Confessions d'un hétérosexuel légèrement dépassé
Parution le 5 avril 2023
176 pages
19,90 $
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Thème
L’enfant terrible des nuits parisiennes et du microcosme littéraire est atteint par la gravité de la condition humaine. Il couche - sur le papier - ses réflexions sur la situation du mâle blanc de plus de cinquante ans après “me-too“, tire les leçons de ses errements passés et propose des thérapeutiques pour regagner le contrôle de sa vie et même une méthode innovante pour contrôler le désir masculin.
Points forts
Avec Beigbeder, rien n’est jamais complètement tragique. Il a une façon de présenter les événements qui ont marqué, voire perturbé, sa vie, avec un humour décapant qui en relativise l’importance, même lorsque sa maison est taguée parce qu’il a signé une pétition ou lorsqu’il relate son “stage“ au sein d’un régiment d’infanterie de marine.
C’est avec lucidité et bon sens qu’il s’oppose au phénomène “woke“, mais sans animosité, malgré quelques dommages collatéraux sur la façade de sa maison. Le mâle blanc considère, à juste titre, qu’il n’a pas à porter tous les péchés d’Israël, sans pour autant passer pour un soutien inconditionnel de tous les violeurs.
Son chapitre sur les méfaits de la cocaïne dont il avoue avoir été un fervent consommateur mériterait d’être lu dans les écoles, tant il résulte d’une expérience vécue et exhibée sans pudeur. Fallait-il une immersion dans une communauté monastique pour expier ces débordements précédents? Elle démontre en tous cas que, pour lui, des règles et un cadre de vie strict sont capitaux pour retrouver un équilibre de vie.
Les femmes sont enfin la préoccupation cardinale de notre auteur ; il proclame sans pudeur son amour et son désir pour elles, désir si illimité et incontrôlable qu’il lui faut trouver des garde-corps. C’est ainsi qu’il en vient à proposer le mariage comme solution “innovante“ à ce désir frénétique.
Mariage, règles, cadres de vie, retraites, discipline personnelle… Le lecteur trouvera là un florilège de recommandations qu’il pourrait à loisir qualifier de réactionnaires: du chaos à l’ordre pour retrouver l’harmonie !
Quelques réserves
Indépendamment du caractère illusoire des quelques idées proposées, on pourrait considérer que certains propos ou comportements de l’auteur affaiblissent la qualité de son argumentation. Certes, il dénonce les dangers de la cocaïne, mais il y renonce aussi parce qu’elle s’est largement démocratisée et a perdu ce caractère élitiste qui en faisait le prix.
La cohérence du personnage et sa rédemption autoproclamée sont aussi sujettes à caution: il ne renonce pas à ses beuveries, semble-t-il, puisqu’après sa description attachante de sa retraite monastique, il entame, ivre mort, son passage au 21ème régiment d’infanterie de marine, au sortir d’une nuit agitée au festival de Cannes.
Encore un mot...
Un retour talentueux sur une vie de patachon; une réflexion, empreinte d’une certaine gravité, sur les voies et moyens d’en sortir: s’agit-il d’un exercice littéraire ou d’une introspection partagée?
Une phrase
« La vie déstructurée est infiniment plus violente que la vie structurée. » Page 62.
L'auteur
Écrivain, critique littéraire, scénariste, réalisateur de films, Frédéric Beigbeder est une personnalité bien connue des nuits parisiennes. Il a publié des romans à succès, comme L’amour dure trois ans, 99 F, Un roman français…
Plus récemment, il semble avoir renoncé à la capitale pour s’établir dans le pays basque, afin de retrouver une certaine paix avec lui-même.
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