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Et aussi
- Marie-Line et son juge de Jean-Pierre Améris- avec Louane Emera, Michel Blanc, Victor Belmondo…
Elle a beau tirer le diable par la queue et avoir à sa charge un vieux père dépressif et bougon (Philippe Rebot), ça n’empêche pas Marie-Line (Louane Emera) de paraître gaie comme un pinson. D’ailleurs avec les clients du bar où elle est serveuse, son entrain, son bagout, ses jupes « destroy » et ses cheveux teints en rose font merveille. Mais un jour son enjouement et, disons-le aussi, sa maladresse innée, poussent à bout un juge d’instruction grincheux et taciturne (Michel Blanc). Les (bons) clients ayant toujours raison, Marie-Line est renvoyée sur le champ. Par une subtile péripétie scénaristique, la jeune chômeuse va se retrouver engagée comme chauffeuse personnelle de l’homme à qui elle doit son licenciement : alcoolique ayant perdu son permis de conduire, il ne peut plus prendre le volant …Ce tandem d’une jeune femme de 20 ans et d’un atrabilaire de 50, que tout, l’éducation comme le caractère, l’âge et le milieu social, semble opposer, va pourtant finir par se trouver, à travers ses blessures respectives, sa vision de l’amour et sa tendresse pour l’humanité…
Pour son nouveau film, Jean Pierre Améris propose une adaptation du roman Le sens des rivières de Murielle Magellan. Ce choix va comme un gant au cinéaste des Emotifs anonymes qui en tire un film à son image, tendre et généreux, émouvant même, sans être exempt, ici et là, de drôlerie malicieuse. Et puis, qui ne compte pas pour du beurre dans la belle réussite de son film, ce duo d’acteurs que forment Louane Emera et Michel Blanc et qui fonctionne excellemment.
Recommandation : 4 cœurs
Dominique Poncet
- La Fiancée du poète de Yolande Moreau - Avec Yolande Moreau, Sergi Lopez, Grégory Gadebois…
Après des années d’absence, Mireille (Yolande Moreau) revient dans la maison de son enfance sur les bords de la Meuse . Malgré son travail de serveuse à la cafétéria des Beaux-Arts de Charleville Mézières, et aussi le supplément financier que lui apporte un petit trafic de cigarettes, cette femme irrésistible et joyeuse, autant amoureuse de la peinture que de la poésie, a du mal à joindre les deux bouts : pour elle seule, la maison familiale est trop lourde à porter. La voilà donc contrainte de prendre trois locataires. Trois hommes, farfelus et doux rêveurs comme elle, qui vont bousculer sa routine et l’accompagner dans le choc de la réapparition de son amour de jeunesse, disparu de sa vie depuis si longtemps..
Dix ans après le touchant Henri, Yolande Moreau revient à la réalisation. Pour un film comme un conte, d’une douceur, d’une mélancolie et d’une poésie folles. Un film foutraque et généreux, qui se vit comme une parenthèse enchantée puisqu’il réussit, le temps de sa durée, à nous soustraire de la brutalité et de la noirceur du monde. 1h43 de pur bonheur, auquel ne sont pas étrangers les interprètes, tous éblouissants : Yolande Moreau en personne, Esteban, William Sheller, Sergi Lopez et Grégory Gadebois. Délicieux, et justement récompensé au Festival d’Angoulême.
Recommandation : 4 cœurs
Dominique Poncet
- Lost country de Vladimir Perisic- Avec Jasna Djuricic, Jovan Ginic, Miodrag Jovanovic…
Belgrade, 1996, pendant les élections législatives, dans le feu des manifestations étudiantes contre le régime de Milosevič, le récit d’apprentissage de Stefan, un adolescent de 15 ans, qui se retrouve pris en étau entre ses convictions politiques progressistes et l’amour (presque) inconditionnel qu’il porte à sa mère, Marklena - contraction de Marx et Lénine - , une des porte-paroles du régime criminel en place. Le jeune homme va-t-il réussir à faire son choix ?..
Pour son deuxième long métrage, le cinéaste Serbe Vladimir Perisic ( Ordinary People) plonge dans ses souvenirs de jeunesse. Aidé au scénario par la réalisatrice française Alice Winocour (Revoir Paris), il propose le portrait d’un jeune homme déchiré entre son amour filial et ses nouveaux amis politiques. Est-ce son histoire qu’il raconte ? Peu importe. Ce qui compte, c’est la tension de son film, la beauté des ses images et la prestation impressionnante de justesse de son acteur principal (non-professionnel), le jeune Jovan Ginic. On comprend pourquoi Lost country s’était retrouvé à la Semaine de la Critique au dernier festival de Cannes.
Recommandation: 3 cœurs
Dominique Poncet
- Love It Was Not de Maya Sarfaty. -
Sur les 999 premières femmes envoyées dans le camp d’Auschwitz, seules 22 ont survécu. Helena Citron appartient à ce petit groupe. Sa survie, elle la doit à l’officier SS autrichien Franz Wunsch qui s’est entiché d’elle et a tout fait pour la privilégier. Notamment en sauvant sa sœur Roza de l’extermination. À la fin de la guerre, Helena a émigré en Israël. Quant à Franz Wunsch, il a vécu dans l’insouciance pendant près d’une trentaine d’années. Tous deux ne se sont jamais recroisés jusqu’au procès de l’officier nazi à Vienne, en 1972. Procès pendant lequel Helena Citron sera appelée en guise de témoin…
Incroyable mais vrai. C’est précisément ce que le spectateur se dit après avoir découvert Love It Was Not, documentaire d’une incroyable complexité que réalise Maya Sarfaty, qui avait déjà évoqué le destin de Helena Citron dans son court-métrage The Most Beautiful Woman in the World. Dans ce nouveau film, la cinéaste déploie de vraies trouvailles cinématographiques comme lors de ces passages de reconstitutions à l’intérieur du camp d’Auschwitz à base de collages. Édifiant mais également romanesque, ce documentaire a tout d’une fiction. Et pourtant, tout est absolument réel. Une claque.
Recommandation : 5 cœurs
Antoine Le Fur
- Vicenta B de Carlos Lechuga. Avec Linnett Hernandez Valdés, Aimée Despaigne, Mireya Chapman…
Vicenta (Linnett Hernandez Valdés) est une femme qui a le don de prédire l’avenir, en lisant les cartes et en communiquant avec les morts. Ce don, cette Cubaine va néanmoins le perdre subitement le jour où son fils quitte le foyer pour faire ses études à l’étranger. Bouleversée par cet événement soudain, Vicenta tente de trouver des réponses à ses questions dans un pays en pleine mutation…
Carlos Lechuga (Melaza, Santa y Andrés…) est un cinéaste fascinant. Dans Vicenta B, son nouveau long-métrage, il ausculte de nouveau la société cubaine avec un regard d’une grande rigueur. Naturaliste, le film montre les tourments d’un pays dans lequel ne se reconnaît plus la jeunesse. Surtout, il révèle une très grande comédienne en la personne de Linnett Hernandez Valdés. Après des petits rôles en Amérique Latine et en France (L’Homme de Chevet, Chocolat…), cette actrice à la cinégénie évidente démontre un talent évident au service d’un personnage particulièrement bien écrit. Une belle découverte.
Recommandation : 5 cœurs
Antoine Le Fur
- Le Ravissement d’Iris Kaltenbäck. Avec Hafsia Herzi, Alexis Manenti, Nina Meurisse…
Lydia (Hafsia Herzi) est une sage-femme consciencieuse et passionnée par son métier. Suite à une rupture amoureuse, elle fait la rencontre de Milos (Alexis Manenti), un chauffeur de bus avec lequel elle imagine un possible avenir. Dans le même temps, sa meilleure amie Salomé (Nina Meurisse) lui annonce qu’elle est enceinte. Ces deux événements distincts vont entraîner dans un terrible engrenage à base de mensonges et de non-dits…
Présenté lors de la dernière édition de la Semaine de la Critique au Festival de Cannes, Le Ravissement révèle une cinéaste dont le talent ne fait aucun doute. Avec ce premier long-métrage, Iris Kaltenbäck réalise un drame aux allures de thriller dont la tension monte crescendo jusqu’à un dénouement absolument stupéfiant que le spectateur sera prié de garder secret. En jeune femme à la dérive, Hafsia Herzi trouve ici l’un de ses plus beaux rôles. Un premier long-métrage qui laisse augurer de belles choses pour la suite de la carrière d’Iris Kaltenbäck.
Recommandation : 4 cœurs
Antoine Le Fur
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