Contre l'écologisme
253 pages
18,50 €
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Thème
Les thèmes de la protection de l'environnement, de la préservation des ressources naturelles, de l'évolution du climat… sont devenus omniprésents dans le débat public. Bruno Durieux veut attirer notre attention sur les deux versants de l'écologie. D'un côté la science, qui étudie les êtres vivants et leurs interactions, de l'autre l'écologisme - ou écologie politique - qui est l'idéologie qui a "viralisé" cette science. D'un côté les experts dans les différents domaines de l'écologie scientifique, de l'autre, les prédicateurs de catastrophes, scientifiques parfois, autoproclamés souvent. Cet essai propose la genèse de la transformation de la science écologique en un instrument de pouvoir au service des mouvements écologistes les plus engagés. Il en expose les racines, à la fois "scientifiques" -des prévisions catastrophistes des années 70 et 80 - et idéologiques - le recyclage des thèses antilibérales et anticapitalistes pour une nouvelle utopie planétaire. Il présente les fondements de ce nouveau paganisme - ses modes d'influence sur les gouvernements et l'opinion, pour conduire nos sociétés à la décroissance, physique, technologique, voire intellectuelle au nom de la préservation d'un écosystème "dont l'équilibre est menacé". Bruno Durieux ne conteste pas la nécessité de la vigilance écologique, et en propose un chemin "optimiste" en conclusion de cet ouvrage.
Points forts
Un livre qui sort des sentiers battus et plonge dans les racines des mouvements écologistes activistes. Son développement sur la nouvelle religion écologique - "religion de la société civile" - avec ses prophètes, son clergé (certaines ONG), ses évangiles, son millénarisme catastrophiste et ses dogmes, est "interpellant" !
- Beaucoup d'informations intéressantes à découvrir ou redécouvrir car elles n'ont pas l'honneur des médias.
- La mise en valeur d'une idéologie qualifiée en d'autres temps de totalitaire : néo-malthusianiste quand elle promeut la limitation des naissances, anti démocratique quand elle défend qu'il faudra obliger les peuples à respecter les consignes "écologistes" pour préserver la planète.
- Un livre qui ose dire que le monde va mieux, que les ressources naturelles seront d'autant moins finies que sera préservée la liberté de l'homme d'inventer de nouveaux procédés pour les exploiter et produire intelligemment de l'énergie.
- Un essai enfin qui accepte que l'on ne soit pas d'accord avec ses thèses mais qui invite à regarder les faits avec objectivité, et sans arrière-pensées politiques. Il montre que la réalité est bien plus complexe que les discours, que politiques et industriels manquent souvent de courage pour opposer cette complexité à une pensée dominante simplificatrice.
Quelques réserves
- Comme tout ouvrage qui va, précisément, à l'encontre de la pensée dominante, ce livre pourra être largement contesté. On peut ne pas adhérer à ses démonstrations mais elles sont largement documentés, articles, ouvrages et rapports internationaux à l'appui.
- Une malheureuse coquille page 204 quand le terme de nanotechnologies est utilisé à la place de nanoparticules. Errare humanum est !
Encore un mot...
Incontestablement, il y aurait beaucoup à dire sur cet essai qui bouscule opportunément un discours écologiste érigé en dogme. Pour Bruno Durieux, la question écologique doit être traitée avec raison et non avec passion, au regard des chiffres et des faits et non au regard des peurs ou des fantasmes. L'avènement d'une société idéale où l'homme devrait renoncer à son identité pour se fondre dans une nature prétendument immuable est une utopie fondée sur des idéologies "recyclées" et une "pastorale de la peur" orchestrée dans les pays occidentaux.
A contre courant du bruit médiatique, il défend qu'une "révolution écologique sans décroissance" demeure possible et serait même la seule qui soit socialement, économiquement et technologiquement durable.
Comme tout ouvrage qui ne masque pas (mais argumente) ses convictions, sera-t-il assez lu pour aider à faire comprendre qu'en matière d'écologie, comme dans beaucoup d'autres domaines, "qui n'entend qu'une cloche, n'entend qu'un son" ?
Une phrase
"Les démocrates libéraux savent que, hélas, l'économie de marché, et son double, le capitalisme marchand, sont pour la planète les pires organisations, à l'exception de toutes les autres". P 59
"L'écologisme voit le monde, et notamment les ressources naturelles, comme une somme fixe d'unités physiques. C'est pourquoi il imagine partout des limites. A ses yeux, la démographie humaine et la croissance économique, prisonnières de ces limites, impuissantes à les repousser, sont condamnées à buter sur d'insurmontables et fatales pénuries. L'effondrement est alors inévitable […] L'écologisme est un hyper-malthusianisme". P 227
"Certes le capitalisme marchand n'est pas un projet de société, ni une fin en soi ; il n'est porteur ni de sagesse ni d'idéal. Mais il est ce moyen social qui a montré, en dépit des crises nombreuses et souvent graves, son utilité à long terme pour améliorer la condition matérielle des hommes ; un moyen qui repose sur les libertés, celles de penser, de créer, d'entreprendre, d'échanger ; il dépérit s'il en est privé. L'idéologie écologiste le déteste et l'étouffe." P 228
"Au fond, il est littéralement impossible à l'écologisme de reconnaître que le monde va de mieux en mieux. Car alors, son socle, qui est le catastrophisme, s'effondrerait et l'entraînerait dans sa chute. Aussi longtemps que l'écologisme ne sera pas vu pour ce qu'il est - une régression - il séduira des opinions publiques crédules, craintives, fascinées par les Cassandre, sous l'influence de la pastorale de la peur. Si dans les pays riches, les gouvernants, les intellectuels, les artistes, les médias continuent de flatter l'écologisme, ces pays s'affaisseront sur eux même […] leur réveil sera douloureux quand d'autres pays, qui auront parié sur la technologie et la croissance pour l'environnement, auront édifié leur puissance …". P 250
L'auteur
Bruno Durieux, avant d'être homme politique et ministre (Santé, Commerce extérieur) dans les années 1990, est un scientifique et un économiste. Ancien élève de l'école Polytechnique, il commence sa carrière à l'Insee. Il sera "prévisionniste", conseiller de Raymond Barre, ministre "d'ouverture" sous les présidences de François Mitterrand, Inspecteur des Finances, ancien Député du Nord, il est aussi maire de Grignan et sculpteur sur fer ! Contre l'écologisme est son troisième ouvrage "politique" après une première publication, en 1994, Sculptures.
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