt plats en sauce. Je suggère de les ouvrir par intermittences, d’en picorer un ou deux à la suite, puis de reposer le livre et de sortir faire la même chose dans un bar. »
Je confirme...
L'auteur
On ne présente plus l’écrivain Frédéric Beigbeder, provocateur omniprésent du monde des médias et de l’édition. Créateur à 20 ans du Caca’s Club (Club des Analphabètes Cons mais Attachants) puis du Prix de Flore (qui, outre 6 000 €, octroie au lauréat pendant un an le droit de se faire servir, au café du même nom, un verre quotidien de Pouilly-fuissé), il revendique le statut de dandy désenchanté et son site internet s’intitule le SNOB (Site Non Officiel de Beigbeder). Dix ans de publicité l’ont amené à démonter allègrement le système et son poste d’éditeur chez Flammarion, de 2006 à 2009, lui a permis de dénicher un certain nombre de jeunes auteurs. Chroniqueur, réalisateur, critique littéraire et rédacteur en chef du magazine Lui, il est membre de nombreux jurys de prix littéraires.
Il a reçu l’Interallié pour Windows on the world et le Renaudot pour Un roman français.
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