Aliénor d’Aquitaine. Il y eut un soir, et il y eut un matin

Une petite balade historique romancée. Un récit sans surprise dans le fond ou dans la forme de la vie de la célébrissime Aliénor d'Aquitaine
De
Marie-Noëlle Demay
Les Presses de la Cité
Parution le 19 avril 2022
218 pages
20 €
Notre recommandation
2/5

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Thème

Aliénor d’Aquitaine, successivement reine de France et d’Angleterre et propriétaire de son duché si convoité, entreprend au soir de sa vie une ultime démarche, diplomatique et familiale, celle de marier Louis de France qui règnera sous le nom de Louis VIII, fils de Philippe-Auguste et héritier du trône. Elle jette son dévolu sur les deux filles du roi de Castille, Alphonse VIII, et d’Aliénor d’Angleterre,  sa propre fille née de son deuxième mariage avec Henri Plantagenêt, roi d’Angleterre. 

Ainsi part-elle à la rencontre de ses deux petites-filles sans préjuger de son choix qu’elle réserve à sa seule intuition.

C’est finalement Blanche, la cadette qui retiendra son regard, moins jolie que son aînée mais fine et incisive, jugée plus apte par sa grand-mère au métier de reine, elle-même si avertie des affaires de cœur et des affaires d’Etat… Blanche de Castille, reine, veuve et régente, mère de Louis IX, l’un des plus grands capétiens qui n’en descend pas moins des Plantagenêt par les femmes.

Points forts

  • Une petite balade romancée dans l’histoire, celle du voyage d’Aliénor pour quérir la candidate idéale, celle de sa vie si riche et tourmentée sous la forme du récit qu’elle en fait à sa petite-fille.
  • L’évocation sensible et digne de la mort de son fils, Richard Cœur de Lion, le fils préféré.
  • L’idée de « l’initiation » de la petite-fille par la grand-mère, initiation à l’amour, au mariage et au pouvoir.

Quelques réserves

L’approche très binaire de l’histoire sous la forme du double récit, celui du voyage en Castille et du choix de la future reine de France qui pourrait suffire à l’ouvrage, celui plus banal de la vie de la grande Aliénor racontée à sa petite-fille pour son instruction et accessoirement celle du lecteur, avec une impression de déjà lu ou de déjà vu, sans révélation notoire, sans imagination ni fantaisie particulières, sans grand relief en somme.

Le récit, inspiré de cette filiation entre la grand-mère et la petite-fille et de la transmission qui s’y attache méritait mieux en termes de « titre »  qu’une banale métaphore du temps, entre le soleil qui se couche et celui qui se lève, entre la reine qui meurt et la reine qui naît… un titre qui fleure son parfum de « roman de gare ».

Encore un mot...

La vie d’Aliénor d’Aquitaine reste évidemment un sujet de choix pour l’historien. Héritière d’un Duché aussi important que le Royaume de France, Reine de France, puis d’Angleterre, mère et grand-mère de ceux qui vont régner sur l’Europe au point d’avoir donné des enfants aux deux couronnes qu’elle a épousées, ainsi notamment Richard Cœur de Lion pour l’Angleterre et Louis IX pour la France, elle incarne la beauté et la féminité, mais aussi bien la ruse et l’intelligence, la volonté et le sens de l’Etat jusqu’à la femme amante et adultère, voire incestueuse…

Si son intervention décisive dans ce mariage qui unira Louis VIII à Blanche de Castille est moins connue, son histoire a nourri d’innombrables ouvrages et nous est livrée ici de manière un peu banale, d’une conversation sur l’autre entre la grand-mère et la petite-fille. Le récit du voyage à Palencia n’est donc que le prétexte au récit trop connu de la vie d’Aliénor récitée dans des termes attendus, sans surprise dans le fond ou dans la forme.

Une phrase

( Évocation de la mort de Richard Cœur de Lion)

“ Ton cercueil fut ensuite placé dans le cœur, face à l’hôtel, aux côtés de celui de ton père, selon tes vœux. C’est lors de cette messe, alors que je priais devant ta dépouille et que les moniales faisaient entendre la transparente mélodie de leurs chants en latin, que je résolus d’ériger en ces lieux des gisants qui fixeraient pour l’éternité vos visages et feraient de ma chère abbaye la toute puissante et irréfutable nécropole de la dynastie Plantagenêt.” (page 36)

L'auteur

Marie-Noelle Demay est journaliste. Elle a œuvré avec succès dans la Mode, au Figaro, chez Marie-Claire ou Gala et connu ainsi le « Tout-Paris » qui va lui suggérer son premier roman Le Crocodile devenu le sac à main de Karl Lagerfeld (Flammarion, 2018). Ce récit romancé de la vie d’Aliénor d’Aquitaine est donc son deuxième ouvrage.

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