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Thème
Autrichien par son père, Philippe le Beau, héritier des Pays-Bas et de la Franche-Comté, Espagnol par sa mère, Jeanne la folle, héritière des Rois Catholiques, Charles de Habsbourg (1500-1568) est le fruit de quatre dynasties quand il est élu à 20 ans Empereur du Saint Empire Romain germanique sous le nom de Charles Quint. S’il règne sur un énorme empire sur lequel « le soleil ne se couche jamais », sa vie n’est qu’une longue suite de combats. L’empereur doit défendre ses royaumes contre tous les souverains de son temps : François 1er et Henri VIII, évincés de l’élection au Saint Empire, le harcèlent en Italie, en Bourgogne, en Artois… Soliman le Magnifique assiège Vienne tous les ans, les provinces espagnoles et flamandes se révoltent périodiquement, les états allemands, déchirés par la Réforme , contestent son autorité … Et Charles Quint, toujours à cours d’argent malgré l’or du Pérou, réclame des subventions à ses parlements et des emprunts à ses banquiers, lève des troupes, affrète des galères, négocie des traités jamais respectés, court, se bat, tente inlassablement de maintenir son pouvoir temporel tout en accomplissant sa mission spirituelle face à Luther et aux papes plus préoccupés de leurs intérêts familiaux que des atteintes aux dogmes. A 56 ans, épuisé, malade, il se résout à démissionner pour s’installer dans un ermitage en Espagne (avec tout de même une centaine de serviteurs), où il meurt deux ans après.
Points forts
- La volonté affirmée de l’auteur de présenter Charles-Quint comme le premier Européen décidé à fédérer l’Italie et les Etats Allemands et à maintenir « Le Turc » en deçà des frontières.
- La description d’une époque folle, celle de la Renaissance emplie de bruit et de fureur, alors qu’on en garde plutôt l’image assez lisse d’un renouveau artistique.
- Outre ceux des principaux antagonistes, les portraits fouillés, aussi nombreux que variés, des contemporains moins connus de l’empereur, tel l’amiral condottiere Andrea d’Oria (peut-être un peu édulcoré ?), Ferdinand d’Autriche et bien d’autres.
- L’émergence de figures féminines de première grandeur comme Louise de Savoie ou les tantes et les sœurs de Charles Quint, dont le sens politique et le courage sont rarement évoqués par les historiens.
- Un éclairage précis du luthérianisme et de la contre-réforme catholique à travers les controverses longuement disséquées de la ligue d’Augsbourg et du concile de Trente.
Quelques réserves
Les portraits des sept papes qui se sont succédé au cours du règne ne sont guère flatteurs. A part le désastreux Clément VII dont l’avarice et les tergiversations ont permis le sac de Rome en 1527, le terrible Paul IV qui institutionnalisa la Sainte Inquisition et, bien sûr, Marcel II (qui n’a régné que 22 jours) on a du mal à croire que tous ces pontifes n’aient eu en tête que leurs possessions personnelles, la promotion de leurs familles et leur confort intime, à l’exclusion du bien de l’Eglise que, seul, Charles Quint se charge d’assumer. Même si les papes de la Renaissance n’ont rien à voir avec nos papes actuels, le parti-pris de l’auteur n’est pas exclu.
- Le nombre des descriptions de combats : Lyndsay ne nous fait grâce d’aucunes pièces d’artillerie, d’aucuns lansquenets, hommes à pied, arbalétriers, cavaliers, chevau-légers, de leur coût (en ducats, en écus), de leur nationalité, du nom de ceux qui les commandent, de leur position stratégique, de leur progression. Même pour ceux qui ont fait l’école de guerre cela doit être lassant...
Encore un mot...
Cette biographie foisonnante est passionnante car elle permet de découvrir une époque somme toute méconnue : les liens multiples entre les familles et la triste condition des petites princesses manipulées comme des pions au gré des changements d’alliance, les ravages des guerres d’Italie, la réalité de l’esclavage barbaresque au cours de razzias perpétrées des deux côtés de la Méditerranée, les excès religieux suscités par les fanatiques des deux bords… Finalement, il ne devait pas faire bon vivre sous la Renaissance…
Une phrase
p. 117 : Henri VIII est informé en pleine partie de jeu de paume que Charles Quint est élu à la tête du Saint Empire Romain Germanique, le 28 juin 1519. « Apprenant qu’il s’est endetté pour huit cent cinquante mille ducats, il se félicite de ne pas avoir eu à gaspiller tant d’argent pour si peu de pouvoir. Et, en criant un « tenez » (terme qui donnera naissance en anglais à tennis), il décoche un grand service »
L'auteur
A ne pas confondre avec la Sud-Africaine auteur de romans à l’eau de rose, Lyndsay Armstrong, d’origine écossaise mais Français d’adoption, est journaliste, spécialiste de l’Europe et de son histoire. Devenu porte-parole de la Communauté Européenne à Paris, il signe sa première biographie avec Charles Quint.
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