Wahou !

Une comédie sur deux « conseillers » immobiliers prêts à tout pour décrocher la vente. Un film choral à sketches, drolatique, burlesque, à l’humour décalé. Nous, on dit : « Wahou ! ».

Bruno Podalydès

Avec

Karin Viard, Bruno Podalydès, Sabine Azéma, Eddy Mitchell…

Notre recommandation

4/5

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Thème

Catherine (Karin Viard) et Oracio (Bruno Podalydès) sont conseillers immobiliers. Elle, doit vendre un petit appartement moderne situé dans le « triangle d’or » de Bougival ; lui, une maison bourgeoise atypique du XIX° siècle, spacieuse, « piscinable », entourée d’un grand jardin arboré mais proche du… R.E.R. Leur objectif commun? Provoquer un coup de cœur chez leurs potentiels acheteurs, le genre d’emballement spontané qui leur fera dire « wahou ! » et passer sur tous les défauts du bien qu’ils convoitent. Chacune des visites de ces deux lieux va donner lieu à un sketch irrésistible, l’occasion de se rendre compte que l’achat d’un bien immobilier entraîne insensiblement leurs candidats à se dévoiler, pour le meilleur et pour le rire, et leurs vendeurs, à se transformer en psy…

Points forts

On l’a maintes fois constaté : les meilleures comédies sont celles qui s’ancrent dans une réalité. On peut le vérifier une fois encore avec ce désopilant Wahou ! qui avait été inspiré à Bruno Podalydès il y a plusieurs années. Voulant vendre sa maison, le cinéaste l’avait fait visiter à des acheteurs potentiels de toutes sortes. Entre ceux qui lui avaient immédiatement raconté le pourquoi du comment de leur vie (sans qu’il ne demande rien), ceux qui ne lui avaient pour ainsi dire pas adressé la parole et ceux dont il avait compris qu’ils avaient juste voulu s’offrir une balade dépaysante, il y avait un monde, et donc une possibilité de scénario. Un scénario comme le cinéaste les aime : réaliste mais décalé, vachard, mais pas méchant, drôle mais aussi désabusé.
Chaque visite d’acheteurs donnant lieu à une petite histoire particulière, Bruno Podalydès a bâti sa comédie selon le principe, très efficace ici, du film à sketches. Pas d’embrouille possible: chaque personnage a son petit moment de gloire. On est comme au théâtre. Les acteurs entrent en scène, jouent leur partition et sortent. Il faut se retenir pour ne pas les applaudir. D’autant qu’ils sont tous excellents. Aucun ne cabotine, ils sont parfaits. Wahou ! est un vrai film de potes contents de se retrouver. Leur bonheur d’être là, se transmet au spectateur.

Quelques réserves

Bruno Podalydès avoue que, poussé par le temps, il a dû écrire très vite, « en naviguant à vue, sans « souci d’une arche dramatique ». Si cette vitesse d’exécution du scénario se traduit, ici et là, par quelques baisses de régime dans les dialogues, cela ne se ressent jamais dans le jeu des acteurs : de la première à la dernière séquence, tous sont portés par une énergie et une vitalité sans faille.

Encore un mot...

Bien sûr - et comme la désinvolture de son titre semble l’indiquer sans mentir - Wahou ! n’est pas la comédie la plus fignolée du réalisateur notamment d’Adieu Berthe, de Comme un avion ou encore des Deux Alfred. Mais pourquoi bouderait -on son plaisir ? Non seulement ce Wahou ! ne manque d’aucun des ingrédients qui font le charme habituel des films de son auteur (burlesque, humour décalé, malice, tendresse, etc..), mais en plus il est porté par sa fidèle bande d’acteurs, qui ne sont pas des moindres ( Karine Viard, Sabine Azéma, Isabelle Candelier, Denis Podalydès), avec, en plus l’arrivée d’un petit « nouveau » qui ne compte pas pour rien non plus dans le monde des « vedettes » hexagonales : on a nommé Eddy Mitchell. Wahou ! : on y va? On y court, oui !

Une phrase

« C’est très révélateur, la visite d’une maison, du côté des acheteurs comme de celui des vendeurs. On entre dans l’intimité des gens. Cela peut être insupportable : parfois c’est triste, d’autres fois ça peut être bouleversant…Une conseillère me disait que les gens se confiaient à elle d’une façon incroyable, au point de lui livrer des secrets de famille jamais révélés jusque là…Acheter une maison ou un appartement ou en vendre un est souvent un chamboulement où le rationnel a rarement sa place ». ( Bruno Podalydès, cinéaste)

L'auteur

Né le 11 mars 1961 à Boulogne-Billancourt d’un père pharmacien et d’une mère professeur d’anglais, Bruno Podalydès, frère de l’acteur Denis Podalydès est un scénariste, réalisateur et acteur français. Après un petit détour par le film d’entreprises, notamment Air France, il se lance dans le cinéma, en réalisant d’abord des courts et moyens métrages, dont, en 1992, le très remarqué Versailles Rive-Gauche qui remporte un César.

En 1994, tout en tenant parallèlement une chronique dans les Cahiers du cinéma, le cinéaste s’essaie au long métrage avec Dieu seul me voit (Versailles-Chantiers), qui lui vaut de recevoir le César de la meilleure première œuvre en 1999. En 2001, c’est Liberté-Oléron. Suivront le Mystère de la chambre jaune et le Parfum de la Dame en noir, deux adaptations de l’œuvre de Gaston Leroux; puis, en 2009, Bancs Publics (Versailles-Rive droite), et en 2011, co-écrit avec son frère Denis, Adieu Berthe - l’enterrement de Mémé, qui sera accueilli à Cannes, à la Quinzaine des Réalisateurs, par une ovation debout. Suivront en 2015, Comme un avion, en 2019 Bécassine ! et en 2021, Les deux Alfred, qui sera sélectionné successivement à Cannes, Angoulême et Deauville.

Wahou ! est le dixième long métrage de ce réalisateur singulier qui aime tourner « en bande », et qui, de temps à autre, s’amuse à faire l’acteur dans les films de ses confrères-amis, dont Roschdy Zem, Claire Denis et Valérie Lemercier.

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