A voir également au cinéma cette semaine

• Quiet life d’Alexandros Avranas - Avec Chulpan Khamatova, Grigory Dobrygin, Naomi Lamp…

2018, en Suède. Dans l’espoir d’une vie meilleure, une famille russe, composée d’un père, d’une mère et de deux petites filles, s’est installée à Stockholm. Son quotidien est difficile. Il s’aggrave lorsque cette famille, à la conduite pourtant exemplaire, se voit refuser sa demande d’asile, sans explication. Pour comble de malheur, leur plus jeune fille s’effondre soudainement et tombe dans un coma inexpliqué. Un long combat s’engage pour que les parents récupèrent leur fille embarquée dans un drôle d’hôpital…

Avez-vous déjà entendu parler du syndrome de résignation, un état de désespoir qui touche, pour la seule Suède, des centaines d’enfants réfugiés et les met dans un coma profond ? C’est  ce syndrome-là qu’évoque ce récit inspiré d’une histoire vraie et signé du grec Alexandros Avranas (Miss Violence, Love me not). Comme il est en plus filmé dans des décors aseptisés, qui lui donnent des allures de science fiction, ce récit  crée un malaise.  Un film qui fait froid dans le dos en même temps qu’il fascine…Le dernier  Festival de Venise a longuement ovationné ce Quiet life au titre si trompeur….    

Recommandation : 3 coeurs

Dominique Poncet

• Queendom d’Agniia Galdanova - Avec Gena Marvin 

 Gena Marvin est un artiste queer à l’originalité remarquable. Originaire de Russie, il se met en scène dans des performances radicales qui ne laissent personne indifférent. Mais dans un pays où la démocratie est plus que jamais en danger et où les libertés ne cessent de se restreindre, ses prises de position dérangent et finissent même par la conduire à l’exil…

Queendom est un film aussi radical que la personnalité de Gena Marvin, artiste fascinant que la caméra de la réalisatrice Agniia Galdanova filme avec un magnétisme évident. Sans concession, ce documentaire sur la puissance de l’art et de la création offre un portrait au vitriol de la Russie contemporaine. Malgré l’abstraction de certains passages pouvant laisser songeur, ce long-métrage d’une étrange singularité se révèle aussi captivant que nécessaire.

Recommandation : 3 cœurs

Antoine Le Fur

• Eephus, le dernier tour de piste de Carson Lund - Avec Keith William Richard, Frederick  Wiseman, Cliff Blake, Ray Hryb…

Dans un petit bled de Nouvelle-Angleterre des années 1990.Deux équipes de baseball amateur se retrouvent pour un dernier match, le terrain sur lequel elles s’affrontent depuis des années devant bientôt accueillir une école. L’heure est à la gravité, à l’amitié, et aussi au jeu sans concession. Les joueurs ont tous leur âge, ils sont tous cabossés par la vie, mais ils vont se bagarrer avec ce qui leur reste de souffle, d’honneur et d’énergie : qui aurait envie de perdre un match ultime ? Ce dernier va se prolonger, et se prolonger encore et le spectateur avoir l’impression d’assister à une parade ritualisée et pourtant pleine de surprises…

Vous ne connaissez rien au baseball ? Ça n’a aucune importance… Il est difficile de ne pas être saisi par ce film qui ne ressemble à aucun autre et qui raconte avec panache et tristesse, ce qu’il faut bien appeler la fin d’une histoire collective. Il n’est pas étonnant qu’Eephus, le dernier tour de piste, premier long métrage de Carson Lund (le chef opérateur  du collectif Omnes Films) se soit retrouvé au dernier festival de Cannes à la Quinzaine des cinéastes. Il est léger, mélancolique et surprenant.

Recommandation : 4 coeurs

Dominique Poncet

• Bird d’Andrea Arnold - Avec Barry Keoghan, Franz Rogowski, Nykia Adams…

 Bailey (Nykia Adams) est une jeune fille de douze ans, qui vit avec son frère Hunter (Jason Buda) et son père Bug (Barry Keoghan) dans un squat au nord du Kent. Confrontée à un quotidien des plus précaires, l’adolescente cherche désespérément de l’attention et un peu d’aventure. C’est alors qu’elle fait la rencontre de Bird (Franz Rogowski), un homme étrange qui va littéralement changer sa vie...

En une poignée de films, Andrea Arnold (Fish Tank, American Honey, Cow…) s’est imposée comme l’une des cinéastes contemporaines les plus respectées. Son dernier long-métrage, Bird, ne manquera pas de séduire les adeptes de son œuvre. Ici, le naturalisme typique du cinéma britannique côtoie une certaine forme de poésie avec cette histoire d’émancipation d’une jeune fille livrée à elle-même. Malgré un scénario parfois un peu bancal et un glissement hasardeux vers le registre fantastique, Bird demeure une assez belle proposition cinématographique qui révèle une actrice des plus prometteuses en la personne de Nykia Adams.

Recommandation : 3 cœurs

Antoine Le Fur

• Maja, une épopée finlandaise  de Tiina Lymi - Avec Amanda Jansson, Linus Troedsson, Desmond Eastwood…

Au XIX° siècle, la jeune et blonde Maja (Amanda Jansson) épouse, contrainte et forcée, Janne, un modeste pêcheur. Après une nuit de noces catastrophique, ils s’installent sur l’île inhospitalière de Stormskerry, un endroit où la vie est un défi permanent. Petit à petit, les deux époux apprennent à se découvrir et finissent par se vouer un amour infini et réciproque, d’où naîtront quatre enfants. Grâce à une ardoise que lui offre Janne, Maja  apprend à lire et à écrire et s’émancipe. Mais la guerre survient…

Adaptée des best-sellers écrits par Anni Blomqvist dans les années 60, la réalisatrice, Maja, une épopée finlandaise, signée Tinna Lymi  est une oeuvre curieuse qui tout en étant réalisée dans le jus du XIX° siècle, brosse  le portrait d’une femme féministe  avant l’heure. Bien que n’étant pas exempte d’imperfections (elle  manque, par exemple, de point de vue), elle dégage un charme tel que malgré ses 2h44, elle se laisse regarder non seulement sans ennui, mais avec intérêt. Romantisme, quand tu nous tiens !

Recommandation : 3 coeurs

Dominique Poncet