40 ans d’égarements économiques. Quelques idées pour en sortir
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Thème
Par quelques chiffres puisés aux meilleures sources, Jacques de Larosière analyse l'enchaînement des facteurs qui ont alimenté la spirale du déclin français : la désindustrialisation accélérée, l’alourdissement des dépenses publiques, la montée de la pression fiscale, un centralisme bureaucratique dupliquant un « millefeuille territorial », mais aussi, l’instauration des 35 heures et le maintien de la retraite à 62 ans. Il souligne que les politiques successives de redistribution n’ont pas comblé la fracture sociale ni dissipé le « mal être des français » - perceptible dans les grèves et le mouvement des gilets jaunes.
Jacques de Larosière redoute surtout la perpétuation, après la pandémie, du « quoiqu’il en coûte » et de « l’illusion monétaire ». Il rappelle que notre économie était déjà fragilisée avant la crise et qu’une remontée de l’inflation et des taux d’intérêt exigerait la prise de mesures fiscales et sociales difficilement supportables. Il alerte sur les multiples dangers de l’annulation des dettes publiques détenues par la BCE. Nostalgique des « trente glorieuses », il en appelle au bon sens des gouvernants et des partenaires sociaux pour revenir à l’orthodoxie budgétaire et à la restauration de la rentabilité des entreprises.
Points forts
Ce livre est une magistrale leçon administrée aux gouvernants français des quatre dernières décennies. Son message est d’autant plus dérangeant qu’il n’émane pas d’un leader politique ou d’un économiste hétérodoxe, mais d’un financier mondialement reconnu. Avec un grand sens pédagogique, il montre que la France « décroche » dans pratiquement tous les domaines : la baisse de la croissance économique, la chute de la productivité industrielle, la destruction d’emplois productifs, le recul de l’enseignement, la fuite des cerveaux, le déséquilibre du commerce extérieur, la baisse du pouvoir d’achat des ménages, le creusement des déficits budgétaires, l’envolée des endettements public et privé…
Quelques réserves
La perception du déclin français est amplifiée par des références systématiques à l’Allemagne, le « meilleur élève » de l’Union européenne.
Encore un mot...
Son message est d’autant plus troublant qu’il a conscience de son caractère désespéré, en raison du tropisme électoraliste de la classe politique et de l’attachement des Français à un modèle social malheureusement inadapté au « monde d’après ».
Une phrase
"Bref, il faut avoir envie de faire briller la France et ne pas se contenter de l'accompagner dans sa descente aux dernières places des classements internationaux en alignant, comme nous l'avons trop souvent fait, les erreurs de politique économique les unes après les autres. Il faut aussi préserver et renforcer le contrat social qui donne confiance aux plus démunis et ne pas laisser les jeunes au bord du chemin, comme ce fut trop souvent le cas au cours des quarante dernières années".
L'auteur
Jacques de Larosière a d’abord dirigé le Fonds monétaire international (1978-1987), avant de devenir gouverneur de la Banque de France (1987-1993), puis président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, la BERD, (1993-1998). Il est membre de l’Institut à l’Académie des sciences morales et politiques.
Intervenant dans les plus grands journaux internationaux sur les questions financières et économiques, il est l’auteur de plusieurs ouvrages attirant l’attention sur les dangers que court notre pays, notamment aux éditions Odile Jacob :
50 ans de crises financières (2016) ; Les lames de fond se rapprochent (2017) ; les 10 préjugés qui nous mènent au désastre économique et financier (2018).
Il fait partie des contributeurs de l’ouvrage La dette, potion magique ou poison mortel ? sur lequel on peut lire une chronique de Jean-Pierre Tirouflet.
Le clin d'œil d'un libraire
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Texte et interview réalisés par Rodolphe de Saint-Hilaire pour la rédaction de Culture-Tops.
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