5 Septembre
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Thème
1972. Les vingtièmes Jeux olympiques se déroulent à Münich, dans une Allemagne fière d’être « dénazifiée ». Mais au 10ème jour de la compétition, l’horreur survient au village olympique. Onze athlètes israéliens sont pris en otage par des terroristes palestiniens appartenant à Septembre noir. La chaîne américaine ABC Sports, qui se trouve à 100 mètres seulement des lieux du drame, se voit contrainte d’interrompre la diffusion des compétitions pour couvrir l’évènement. Pour la première fois de l’Histoire, le monde en état de choc va suivre un drame en direct à la télévision. Dans les bureaux de la chaîne TV, on s’interroge : couper, ne pas couper ? Si pas couper, montrer quoi ? Dire quoi ? Taire quoi ? Comment informer les 900 millions de personnes rivées à leur poste, en essayant de heurter le moins possible leur sensibilité ? Voulant épater son patron, Roone Arledge (Peter Sarsgaard),
Points forts
Le dispositif. Le réalisateur Tim Fehlbaum a choisi de donner une vision resserrée de l’évènement. Le spectateur ne verra de ce dernier que ce que les journalistes chargés de le couvrir en avaient vu et entendu. Ce parti-pris du huis-clos renforce la tension du film, accentue son côté « documentaire ».
Les dialogues. Ils débordent des strictes questions « techniques » du direct pour aborder celles, jamais encore posées, du bien-fondé ou non, de la « spectacularisation » des infos télévisuelles. Des questions qui continuent d’agiter le monde des chaînes d’info en continu.
La narration minutieuse des faits. Pour coller au plus près de la réalité, Tim Fehlbaum et son équipe ont demandé sa collaboration à Geoffroy Mason, le vrai journaliste qui couvrit l’évènement et réussit à tenir l’antenne pratiquement 22 heures, sans dormir, brusquement confronté à des problèmes qu’en tant que reporter sportif il ne connaissait pas.
Quelques réserves
Si on accepte le point de vue de Tim Fehlbaum, celui de ne montrer le drame qu’à travers ce que les caméras de télévision purent en capter, aucun bémol. Au contraire.
Encore un mot...
Vingt ans après le Münich de l’Américain Steven Spielberg, le suisse Tim Fehlbaum revient sur l’attentat sanglant commis à l’encontre de l’équipe sportive israélienne le 5 septembre 1972 aux J0 de Munich. Mais sous un angle totalement différent : celui de la couverture qu’en fit, en direct, le service des sports de la chaîne américaine ABC. A la télé, comme thriller journalistique, on n’avait encore jamais « fait » mieux ! Ce drame rassembla à travers le monde plus de téléspectateurs que l’émission qui avait été consacrée aux premiers pas sur la lune trois ans auparavant.
La grande réussite de ce 5 septembre est de nous faire revivre l’évènement dans une tension folle, alors qu’on en connait le dénouement. La « faute » à une réalisation extrêmement maîtrisée, qui alterne documents d’archives et reconstitutions et à un scénario et des dialogues qui soulèvent ces questions, inédites encore à l’époque et qui concernent - presque tous les jours encore aujourd’hui - la déontologie de l’information en continu. Haletant et précis.
Une phrase
« L’attentat des Jeux Olympiques de Münich du 5 septembre 1972 a été un événement tragique aux implications politiques profondes. La retransmission en direct de cette journée marqua un tournant médiatique, en apportant une nouvelle dimension à la manière dont de tels incidents sont perçus et compris par le public.
Lorsque l’attaque commence, une équipe de journalistes sportifs américains se retrouve soudainement chargée d’assurer une couverture en direct pendant 22 heures, passant de la couverture d’évènements sportifs à celle d’une crise géopolitique. Ce qui m’intéressait , c’était la situation sans précédent à laquelle les médias étaient confrontés. C’est la première fois qu’un événement de cette nature était couvert en direct. » (Tim Fehlbaum, cinéaste- Dossier de presse).
L'auteur
Après plusieurs courts-métrages, Tim Fehlbaum, né à Bâle en 1982, a fait ses débuts dans le long-métrage en 2004 avec Nicht meine Hochzeit mais c’est à à 29 ans qu’il se fait remarquer par la presse internationale avec Hell, un film d’horreur post-apocalyptique. Très sombre, ce film, qui met en vedette notamment Hannah Herzsprung et Angela Winkler remporte plusieurs Prix, ce qui vaut à son réalisateur d’être classé par Variety, parmi les 10 jeunes réalisateurs européens à suivre.
En 2021, le thriller de science-fiction La Colonie (Tides) du cinéaste suisse est présenté en avant-première au Festival de Berlin, dans la section Berlinale Special où il remporte également plusieurs prix.
5 septembre vient d’être nommé aux Oscars 2025 dans la catégorie meilleur scénario original.
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