
La Convocation
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Thème
Comédienne célibataire, Elisabeth (Renate Reinsve) élève seule Armand, son fils de 6 ans. Un jour, elle est convoquée de toute urgence à son école. A la suite d’une dispute, le petit garçon aurait agressé sexuellement Jon, un de ses camarades du même âge. Les parents de ce dernier, psychorigides et pétris de certitudes, attendent une sanction sévère envers son supposé agresseur. Mais Elisabeth ne va pas l’entendre de cette oreille. Elle ne va vouloir s’en remettre ni aux apparences, ni aux « on-dits ». Lors de la séance de médiation organisée par l’école, le ton va vite monter entre elle et la mère de Jon. Qui travestit la vérité ? Qui la dit ? Comment un enfant de six ans pourrait-il avoir un comportement inapproprié envers un de ses camarades? Les arguments jaillissent, les affirmations des uns et des autres sonnent plus ou moins vrai, le doute s’installe, un huis-clos anxiogène se met en place, qui ne va plus nous lâcher, puisque jusqu’au bout, son issue paraîtra incertaine.
Points forts
L’intelligence du scénario qui, par le truchement de parents et d’enseignants interroge les comportements des enfants. Qu’est-ce qui est concevable chez des bambins n’ayant pas encore atteint l’âge de raison et qu’est-ce qui ne l’est pas? Dans quelle mesure les parents et aussi ici les enseignants, sont-ils responsables de ces soi-disants comportements ? Comment les adultes finissent-ils par arriver plus ou moins consciemment à faire porter par les enfants, leurs propres fantasmes, rejets et autres blessures? Le débat, très complexe, est passionnant, qui ne tombe jamais dans le moralisme.
La réalisation. Elle est brillante, inventive, virtuose et surtout, avec ses gros plans sur les visages des intervenants, elle installe dès le départ un climat oppressant. Le travail sur le son est également remarquable.
La performance des comédiens. D’Ellen Dorrit Petersen, qui joue la mère introvertie et rancunière de Jon, à Endre Hellestveit qui interprète son époux, ces acteurs livrent, tous, un travail remarquable. A commencer Renate Reinsve ( Prix d’interprétation féminine à Cannes 2021 pour Julie (en 12 chapitres), qui sidère dans son rôle d’Elisabeth.
Quelques réserves
On peut s’interroger sur ce qu’apporte à ce huis-clos étouffant le fait d’avoir intercalé dans son déroulé, des intermèdes (notamment dansés) n’ayant (apparemment) aucun lien avec le scénario.
Encore un mot...
Comment ne pas recommander ce film ambitieux, déchirant, inspiré et réussi à tous points de vue ? La Convocation (Armand, dans son titre original) s’adresse non seulement aux parents qui cherchent à décrypter le comportement parfois déroutant de leurs enfants, mais également aux amateurs de (bons) thrillers et aux cinéphiles aussi sensibles aux scénarios solides qu’aux réalisations d’une inventivité formelle impeccable. On attend avec impatience le prochain film d’Halfdan Ullmann Tøndel. Ce devrait être une comédie noire avec, encore une fois en vedette, l’immense Renate Reinsve.
Une phrase
« Je me suis beaucoup inspiré de la manière dont Luis Buñuel a conçu ses films satiriques. Toutes les interruptions qui se produisent dans La Convocation (l’alarme incendie, les saignements de nez, etc.) sont des références directes au dîner qui est constamment interrompu dans Le Charme discret de la bourgeoisie. Je me suis aussi inspiré de la manière dont le mur invisible dans L’Ange exterminateur devient une réalité incontestable. Pour la dernière séquence chorégraphiée, je me suis inspiré de Pina Bausch et de son travail ».(Halfdan Ullmann Tøndel, réalisateur- dossier de presse).
L'auteur
Fils de la romancière et journaliste Linn Ullmann et d’un homme d'affaires norvégien, petit fils de Liv Ullmann et d’Ingmar Bergman, Halfdan Ullmann Tøndel, né en 1990 à Oslo, a commencé par étudier la mise en scène à l’Ecole des arts de Westerdals. Après avoir bifurqué vers l’économie, puis la psychologie, il décide de prendre un cours de journalisme. Ce dernier comporte une initiation au cinéma. Et l’atavisme l’emporte sur le jeune Halfdan… En 2015, il réalise son premier court métrage Bird Hearts avec lequel il remporte, en 2016, le prix du Golden Chair au Festival de Grimstad, en étant aussi nommé cette années là, pour un prix Amanda et sélectionné dans la liste des meilleurs courts métrages européens de Cineuropa. En 2017, le jeune cinéaste réalise un autre court métrage, Fanny, qui figurera également sur la même liste des meilleurs courts métrages européens.
En 2024, il sort La Convocation dont la première mondiale a lieu à Cannes, à un Certain Regard. Il décrochera la Caméra d’or. A ce jour, son film a été vendu dans le monde entier.
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