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Leni Riefenstahl, la lumière et les ombres d’Andres Veiel - Documentaire.
Leni Riefenstahl. Un nom associé à l’une des pages les plus sombres de l’Histoire. Mais qui était vraiment cette femme, tour à tour monteuse, actrice et réalisatrice ? Une victime ? Une coupable ? Une manipulatrice ? C’est la question qui se pose au regard de ses archives personnelles, dévoilées pour la première fois…
Attention, choc.I l convient de prévenir les spectateurs avant la projection de Leni Riefenstahl, la lumière et les ombres, passionnant documentaire signé Andres Veiel (Beuys, Der Kick…). La figure de la réalisatrice tant controversée des Dieux du stade est le sujet d’étude du réalisateur dans ce long-métrage qui offre une réflexion passionnante sur la notion de culpabilité. Grâce aux archives personnelles de la cinéaste dévoilées pour la première fois, Andres Veiel propose le portrait d’une femme qui, plus de vingt ans après sa mort, reste encore une énigme. Un film glaçant qui ne s’oublie pas. Magistral.
Recommandation : 4 cœurs
Antoine Le Fur
Rabia de Mareike Engelhardt - Avec Megan Northam, Lubna Azabal, Natacha Krief…
Espérant une vie nouvelle où elle deviendrait enfin libre et « visible », Jessica, une française de 19 ans (Megan Northam) part avec une copine rejoindre Daech en Syrie. Elle a appris à parler arabe et à croire en Allah. Arrivée à Raqqa, elle intègre une madafa, une maison de futures épouses de combattants , et se retrouve prisonnière de « Madame », une sorte de Madame Claude charismatique mais manipulatrice et impitoyable (Lubna Azabal). L’embrigadement commence avec ce qui l’accompagne : la discipline, la perte d’autonomie, et si doute ou rébellion, les coups et la privation de nourriture…
Qu’y a-t-il derrière l’islamisme radical ? Après s’être beaucoup documentée sur cette question après les attentats de 2015, Mareike Engelhardt a choisi de lui consacrer son premier long métrage. A travers le portrait d’une française tiré du témoignage d’ une jeune femme rentrée de Syrie après des mois d’enfer, la primo cinéaste parvient à décortiquer, en exactement une heure et trente quatre minutes, les mécanismes du mal et de l’embrigadement . Dans le rôle de la jeune “ radicalisée", Megan Northman est exceptionnelle. Lubna Azabal est elle aussi sidérante dans celui de la marieuse, inspirée de la belgo-marocaine Malika El Aroud, qu’ on avait surnommé la « veuve noire » et qui dirigea, jusqu’en 2015 une des plus importantes madafas de Syrie. Un grand film choc !
Recommandation : 4 cœurs
Dominique Poncet
Les reines du drame d’Alexis Langlois - Avec Louiza Aura, Gio Ventura, Bilal Hassani…
2055. Steevyshady (Bilal Hassani) est un vieux youtubeur dont le succès s’est atténué au fil des années. Mais il a toujours des choses à raconter. Notamment le destin de son idole, la diva pop Mimi Madamour (Louiza Aura), de son incroyable ascension au début des années 2000 à sa descente aux enfers, à la suite de sa relation tumultueuse avec l’icône punk Billie Kohler (Gio Ventura). Deux femmes, deux artistes qui n’auront de cesse de se séparer et de se retrouver pendant de nombreuses années sous le feu des projecteurs…
Autant le dire d’emblée, Les Reines du drame n’est pas un film « grand public ». Le long-métrage, présenté lors de la dernière édition de la Semaine de la Critique au Festival de Cannes, s’adresse à une catégorie restreinte de téléspectateurs. Les allergiques à la pop, aux romances LGBT sous acide et au quarantième degré risquent de se retrouver fort dépourvus devant cette proposition cinématographique à nulle autre semblable. En revanche, pour ceux qui adhèrent à l’univers glamour et trash proposé ici par Alexis Langlois, alors ce film a tout d’une réussite. Flamboyantes, grandiloquentes, décadentes et romanesques, ces Reines du drame ne font pas dans la demi-mesure. Une belle audace qui mérite d’être applaudie !
Recommandation : 3 cœurs
Antoine Le Fur
Les Boules de Noël d’Alexandra Leclère - Avec Valérie Bonneton, Kad Merad, Noémie Lvovsky, Laurent Stocker…
Chez Nathalie (Valérie Bonneton) et Antonin (Kad Merad), chaque réveillon de Noël tourne au cauchemar. Convaincue qu’elle est victime d’une malédiction, Nathalie fait un choix radical : cette année, il n’y aura ni sapin, ni cadeau, ni non plus de repas de fête. C’est sans compter sur Antonin et ses enfants qui vont aller contre cette décision et inviter Nicole (Noémie Lvovsky), la sœur de Nathalie qu’elle n’a pas vue depuis des années. Mauvaise pioche : à cause des frustrations et des rivalités accumulées par les deux sœurs, ce réveillon va devenir le plus explosif de tous, le plus cruel aussi…
On le sait depuis Les Soeurs fâchées, son premier film, Alexandra Leclère adore écrire des comédies grinçantes, hilarantes et cruelles sur la famille. Pour ce dernier film, son septième, dont le sujet (Noël) lui avait été soufflé par ses producteurs, elle s’est surpassée. Elle a écrit une sorte de « comédie familiale catastrophe » ( un genre qu’elle semble avoir inventé ! ) au cours de laquelle, tout va crescendo : la tension ne cesse de s’intensifier, et les gags et les calamités s’accumulent. Avec un culot monstre et un sens inné du « jusqu’où aller trop loin » sans tomber dans la vulgarité, Alexandra Leclère n’a eu peur de rien, ni des blagues potaches, ni des empoignades. Les engueulades et les coups bas pleuvent, mais comme dans tous les films de la cinéaste, même les plus noirs et les plus azimutés, la tendresse n’est jamais loin. Pour ces Boules de Noël, elle a fait appel à une équipe d’acteurs formidables, en tête desquels un trio de choc : Valérie Bonneton, Noémie Lvovsky et Kad Merad. Aussi rigolo que déjanté.
Recommandation: 3 cœurs
Dominique Poncet
Animale d’ Emma Benestan - Avec Oulaya Amamra, Damien Rebattel, Vivien Rodriguez…
Nejma (Oulaya Amamra) est une jeune femme qui évolue dans un monde d’hommes. En effet, elle rêve de remporter la prochaine course camarguaise, à savoir un concours dans lequel les participants défient les taureaux dans l’arène. Mais très vite, des disparitions se multiplient et créent la psychose parmi les habitants de la région. Pire encore, la rumeur d’une bête sauvage qui rôde se propage…
Après le solaire Fragile, Emma Benestan revient avec un deuxième long-métrage nettement plus sombre. Animale est une plongée fascinante dans l’univers de la course camarguaise. Un monde fait de traditions, de codes et presque essentiellement masculin. Le personnage principal du film tente de s’y faire une place mais elle comprend rapidement que ce ne sera pas aussi simple. Plus qu’un long-métrage féministe, Animale est surtout un film de genre réussi dans lequel la réalisatrice sait ménager le suspense jusqu’à un final absolument stupéfiant. Avec, en prime, une Oulaya Amamra incroyable en jeune femme confrontée à la violence des hommes. Une belle découverte !
Recommandation : 4 cœurs
Antoine Le Fur
Holy Family d’Elvis A - Liang- Documentaire.
Après plus de 20 ans d’absence, A-Liang revient dans sa famille qui vit dans une zone rurale reculée de Taïwan. Il va filmer ces retrouvailles au jour le jour et confronter les diverses superstitions et addictions qui l’aident à supporter sa pauvreté, notamment la croyance obstinée de ses parents dans les pouvoirs de médium de leur fils aîné, et l’addiction non moins tenace de son père pour les jeux d’argent qui, contrairement à ses espérances, ruine peu à peu les siens…
Pour son deuxième long métrage, Elvis A-Liang ( The Shepherds, un film remarqué sur la première église taïwanaise qui accueillit les LGBT) offre un portrait de sa famille à la fois partagée et liée par les croyances qui habitent chacun de ses membres. Plus le film avance, plus sa caméra se fait introspective et empathique. Malgré un début assez froid et ennuyeux, intéressant et émouvant.
Recommandation : 2 coeurs
Dominique Poncet
La Bella Estate - Avec Deva Cassel, Yile Yara Vianello, Nicolas Maupas…
Turin, 1938. La jeune Ginia (Yile Yara Vianello) a quitté sa campagne pour trouver du travail en ville. Employée dans un atelier de couture, elle ne tarde pas à faire connaissance avec plusieurs peintres. Au sein de ce milieu avant-gardiste, elle tombe sous le charme d’Amelia (Deva Cassel), une jeune femme posant comme modèle pour des artistes…
Adapté du roman de Cesare Pavese, La Bella Estate de Laura Luchetti (Febbre da fieno, Fiore Gemello…) est un joli film sur le désir, où la caméra suggère plus qu’elle ne montre. Un parti-pris intéressant même si le long-métrage manque parfois de chair et aurait gagné à être davantage incarné. D’autant que les deux comédiennes principales, Deva Cassel et Yile Yara Vianello, se révèlent assez justes en jeunes femmes troublées par leurs sentiments.
Recommandation : 3 cœurs
Antoine Le Fur
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