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Piégé de David Yarovesky - Avec Bill Skarsgärd , Anthony Hopkins…
Un p’tit voleur à la tire, plus fainéant que méchant (Bill Skarsgärd), s’introduit dans une voiture de luxe, garée sur un parking. Moins pour la « piquer » que pour lui faire les « poches ». Il va s’y retrouver piégé. Le véhicule a été trafiquée par son propriétaire pour se transformer en salle de tortures hermétiquement close pour ceux qui y pénètrent. De l’envoi de froid glacial ou au contraire, de chaleur insupportable, en passant par le lancement de violentes décharges électriques et la diffusion de musique à fond les ballons…toutes sortes de supplices ont été mis au point par le propriétaire de la SUV, un médecin diabolique qui en connait un rayon en matière de sévices (Anthony Hopkins)…
Pour qui aime les huis-clos, les thrillers psychologiques, les grands acteurs, les fables morales (ici sur l’insupportable arrogance et mépris des riches à l’égard des paumés), Piégé est un film idéal. Car il s’en passe de belles dans cette voiture piégée, coinçant un Bill Skarsgärd aussi beau que talentueux (forcément filmé en gros plans, il ne peut pas tricher !) et manipulée à distance par un Anthony Hopkins, en voix off les 3/4 du film (mais quelle voix !). 1 heure 35 de pure adrénaline, franchement, ça ne se refuse pas !
Recommandation : 4 coeurs
Dominique Poncet
Bergers de Sophie Deraspe - Avec Félix-Antoine Duval, Solène Rigot, Bruno Raffaelli…
Un beau jour, Mathyas (Félix-Antoine Duval) décide de quitter sa vie de publicitaire à Montréal pour devenir berger en Provence. Peu de temps après avoir pris cette décision, il fait connaissance d’Élise (Solène Rigot), une jeune femme qui, comme lui, a souhaité changer de vie. C’est alors que le couple se voit confier une tâche des plus ambitieuses : encadrer une transhumance de 800 moutons à travers les montagnes.
En plusieurs longs-métrages (Rechercher Victor Pellerin, Les Loups, Antigone…), Sophie Deraspe est devenue l’une des meilleures ambassadrices du cinéma québécois. Dans son nouveau film, Bergers, la cinéaste canadienne quitte la Belle Province pour poser sa caméra en Provence. Un changement qui s’avère réussi. Proposant une réflexion profonde sur la condition du métier de bergers et ses nombreuses contraintes, le long-métrage s’avère assez incroyable sur le plan stylistique avec de nombreux plans et séquences à la beauté singulière. Saisissant.
Recommandation : 4 coeurs
Antoine Le Fur
Voyage avec mon père de Julia von Heinz - Avec Lena Dunham, Stephen Fry, Iwona Bielska…
Un père d’origine polonaise (Stephen Fry) et Ruth, sa fille journaliste (Lena Dunham), tous deux très différents, quittent New-York pour aller en pèlerinage sur les traces de leur famille dans leur pays d’origine. Ruth n’aura de cesse de construire un programme et de s’y tenir, Son père, au contraire, prendra un malin plaisir à le contester…
Devant ce récit signé Julia von Heinz, il est impossible de ne pas penser à A real pain, le film de Jesse Eisenberg récemment sorti en France, qui raconte le voyage au pays de la Shoah de deux cousins, radicalement différents eux aussi. Et pourtant, à part le pays où ils se passent, les deux films n’ont rien en commun. Si A real pain s’articule, souvent avec drôlerie, autour des incompatibilités de deux adultes que tout oppose, Voyage avec mon père traite pour sa part de la difficulté de communication entre un père et sa fille. Avec une émotion teintée, tour à tour, de rires et de larmes. Intense et subtil.
Recommandation : 3 coeurs
Dominique Poncet
Mikado de Baya Kasmi - Avec Félix Moati, Vimala Pons, Ramzy Bedia…
Mikado (Félix Moati) et sa compagne Laetitia (Vimala Pons) vivent avec leurs enfants sur les routes. Sans attaches, ils mènent une vie de nomade. Jusqu’au jour où leur véhicule tombe en panne et les amènent à s’installer le temps de quelques semaines chez Vincent (Ramzy Bédia), un homme qui vient de perdre sa femme. Cette rencontre va totalement bouleverser la vie de la famille.
Il y a un charme évident dans le cinéma de Baya Kasmi. Après deux comédies (Je suis à vous tout de suite et Youssef Salem a du succès), la cinéaste signe, avec Mikado, son film le plus émouvant. Commençant avec une certaine légèreté, le long métrage glisse progressivement vers davantage de profondeur, dévoilant au passage la belle complexité de ses personnages, interprétés par des comédiens à leur meilleur, à l’image d’un Félix Moati tout à fait bouleversant. Mikado ou l’une des jolies découvertes du cinéma français.
Recommandation : 4 coeurs
Antoine Le Fur
Le village aux portes du paradis de Mo Harawe - Ahmad Ali Farah, Anab Ahmed Ibrahim, Ahmed Mohamud…
Dans un village perdu de la Somalie, ironiquement appelé Paradis, le père veuf d’un petit garçon têtu et débrouillard qu’il élève tant bien que mal, tente de survivre en faisant des petits boulots. Il partage sa maison avec sa sœur qui a quitté le domicile conjugal et dont le rêve est d’ouvrir un commerce. Ce sont ces trois êtres-là, à la fois liés et indépendants, qu’on va voir évoluer, à leur rythme, vers ce qu’on devine vite, un meilleur ou un pire. A travers eux, c’est le difficile quotidien d’un pays tout entier miné par la guerre et la pauvreté qui se dessine…
Beauté des cadres, qualité du scénario et des dialogues (réduits à l’essentiel), naturel des comédiens… Il est difficile de ne pas être happé par ce film poétique, pudique, contemplatif et sensoriel, signé Mo Harawe. Un réalisateur qui, avant de partir s’installer en Autriche en 2009, a grandi et vécu longtemps en Somalie.
Recommandation : 3 coeurs
Dominique Poncet
Le clan des bêtes de Christopher Andrews - Avec Barry Keoghan, Christopher Abbott, Colm Meaney…
L’action se passe dans les sublimes et impressionnants paysages de l’Irlande de l’Ouest, pauvre et rurale. Quadra taiseux et solitaire, vivant chichement dans une ferme avec son père handicapé, Mickey (Christopher Abbott, sensationnel) élève tant bien que mal un troupeau de brebis et de béliers. Un jour, on lui en vole deux…En voulant aller les récupérer, il déclenche l’ire de son voisin, un éleveur d’ovins lui aussi, qui a épousé son ancienne fiancée et lui a fait un enfant devenu un adulte mal embouché (Barry Keoghan, époustouflant). Le ton monte. Comme par hasard, les moutons de Mickey sont atrocement mutilés. S’enclenche un thriller rugueux, violent, sans concession, d’une masculinité toxique et dont aucun des participants, coupable ou non, ne sortira indemne…
Vous aimez les drames virils aussi violents que poignants ? Les films à la fois sombres et amples, portés par une photo magnifique et un suspense étouffant ? Alors ce Clan des bêtes, premier long métrage du britannique Christopher Andrews est pour vous.
Recommandation: 3 coeurs
Dominique Poncet
La Jeune Femme à l’Aiguille de Magnus von Horn - Avec Vic Carmen Sonne, Trine Dyrholm, Besir Zeciri…
Copenhague, 1919. Karoline (Victoria Carmen Sonne) travaille comme ouvrière dans une usine. Sa vie bascule le jour où elle tombe enceinte. C’est alors qu’elle fait la rencontre de Dagmar (Trine Dyrholm), une femme énigmatique qui dirige une agence d’adoption clandestine. Karoline accepte un poste de nourrice à ses côtés.
Présenté en compétition à la dernière édition du Festival de Cannes, La Jeune Femme à l’Aiguille sort enfin en salles. Une sortie tardive qui s’explique certainement par la radicalité du nouveau film de Magnus von Horn ( Sweat, Le Lendemain…). Assez éprouvant, frôlant par moments la complaisance, ce long métrage affiche néanmoins de remarquables intentions cinématographiques. Une œuvre dérangeante mais qu’il est difficile d’oublier.
Recommandation : 3 coeurs
Antoine Le Fur
Sebastian de Mikko Mäkelä - Avec Ruaridh Mollica, Hiftu Quasem…
Tout en travaillant comme pigiste pour un magazine littéraire londonien, Max, jeune écrivain gay de 25 ans (Ruaridh Mollica) rêve de publier son premier roman. A court d’inspiration, il décide d’y raconter sa vie d’escort qu’il exerce, sous le pseudonyme de Sebastian, certes, pour subsister, mais aussi par curiosité et parfois par plaisir. Un livre écrit à la première personne suscite chez ses lecteurs la question de savoir s’il est autobiographique et si oui, dans quelle mesure. Ce qui entraîne souvent une seconde interrogation sur la légitimité à se faire appeler « écrivain », surtout s’il s’agit comme ici de son premier roman. Il arrive aussi par ailleurs, que des problèmes arrivent quand certaines personnes non averties se retrouvent dans le livre…
Réaliser un film queer autour de la question de la création, en l’occurrence littéraire… Le pari était risqué, car au cinéma, sexualité et choses de l’esprit ne sont pas toujours conciliables . Mikko Mäkela s’en sort parce qu’il a dopé son scénario en lui donnant des airs de thriller : Max, malgré les désappointements de son double « Sebastian », va-t-il réussir à publier son livre? La question va rester en suspens pendant tout (ou presque tout) son film, où l’on suit parallèlement, et sans fard, les aventures (un peu redondantes) d’un escort joué ici par un acteur aussi séduisant qu’audacieux, Ruaridh Mollica.
Recommandation : 2 coeurs
Dominique Poncet
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